Quelques heures plus tard, Lila pénétra dans un univers totalement nouveau.

La petite salle de concert était nichée dans une ruelle sombre, bordée de graffitis colorés et de poubelles débordantes. Une enseigne clignotante où l’on pouvait à peine lire "The Underground" illuminait faiblement l’entrée.

À l’intérieur, la chaleur et le bruit enveloppèrent immédiatement Lila, comme une vague qui submerge un nageur inattentif. Les murs, peints en noir mat, étaient recouverts d’affiches déchirées, de graffitis et d’inscriptions gravées au couteau. Le sol collant résonnait sous le poids de la foule compacte, qui oscillait doucement au rythme d’une basse grondante diffusée par les haut-parleurs.

L’air était saturé d’une odeur mêlée de bière renversée, de sueur et de cuir. Une lumière rouge pulsait depuis la scène, éclairant les visages d’une foule bigarrée. Les garçons portaient des chemises en flanelle ou des vestes en jean, les filles des collants déchirés et des bottes épaisses, parfois des piercings qui scintillaient sous la lumière tamisée.

Lila, en bottines noires et veste en jean ajustée, se sentait à la fois déplacée et fascinée. Elle glissa ses mains dans ses poches, essayant de masquer sa nervosité.

— C’est intense, murmura Chloé, sa voix presque noyée par le grondement de la musique.

— Ouais, répondit Lila, ses yeux fixant la scène.

Jonah était là, tenant sa guitare comme s’il s’agissait d’une extension de lui-même. Ses cheveux tombaient devant son visage, mais il relevait parfois la tête pour scruter la foule d’un regard concentré. La lumière rouge dessinait des ombres sur sa chemise en flanelle et le manche usé de sa guitare Fender.

— C’est Jonah Parker, non ? dit Emily en haussant un sourcil.

Lila hocha la tête sans répondre. Jonah jouait maintenant un morceau brut, sa voix rauque perçant le grondement des amplis, et pour une raison qu’elle ne comprenait pas encore, elle ne pouvait pas détourner les yeux.