Nous arrivons au carrefour où Naoki et moi avons l'habitude de nous séparer pour rentrer chez nous. Ce dernier déclare :

- Il fait déjà nuit. Je ferai mieux de vous raccompagner . . .

- Non, ce n'est pas la peine, dit Imaé. Yoko et moi avons encore du chemin à faire ensemble avant de nous quitter. Et puis, les rues sont animées de monde, nous ne risquons rien.

- Vous en êtes sûres ?

- Absolument ! Pas vrai, Yoko ?

- Oui, ne te dérange pas pour nous, Naoki. Nous sommes grandes, on peut se débrouiller seules.

- Bon, on se revoit demain au club de littérature, alors. Bonne soirée !

- Merci, à toi aussi !

- Au revoir, Naoki !

Il nous fait un petit signe de main et s'éloigne jusqu'à ce que sa silhouette se fonde dans l'obscurité.

De notre côté, nous reprenons notre marche. Après quelques instants de silence, brisé seulement par le bruit de moteur des voitures et des conversations des passants, la jeune fille m'adresse la parole :

- Est-ce que je peux te poser une question, Yoko ?

- Quoi donc ?

- Pourquoi as-tu décidé de venir en aide à Naoki ?

- Quelle question ! C'est pourtant évident : je ne peux pas laisser un être humain mourir sous mes yeux alors que j'ai la possibilité de le sauver. Ignorer ou abandonner quelqu'un comme Naoki, c'est le condamner à mort et je suis tout sauf une meurtrière sans coeur ! C'est juste naturel pour moi et maintenant qu'il est mon ami, il est de mon devoir de le soutenir et l'aider. C'est ce que je ferai, peu importe ce qu'il m'en coûte !

- Je vois. Ta détermination et ton altruisme sont admirables !

- Et toi ? Pourquoi as-tu décidé de lui venir en aide ?

- À peu près pour les mêmes raisons. La seule chose qui fait la différence, c'est que tu considères que tu aides un ami alors que moi, je considère que j'aide un petit frère.

- Un petit frère ?

- Oui. Nous ne nous connaissons pas depuis longtemps, mais je considère Naoki comme un petit frère. C'est pour cela que je suis déterminée à le sauver.

Après quelques secondes, elle me sourit et ajoute :

- Et je suis très heureuse d'avoir rencontré une petite soeur aujourd'hui !

- Une petite soeur ?

- Oui, je te considère comme telle.

- Ah, nous y sommes. C'est là que j'habite.

- Bien, alors rentre chez toi avant que tes parents ne s'inquiètent.

Je m'approche du bâtiment et en ouvre la grande porte vitrée en composant le code. Mais avant de m'y engouffrer, je me tourne vers Imaé pour lui adresser mon plus beau sourire :

- Merci, grande soeur ! m'exclamé-je avec un petit clin d'oeil complice.

- De rien, petite soeur ! À demain !

Elle me fait un signe de main et continue sa route.