9. Santé mentale sexuelle
Parlons maintenant de la santé mentale sexuelle et du désir conscient et inconscient sur une étude réalisé récemment, lors des confinements :
50es journées de l'école de la cause freudienne
Depuis la période du confinement, les signalements de violences conjugales et intrafamiliales ont été multipliés par cinq. Psychanalystes en libéral ou en institution, psychologues ou psychiatres d’orientation lacanienne, cela fait plusieurs années que nous entendons toujours davantage de plaintes d’abus sexuels. Un regard, une main baladeuse, un chantage, une humiliation, une relation incestueuse, un viol… ce que nous nommons « attentat sexuel » peut prendre de multiples contours. Parallèlement à la vérité factuelle et aux preuves qui relèvent de la justice, hors de tout jugement moral, c’est la parole et le symptôme dont il est le siège que le patient adresse au psychanalyste : ce qui fait trauma s’appréhende, alors, au cas par cas.
L’École de la Cause freudienne a choisi cette année de mettre au travail le thème intemporel et aujourd’hui brûlant de « l’attentat sexuel » afin d’interpréter les nouveaux paradigmes sociétaux qui bousculent les anciens repères de la sexualité. Il s’agit de serrer au plus près les enjeux propres à notre époque et de lire les symptômes inédits qu’ils forment.
Nous assistons aujourd’hui à une crise de l’organisation patriarcale qui organisait auparavant la sexualité humaine. La vague mondiale de prise de parole des femmes a rouvert le débat sur le viol ; le mouvement #MeToo et les témoignages poignants de personnalités telles que Adèle Haenel et Vanessa Springora sont bien le signe que les temps changent. Les psychanalystes qui reçoivent depuis longtemps cette parole sont aux premiers chefs concernés : nous souhaitons explorer ces questions actuelles des mouvements féministes sur les violences faites aux femmes.
En parallèle, les études de genre, le combat LGBTQI+, l'intersectionnalité, l’écriture inclusive produisent de nombreux débats qui se cristallisent autour d’une nécessité de repenser les places, les genres et les sexualités, et d’interroger ce qu’il en est de l’altérité sexuelle. Enfin, la large diffusion de la pornographie sur internet livre les plus jeunes à des images crues et sans pudeur. Le récent amendement déposé par le Sénat visant à contrôler l’accès des mineurs aux images pornographiques, s’il est applicable, permettra-t-il de les protéger d’une rencontre prématurée avec la sexualité ?
L’École de la Cause freudienne se tient au plus près de l’évolution actuelle de ces débats car la psychanalyse lacanienne vise à accueillir le réel tel qu’il surgit à notre époque. Les psychanalystes écoutent la parole des « abusés » mais aussi celle des « abuseurs » et recueillent de chacune de ces trajectoires singulières un savoir inédit sur ce qui fait attentat sexuel aujourd’hui. Ce savoir construit à partir de la parole des analysants est porté à la connaissance de chacun lors des Journées de l’École de la Cause freudienne, ouvertes au public. Alors que la visée thérapeutique s’occupe de réparer le dommage causé par le traumatisme, la psychanalyse, quant à elle, traite d’un en deçà du dommage. L’abord singulier de la psychanalyse est de ne pas réduire le sujet à son statut de « victime d’abus sexuel », mais d’ouvrir l’accès à une autre réponse possible et à un savoir après-coup sur ce qui a été violemment dévoilé au plus intime du sujet.
Sur ce désir d’analyser les faits d’actualité et parfois d’en renverser les lieux communs, il nous semble que journalistes et psychanalystes ont beaucoup de choses à se dire !
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