20 septembre 2009

Agen

Tu seras toujours mon héros, mon exemple de force et de courage.

Tu seras aussi toujours une plaie ouverte dans mon coeur par ton absence, ta disparition soudaine et brutale. Je n'ai pas compris ce qui s'est passé. Le vide est bien là, mais mon coeur demeure à jamais rempli d'amour pour toi. Je revois ton sourire éclatant, éblouissant de bonté envers moi.

Tu étais mon pilier, ma sécurité. Je suis très fière de toi et je raconte notre histoire avec beaucoup d'émotion, tu sais. Je sens que tu veilles sur moi ; tu me l'as dit. Les photos de toi et de nous ont été les premières à trôner à la maison.

Tu es mon souvenir le plus tenace, mon orgueil le plus flagrant aussi. J'essaie chaque jour qui passe de faire honneur à nos ancêtres, notre lignée. Quand je me sens acculée, je tente de m'inspirer de ta vie et de la bravoure disciplinée qu'elle t'a imposée. Ton manque se fait davantage ressentir à certaines occasions bien spéciales. Ton sourire si particulier reste imprimé dans ma mémoire comme un énorme bouquet de fleurs qui ne fâne jamais, continuellement coloré et vif. Quand ma ressemblance avec toi est remarquée, je bombe même le torse et affiche clairement cette identité.

Tu me manques beaucoup. Trop. Mais la vie est ainsi. Il n'empêche que j'aimerais parfois revenir en arrière et combler tous les vides que j'ai trouvé trop cruels pour moi. Imagine un peu ça : je décroche mon diplôme universitaire et c'est toi qui bombe le torse de fierté. J'obtiens mon premier emploi et tu me serres très fort dans tes bras pour me transmettre ton courage à mon entrée dans la vie active. Je me retrouve sans travail et tu te débrouilles pour me voir tous les jours et me répéter que j'y arriverai.

Tu rencontres mon fiancé et tu t'assures gentiment qu'il prendra soin de moi.

Tu me découvres dans ma robe de mariée, une vraie robe de princesse, mais tu retiens tes larmes et tu m'accompagnes, ton plus beau sourire accroché à tes lèvres. Parce que tu es fier de moi. Et je suis heureuse d'être à ton bras.

Tu ouvres le bal avec moi en me faisant tournoyer, ma traîne dans notre sillage, comme pour t'aider à m'envelopper d'amour pour passer ensuite le flambeau. Et je me laisse porter par cette douceur qui m'emplit le coeur. Je t'annonce l'arrivée prochaine de mon premier enfant, et, une fois né, tu l'accueilles comme si c'était le plus beau trésor de ta vie. Je t'aurais bien vu jouer avec tes petits-enfants dans le jardin, courir après eux, leur raconter des histoires d'une autre époque et d'un autre pays devant leurs petits yeux écarquillés, te déguiser en Père-Noël pour prolonger la magie, les promener dans la nature pour leur expliquer tout un tas de choses, les regarder avec les mêmes yeux pétillants que tu posais sur moi, aller les chercher à l'école en leur faisant la surprise de leur amener un super goûter, t'épuiser à chasser avec eux les oeufs de Pâques avec la même innocence, être le gentil complice de leur malice, leur fabriquer une cabane dans un arbre qu'il assiégeraient comme une forteresse, leur demander de t'aider à chercher tes lunettes alors qu'elles sont sur ton front dans l'unique but de les faire rire aux éclats dans toute la maison, leur parler des films en noir et blanc devant leurs regards d'adolescents désabusés, leur enseigner la tolérance et l'ouverture d'esprit, leur raconter l'Histoire pour les aider à réfléchir, les gronder doucement parce que selon toi "c'était mieux avant", me prendre la main et m'adresser ce sourire que j'adorais pour me dire pudiquement, en tête à tête au crépuscule de ta vie : "Je t'aime, ma fille"...