100 Phares

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Je suis côté passager, on roule en pleine nuit, et voilà que 100 phares m'assaillent de leur lumière.

Il paraît que c'est bientôt une nouvelle lune.

Raison pour laquelle je prends tout en pleine face, en ce moment, là, tout de suite, plus fort que jamais.

La réalité de ma petite vie, de ma médiocrité, de la puanteur de mon âme.

Je ne suis plus à une métaphore près, alors oui, les pleurs, les cris, les rires, plus rien ne me retient d'avouer cette accablante vérité : je ne sers à rien. Ou plutôt, mon existence n'a aucun sens.

Et alors ? Me dirait-on.

Je ne veux pas tomber dans la désuétude de dire que personne ne m'aime (même si c'est vrai), que c'est la faute des autres, je sais pertinemment que j'ai ma part de responsabilité : si je suis une paria internationale aujourd'hui, c'est pour faire la pute chez les généraux.

Parce que c'est ce que je suis. Ce nom que l'on me donne souvent, pour avoir accepté ce que je ne méritais pas, ou plutôt par mon célèbre je m'enfoutisme.

J'en ai tellement rien à foutre que j'en viens à laisser les langues de vipères et le mauvais oeil s'attaquer à la moindre parcelle de mon corps et de mon esprit, qui me rappelle cent fois par jour que je suis malade, et que tout le monde a raison - en disant qu'il est trop tard - sauf moi.

Je suis tellement en décalage avec l'extérieur que j'en suis devenue allergique.

J'aimerais pouvoir me forcer à "être dans l'acceptation" ou à "lâcher-prise" (la réponse à tout, visiblement) mais cela me semble impossible, à présent.

Demain j'aimerais, oui, me représenter dans cette association de feux follets psychiques pour participer à un atelier d'écriture factice pour nous faire dégueuler nos travers de pensées, mais j'ai assez mangé, merci.

Je me demande parfois si ma folie ne serait pas ce que je devrais vomir, en fait.

La feuille est encore vierge, pure, j'ai peur

Que me reste-t-il, l'angoisse, la rancoeur...

Ce truc vient de moi mais la voiture m'éblouit. Cent phares de trop, cent phrases de trop.

Et cent fois j'ai tenté de minimiser ma vie de merde pour me consoler. La gratitude. Chacun croit posséder le mode d'emploi, mais je vais vous le dire, moi : chacun sa... donc chacun ses solutions.

Mais ça tombe bien, parce que tout le monde peut l'écrire ! Ou pas.

Je me sens ridicule lorsque j'écris des histoires, parce que j'ai besoin d'idéaliser un monde qui sonne faux, au final. Tel est le but, me dira-t-on encore. Je trouve triste de décrire la vie de personnages qui éprouvent de la joie lorsque ma vie se réduit au néant.

Vous voyez, que je tourne pas rond. Sans blague. 100 phares ne suffiraient pas à éclairer ce chemin pour le déblayer une bonne fois pour toutes.

Après tout, je me promets une chose : seul mon coeur connaît ses raisons. Écrire, pour le meilleur et pour le pire, reste ma seule raison de vivre.

Je me complais dans une épitaphe tracée d'avance. Et pourtant.

Laissez-moi sortir de cette caisse, bordel !

Ce soir je suis sans fards.

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