Nous étions tous réunis dans le salon, attendant Axel et Lucie qui ne devraient plus tarder.

- Bon, on s’en tient au plan, dès qu’Axel arrive, Seb, tu lui explique les derniers détails discrètement. Les filles, quand viendra votre tour vous partirez dans la chambre, Mathéo, tu iras dans la pièce qu’on a préparée pour t’occuper de toute la partie technique, Seb et moi, t’y rejoindrons pour t’aider. Et Axel, restera dans les WC, comme prévu. C’est bon ?

Ils répondirent tous positivement, tandis que je levais mon pouce pour lui montrer mon accord. On se sépara et Axel pénétra dans la maison avec sa sœur. On les salua tous puis on repartit vaquer à nos occupations.

Assise dans le canapé rouge sang, j’observais les autres « invités », en attendant mon frère qui était parti expliquer à Axel, le plan. Lucie s’approcha de moi, je commençai à paniquer. Elle me fit un grand sourire, et pour la première fois depuis des années, je ne vis pas son faux sourire hypocrite et arrogant, mais un sourire sincère et empreint de gentillesse.

- Je peux m’asseoir ? demanda-t-elle doucement.

Je hochais la tête, tout de même un peu méfiante. Elle comprit que je ne lui faisais absolument pas confiance et perdit durant une seconde son sourire.

- Je suis désolée pour tout ce que je t’ai fait. Je ne me rendais même pas compte que tu en souffrais énormément. Je sais que tout est de ma faute, qu’on aurait pu rester amies, mais que j’ai stupidement brisée notre complicité, pour rien. Je sais que ce que j’ai fait est impardonnable, mais je t’en prie essaie quand même.

Tout mon être me soufflait de la repousser et de ne pas lui pardonner, mais au fond de mon cœur, j’avais conservé tout l’amitié que j’avais avec elle et les années de complicité qui nous liaient. Je la regardais intensément tentant de la cerner. Je finis par céder et lui sourit en retour en secouant ma tête de haut en bas. Elle m’offrit un sourire timide, ses yeux brillaient d’excitation, elle se rapprocha et me serra dans ses bras. Je la serrai en retour, elle m’avait manqué, tellement manqué, mais tellement fait souffrir également. Elle me lâcha tout sourire, elle avait l’air tellement plus heureuse qu’avec ses pseudos amies. Je m’en voudrais de gâcher son bonheur bien qu’elle ait détruit le mien.

- Tu sais Maëlle, je regrette tout ce que j’ai fait, tu as toujours été là pour moi, et moi, j’ai fini par être la pire des meilleures amies qui soit.

Eh oui, Lucie a été ma meilleure amie pendant des années, avant de tout gâcher en entrant au lycée. Malgré ce qu’elle m’a fait je n’ai jamais pu me résigner à l’oublier. Je regrettais ce qu’on allait faire dans peu de temps. Elle avait beau nous avoir fait tout le mal possible, j’étais convaincue qu’elle ne méritait pas ce qu’on s’apprêtait à lui faire vivre. J’aperçus Pauline et Emilie sortir du salon avec Alexia qui avait un peu trop bu. Seb et Mathéo étaient déjà montés à l’étage. Nathanaël et Axel parlaient dans la cuisine. Nous étions donc seules dans le salon. J’écrivis sur une feuille que j’allais aux toilettes et la montrai à Lucie. Elle hocha la tête, toujours un grand sourire illuminant son visage joyeux. Je quittai la pièce et ayant oublié de demander à Nathanaël où était la chambre, j’ouvris la première porte et entrai en la refermant derrière moi. A la lueur de mon portable, je découvris que j’étais dans un petit local. J’envoyais ce message à tous les autres à part Lucie bien évidemment : « J’ai oublié où était la chambre mais je suis cachée, vous pouvez commencer. » Des coups de tonnerre retentirent, une porte claqua plusieurs fois. Je remarquais un trou derrière la tapisserie. Je m’approchais et me rendis compte que j’avais une vue directe sur Lucie qui semblait apeurée au centre du salon plongé dans une semi obscurité. Alors que Pauline poussait un cri strident, je vis Lucie sursauter. Tout ça faisait partie du plan. Normalement, Axel allait entrer dans le salon, une fausse blessure au ventre et s’évanouir devant Lucie. Je le vis enfin arriver, il s’approchait de Lucie chancelant. Ses vêtements noirs le rendaient terrifiant dans la pénombre. Je me sentais bizarre, j’avais les paupières lourdes, qui ne demandaient qu’à se fermer. Je ne comprenais pas, je n’avais bu que du jus d’orange et un verre du punch préparé par les filles. Soudain, tout dérapa, Axel sortit un couteau de derrière son dos et s’approcha de Lucie, qui recula vers l’arrière du salon. Elle le suppliait tandis qu’il jurait qu’il allait la venger. J’avais beau ne pas avoir les idées claires, tout s’emboitât parfaitement dans ma tête. Je compris qu’il avait préparé ça depuis un moment, qu’il nous avait drogué, que ma meilleure amie allait mourir sans que je puisse rien faire. Avant de tomber dans l’inconscience, je vis Axel presser son bras contre la gorge de Lucie et planter le couteau dans son abdomen. Je sombrai, des larmes coulant sur mes joues, les supplications de mon amie tournant en boucle dans ma tête.