Éloge funèbre
Non mais c'est pas vrai !? Même ça c'est à moi de le faire ? Bon bah allons-y gaiement !
Huguette Delanoit nous a quitté à l'âge de quatre-vingt-quatorze ans laissant, visiblement, deux enfants je-m'en-foutiste et un mari trop saoul pour tenir sur ses deux jambes tout seul !
Madame Delanoit eut une vie rude, elle, mais ne s'en plaint jamais. Elle aida sa mère à la blanchisserie durant toute sa jeunesse, sacrifiant la bonne éducation que toutes les jeunes filles se devaient d'avoir à cette époque. C'est ainsi qu'elle dut se contenter de Gérard, le facteur du village, ce qui ne l'empêcha pas d'avoir plusieurs aventures à l'insu de ce dernier – heureusement parce que le missionnaire ça va bien cinq minutes.
Gérard et elle se marièrent dès sa majorité. Il lui fit deux enfants qu'ils appelèrent Patrice et Jonathan. A la mort de sa mère, Huguette dut reprendre la blanchisserie, heureusement pour elle, Patrice était déjà assez grand pour s'occuper de son cadet.
Huguette, dite Gueguette par son amant Marcus qui – elle l'espère – aura la bonté d'âme de venir lui rendre visite demain, aurait aimé avoir des petits enfants à qui elle aurait pu tricoter des petites chaussettes … malheureusement ses deux empotés de fils ne trouveront pas la femme de leur vie de son vivant ; c'est d'ailleurs le lendemain de sa mort qu'elle apprendra que son plus jeune fils aime les hommes, hein Jonathan merci de ta confiance !
Madame Delanoit aura été déçue toute sa vie de voir que son fils aîné ne reprenne pas le commerce familial et encore plus que son mari ne s'oppose pas à la vente de cette dernière ! N'est-ce pas chéri !
Huguette aura malgré tout aimé les trois hommes de sa vie même si elle est bien contente de tirer sa révérence. Adieu vaisselle, adieu nettoyage, adieu le linge et bonjour à Lino Ventura, George Bassens et compagnie !
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