Contretemps

2 minutes de lecture

27 mai 1984

Vannes


Mon amour, mon tout petit,

Nous aurions dû nous rencontrer il y a longtemps déjà, mais apparemment, les choses (ou la vie, ou les Autres) en ont voulu autrement. Tu me manques comme un énorme trou dans le cœur que je ne parviens à combler. Tu m'as été promis puis renié alors que j'espérais notre rencontre avec impatience. Je l'ai même imaginée. C'est dire si je t'attends. Si je suis prête à affronter les bouleversements qu'un enfant provoque dans une vie.

Aujourd'hui, rien n'est pareil. Comme je te l'ai dit, tu m'avais été promis, puis refusé sous des prétextes injustes, cruels, et égoïstes. Aujourd'hui plus que jamais, tu me manques alors que tu ne me connais pas. Mais moi, je peux d'ores et déjà te dire que je t'aime. De tout mon cœur. De tout mon être. De toute mon âme et au-delà de ma vie. Que tu sois de mon sang ou pas ne m'importe plus. Je t'aime déjà. Avec tes peurs, tes goûts, tes appréhensions, tes apprentissages, tes couleurs...

Je suis déjà là pour te guider, te protéger, encaisser les coups durs à ta place et t'aider à te faire une place dans ce monde de dingues dans lequel nous nous débattons tous, et où il faut apprendre à reconnaître toutes les beautés, même les plus infimes. Je serai là, à tes côtés, pour te l'enseigner. Je serai là quand tu auras besoin de réconfort car tu auras fait un cauchemar. Je serai là quand tu auras besoin de mes bras pour consoler un chagrin. Je serai là pour chaque rentrée scolaire où j'espère que tu te sentiras comme un poisson dans l'eau pendant que je t'observerai au milieu de tes camarades. Je serai la plus heureuse quand tu nous annonceras ton admission à ton diplôme. Ou encore tout simplement quand tu nous diras que tu es heureux. Je répondrai toujours présente pour toi, quoi qu'il en soit, car je t'attends encore aujoud'hui.

Je ne sais qui s'est opposé à notre rencontre, mais je persiste à croire en nous. Je serai ta maman. Tu seras mon tout petit. Mon élu. Mon souhait le plus légitime en tant que femme. Je sais aussi que tu seras le fruit de la sincérité de mon cœur envers ton père, et envers la vie. Je ne t'abandonnerai pas et je prendrai sur moi quand je serai obligée de te laisser te défendre face aux enfants de ton âge. J'en aurai le cœur brisé mais, est-ce finalement bien différent de ce qu'il se passe actuellement ? Je suis déjà prête à être une guerrière pour toi. Je t'aime déjà plus que moi-même. Et je te promets de te trouver un papa aussi fort et puissant qu'un grand guerrier. Certains appellent cela "un bonhomme". Moi, j'appelle cela un homme. Capable de se projeter dans une future vie de famille, faite notamment de gâteaux d'anniversaire, de matches de football, de repas festifs, de lectures avant de dormir, de nuits blanches car tu n'es pas au mieux de ta forme...

Mon tout petit, tu n'existes peut-être pas réellement dans ma vie pour l'instant, mais tu es dans mon cœur, dans ma tête, et dans mon avenir planifié. Je te promets d'être là pour toi. Je te promets la vie. Je t'attends impatiemment. Dans la douleur comme dans la joie. Mais je serai là pour t'accueillir, ne t'inquiète pas.

Mon tout petit...

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