C...
Un jour de neige, comme les autres. Esteban soupire. Il aurait bien aimé jouer au foot, aujourd'hui. Ca fait si longtemps... Depuis qu'il est arrivé à Troyville, on le regarde en coin et personne ne veut s'approcher de lui. Est-ce parce qu'il est en fauteuil roulant ? Les gens n'ont pas l'air méchant, pourtant. Ils ont plutôt l'air d'avoir peur de commettre un impair en lui parlant...
Le coach de son nouveau lycée l'a refusé dans l'équipe de football au prétexte qu'il ne serait qu'un poids supplémentaire. Il ne l'a pas dit comme ça, bien sûr, mais Esteban a très bien compris. Et sa mère qui lui avait dit que tout se passerait "comme sur des roulettes" !
Esteban aimait beaucoup sa mère, et elle était la seule à parvenir à le faire rire de son fauteuil, mais parfois, elle abusait. Comme cette idée de déménagement, sur un coup de tête.
L'année dernière, il avait été qualifié aux championnats paralympiques des jeunes de moins de dix-huit ans. Ils avaient perdu.
Il se secoua et sortit du lit. Il n'avait pas envie de se replonger dans ces mauvais souvenirs. Il fit faire un cercle à son fauteuil, posé comme un chiot à son chevet, et se hissa à l'intérieur. Devant son miroir, il recoiffa ses cheveux jaune paille, tout ébourriffés, et se prépara à sortir. Il avait encore sommeil, mais les cours aillaient bientôt commencer...
En sortant sur le perron, les roues s'arrêtèrent sur une grosse pierre grise. Il jura, pesta, râla, et dut la contourner, ce qui le fit arriver en retard au lycée. Heureusement, il ne vivait qu'à une centaine de mètres du bâtiment !
Il croisa le coach en arrivant. Celui-ci lui fit un petit sourire contraint. Sa crispation se ressentait sur tous les muscles de son visage.
- Vous êtes un connard, balança négligemment Esteban.
Il n'était même pas énervé. Seulement, l'épisode de la pierre, avec ce qu'elle lui rappelait de mauvais souvenirs - la personne qui avait jeté une pierre sur la pelouse du terrain, l'an passé, qui l'avait fait tomber de son fauteuil, et la nuée, les nuées de moqueries et l'humiliation... Il ne se laisserait plus jamais humilier.
- Vous avez bien entendu, répondit-il. Vous êtes un C.O.N.N.A.R.D.
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