L'homme en noir
Je m'appelle Victor Brusse, nous sommes le 23 mai 2021, j'ai 43 ans, je me trouves dans un hôtel de Stockholm, pour raisons professionnelles.
e ne sais pas encore ce qu'il y a de plus troublant à ce moment précis ou j'écris ces mots au dos des posters qui décorent ma chambre d'hôtel.
J'ai l'impression de ne plus posséder ma vie, démuni de tous mouvements, amputé de mes espoirs, mais j'ai aussi le désir primaire de survi qui brûle en moi.
Dans cette chambre d'hôtel, depuis maintenant 6 jours, j'appercois à l'autre bout du judas, la silhouette puissante d'un homme vêtue de la mort, du sombre linge du désespoir.
L'homme ne dit rien, ne bouge pas, il attend, sans savoir ce qu'il veut de moi, ne me dit rien et je n'ai personne pour répondre à mes questions. Unique compagnie: mon délire grandissant, brouillant toute réflexion, alimenté par la faim qui me tiraille dorénavant.
Dans mon état, chacun des détails de la chambre ou des souvenirs de ma vie, se recouvrent d'un voile morne.
Le lit, aux couleurs crèmes, se transforme au fil des jours en un canal de perditude. S'allonger et se reposer reviendrai à dépendre des évènements, du temps qui passe et m'emporterai dans les abysses de l'inconnu.
La moquette, grise, moelleuse qui devait être confortable au début de mon séjour, devient jour après jours le socle ardent de ma cage. Lorsque je reviens un peu à moi de temps en temps et me laisse allé à remaitriser mon schéma corporel, j'ai chaque fois la sensation de m'enssevelir dedans, comme dans une vase infinie.
Sur le côté droit du lit, surplombant un petit meuble en bois suédois, le poste de télévision a cessé son lien avec le monde.
Je me suis permis une seule et unique fois de prendre une douche, pour vérifier si l'eau cinglante, les changements de température pouvait ou non me libérer d'une éventuelle folie, en vain.
Mon espoir de liberté s'évapore peu à peu, au profit de la survie, toujours en alerte, vivre le moment présent, en totale osmose avec l'environnement.
Chaque sensations, chaque sens sont en éveil. Hier encore m'assoupissant avec la fenêtre entrouverte, le frôlement du vent sur ma peau, m'emporta dans mes rêveries avec lui vers l'autre monde.
La dernière personne avec qui j'ai pu discuter fut la femme de la réception, par téléphone, me disant de ne pas sortir de l'endroit où j'étais. Sans autres explications, précédent la tonalité infatigable et désespérante du combiné.
Presque une semaine après, je n'ai comme souffle de vie à ma disposition, uniquement, celui d'un corbeau qui vient se poser sur ma fenêtre chaque soir me fixant de ses yeux profonds, comme pour m'enlever toutes notion d'espoirs.
L'homme en noir est effrayant,
Il sévit avec comme complice,
Ma détresse qui grandit avec le temps
L'homme en noir sait ce qu'il m'attend,
Il connaît mon futur, mon destin
Peut être deviendra t-il pour moi divin
Depuis 6 jours et 5 nuits, j'envisage de passer cette porte, mais je crois que le sors du monde, que j'appercois vide de toutes âmes à ma fenêtre me fais encore plus peur que d'affronter mon voisin de pallier, sombre, de plus en plus sombre, surplombé de son chapeau cachant son visage.
Lorsque l'on se représente la mort, on l'imagine en long manteau de lambeau, une faux à la main et un sourire qui nous enlasse chaudement dans le réconfort de l'abandon.
Dorénavant, la mort est pour moi surplombé d'un chapeau, comme pour contraindre à l'isolement, le plus libre des êtres, avec comme armes, la peur et le temps.
Je vais donc attendre la, dans cette prison, en inventant de nouvelles formes d'espoirs.
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