Y a du boulot

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J’en suis là, à rouspéter. Après le chat, con. Le ménage. Les voisins et leur foutue musique de débile autotunée à mort, j’ai juste l’impression d’entendre de la limaille de fer dans un courant électrique couiner sa race. Les bagnoles qui font hurler leur moteur, les sirènes des véhicules d’urgence, genre les gens n’ont même pas la décence de crever en silence, j’vous jure. Et moi, je rouspète. Et j’en suis là à rouspéter quand la cloche à l’entrée se met en branle. Le chat en éternel courageux s’est encore planqué au fin fond du dessous d’un meuble à l’autre bout de l’appartement, grand bien lui fasse. J’arrive pas de très bonne humeur à la porte, les mains bien dégueulasses du fond de ma cuvette de chiotte et, en ouvrant, je me prends pleine gueule une odeur de patchoulis et de beuh bien tenace dans les narines, avec un personnage sans consistance caché dans le nuage qu’il génère avec son joint énorme et rougeoyant à chaque latte.


Mais c’est qui encore ce guignol ? Je regarde à droite, à gauche, on ne sait jamais, peut-être une caméra cachée.


Saluuût qu'il me fait en me tendant sa louche, toute molle, que je serre avec mes paluches bien crades, ce qui n’a pas l’air de le gêner, et moi non plus. J’m’présente, je suis la Paix. Rien à foutre que je lui fais, je ne sais pas ce que voulez me vendre, mais tout ce que vous trouverez ici si vous continuez à rester tanker sur mon paillasson comme une guenille, ça va être un bon coup de pied aux miches, capiche, que je lui fais d’une seule tirade.


Mais meeec, calme-toi, je viens en pai, et une torgnole, une. Rien à cirer. Ses yeux rouges me regardent de toute leur rondeur effarée, la bouche ouverte comme une carpe montrant des chicots en bien sales états et jaunes et noirs. Il vacille même un peu. Devient cireux et commence, tel un château de cartes, par s’écrouler. Et merde. Je l’attrape par le colback, le fourre sans façon dans le canapé, j’essaye de le ramener parmi les vivants avec des aller-retours digne d’un Lino Ventura en verve. Rien. J’ai l’impression d’avoir shooté en plein vol une blanche colombe, même si le volatile au fond de mon canapé semble plus avoir été mazouté par l’Amoco Cadiz tellement il est crade. Et merde, merde, merde, que je fais. La porte est restée ouverte, le chat se tire, et merde, merde, merde que je continue à faire, voyant les choses s’empirer façon catastrophes en chaîne.


Alors je reste, là, comme un con, en chaussettes et en calcif, interdit et tout. Je lui cale un coussin sous la tête, lui met un plaid. Ferme les fenêtres pour couper le bruit du dehors, vais enfin me laver les mains. Le chat revient, penaud d’avoir eu encore plus la frousse dehors. Et mon hippie se met doucement à ronfler. En bavant, un peu. Je le veille et essuie. Lorsque la nuit se met à tomber, je commence à préparer un frichti à grailler, pour lui, à son réveil. Le chat, pas si con, profite de ses genoux cagneux pour s’installer et roupiller. La maison est calme. Merde, et dire que je lui en aie collé une, juste parce que j’étais moi sur les nerfs. Peut-être que je vais m'inscrire à cette formation sur la gestion des émotions finalement…

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