Septième acte. Un peuple insoumis
Un jour, le soleil donna naissance à la mer
et la mer enfanta une terre en son sein
comme jadis nous enfantions tout un monde de rêveries.
Une petite motte de terre devint
le paradis…
et tout un peuple de faunes
ainsi que quelques âmes esseulées…
y bâtirent une chose plus grande encore.
Tout ce peuple de faunes était la parfaite image d’un bonheur délicat.
Le soleil, rongé par la jalousie,
décida un jour de se venger.
Il chassa du monde toute couleur
et fit pleuvoir ses rêveries grisâtres.
La terre sombra alors…
dans un sommeil triste
et la mer, ne sachant quoi faire
pour éponger son malheur
ne trouva rien de mieux que de l’imiter...
et tous les peuples du monde oublièrent qu’il existait des Heureux…
qui vivaient quelque part
sur une petite motte de terre
qu’on appelait jadis
un paradis.
et tous les peuples du monde oublièrent qu’on pouvait être heureux…
en vivant quelque part
sur une petite motte de terre
qu’on appelait jadis
un paradis.
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À celle ou celui qui écoute…
souviens-toi qu’un jour la mer enfanta une terre
où l’on pouvait être heureux ;
souviens-toi que mille nymphes y sommeillent encore
mais que les faunes ont disparu…
souviens-toi que mille nymphes y sommeillent encore
et qu’elles attendent ton retour.
À celle ou celui qui écoute…
prête l’oreille aux derniers ruisseaux
sois attentif à la bise qui siffle
rejoins un instant le crépitement des cheminées
et chante avec eux l’hymne du retour.
À celle ou celui qui écoute…
laisse là ton manteau
laisse-là tes bijoux
laisse là tes vieilles idoles
cherche dans les cieux les premières étoiles
et plonge dans l’océan vert de tes souvenirs…
pour aller trouver
tout au fond du premier gouffre
à la base de la première joie
là… tout près du premier chagrin
le souvenir qu’on a tous
et qui fera de nous
tout un peuple insoumis.
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