Seconde partie
La ville était déserte. Il n'y avait personne en vue, pas un chat, et aucune trace de vie. Les rues étaient à peine éclairées par de vieux lampadaires, créant une atmosphère digne d'une ville fantôme. Je marchais sans but précis, mis à part l'objectif de retrouver ma mère et ma sœur pour les réprimander. Je me demandais ce qui avait bien pu se passer dans la voiture, mais ma mémoire était obstruée par un mal de crâne tenace.
Le silence ambiant devenait insupportable, et si la peur ne m'envahissait pas, j'aurais hurlé pour soulager ma tension. Mon environnement me rendait fou, et je sentais que je finirais par perdre la tête. Le brouillard épais ne facilitait pas la visibilité, et il était difficile de discerner les voitures stationnées à proximité.
Soudain, un son attira mon attention, un grésillement qui semblait provenir d'une radio. Je m'approchai de la voiture d'où émanait ce bruit agaçant. La porte était grande ouverte, mais personne ne s'y trouvait. Étrangement, je m'y attendais. J'ai commencé à trifouiller les boutons de la radio, mais elle ne captait aucun signal, émettant uniquement un grésillement désagréable. De temps en temps, j'avais l'impression d'entendre des voix, mais le grésillement les recouvrait toujours. J'ai réussi à percevoir les cris d'une femme, mais même eux étaient noyés dans le grésillement. Frustré, j'ai laissé tomber et claqué la porte violemment avant de m'éloigner.
Je me sentais comme si je tournais en rond dans cette ville, et il me semblait y être depuis des heures. Le brouillard persistait, et malgré mes tentatives de frapper aux portes, je n'obtenais aucune réponse. Cependant, je pouvais comprendre pourquoi, car qui aimerait être réveillé en pleine nuit par un adolescent désorienté en pleine ville déserte ?
J'étais épuisé, le froid m'envahissait, et je grelottais comme un homme en short perdu au pôle Nord. Tout ce que je désirais, c'était de trouver un endroit chaud pour faire une petite sieste.
C'est alors que j'ai été assailli par une odeur nauséabonde. Des grandes taches sombres maculaient le sol de la rue. Au premier abord, j'ai espéré que ce soit de l'essence, mais en m'agenouillant pour inspecter de plus près, j'ai constaté que c'était du sang. Beaucoup de sang, tracé en un sinistre chemin. Malgré ma peur grandissante, ma curiosité morbide m'a poussé à le suivre. Dans un coin de mon esprit, je me réconfortais en pensant qu'il s'agissait peut-être d'un animal blessé en train de succomber.
Les traces de sang devenaient de plus en plus nombreuses, et, comme un imbécile, je les suivais. J'étais partagé entre une terreur profonde et une fascination malsaine. Je voulais savoir où cela menait. J'étais hypnotisé par ces traces presque noires. Les traces m'ont conduit jusqu'à une petite ruelle mal éclairée. Si j'avais su ce qui m'attendait, j'aurais fui en courant dans l'autre direction, mais je suis allé jusqu'au bout.
Mes mains se sont instinctivement placées devant ma bouche pour éviter de vomir à la vue du spectacle d'horreur qui s'est dévoilé. Une puanteur de sang imprégnait l'air, et il y en avait partout. Sans le vouloir, j'ai marché dedans. La mare de sang menait à un coin sombre que je ne pouvais pas voir depuis ma position, et je n'avais aucune envie d'y aller.
Je suis revenu en arrière prudemment, laissant derrière moi des empreintes sanglantes. C'est alors que j'ai entendu une voix me dire : "Avance." Je me suis retourné brusquement, presque en criant, pour découvrir un homme aux allures démentes. Il était mal habillé, mal rasé, avec des cheveux en bataille et des yeux dérangés, et il tenait un pistolet. Chargé, très probablement. Il a répété son ordre, un sourire sadique aux lèvres.
Je n'avais pas d'autre choix que d'avancer jusqu'à l'endroit où gisaient les flaques de sang. Mes larmes montaient, et je sentais que je craquerais à tout moment. J'ai essayé de détourner le regard, mais l'homme m'a averti froidement : "Ne détourne pas les yeux. C'est ce que tu voulais voir, n'est-ce pas ?"
Mon cœur battait la chamade. Comment avais-je atterri ici, en plein milieu de cette situation terrifiante ? J'ai essayé de gagner du temps en demandant où nous étions, espérant qu'il y aurait des policiers quelque part dans cette ville maudite.
"On est dans ma tête", a-t-il répondu avec un sourire dément. Il pointait son arme sur moi, et je me demandais s'il allait réellement tirer. J'ai entendu un bruit assourdissant, semblable à une explosion, mais je n'ai pas compris ce qui se passait. L'homme me souriait d'un air triomphant, tandis que je baissais la tête, ressentant une douleur intense à la poitrine. J'ai vu mon pull se teinter de rouge, presque noir. M'avait-il tiré dessus ?
Mes mains étaient ensanglantées, et je crachais du sang. Mon souffle devenait laborieux. Allais-je mourir ? Mes yeux se sont tournés vers le ciel obscur, toujours enveloppé de ce maudit brouillard. Je frissonnais encore plus intensément. Mes paupières se fermaient d'elles-mêmes. Mourir ?
L'homme s'est penché au-dessus de moi avec un sourire sinistre. Il parlait, mais je n'entendais déjà plus rien. Je ne sentais plus mes jambes, ni mes bras, plus rien du tout. Comme si j'étais paralysé. Puis, le néant.
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