Renégat (2)

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Vyrian se tourna vers Mère.

Le voilà notre lien avec le Projet Trimondes.

L’intelligence artificielle ne fit aucun commentaire et le scientifique reporta son attention sur le bâtiment. La façade était aussi délabrée que les autres constructions et ne laissait en rien présager des installations de pointe qui devaient s'y trouver pour permettre des manipulations génétiques tel que le clonage et l’hybridation.

Les pierres noircies et effritées de la devanture firent place à un intérieur fonctionnel et aseptisé de tout bien personnel. Au premier regard, les lieux semblaient déserts, mais en s’approchant, les deux Historians activèrent un carillon et un homme apparut derrière le comptoir. Vyrian devina qu’il devait s’agir d’Yvias. L’homme avait une belle carrure. Le biologiste s’en étonna. Devant son intérêt pour le scientifique renégat, Mère combla sa curiosité.

— Yvias a fait ses premières expériences sur lui, avant de s’exercer sur des patients. Sa musculature n’est pas naturelle, mais personne ne sait quelles modifications il a pu faire à son corps.

Intrigué, Vyrian tenta de repérer d’autres changements, mais il ne vit rien d’autres que les yeux bleu pâle et les cheveux grisonnants de l’homme. Des rides commençaient à creuser des sillons sur son front. L'ancien chercheur jeta un bref regard à Nick avant de s’accouder au meuble, renvoyant Feyna d’un geste désintéressé de la main. La jeune femme n’émit aucune protestation, mais elle ne cacha pas son mécontentement. Une fois l’hybride sortie du bâtiment, Yvias sourit au clone.

— Que puis-je pour toi ?

Inquiet, Nick jouait avec ses mains. Ce geste n’échappa pas au scientifique déchu qui l'invita à prendre place à une table située légèrement en retrait de l’entrée.

— Nerveux mon garçon ?

Nick afficha un sourire timide et Yvias lui donna une tape amicale avant de prendre place en face de lui. L'homme secoua la petite clochette présente sur la table et une hybride vint à leur rencontre.

— Que désirez-vous maître ?

— Demandez-le donc à notre jeune ami.

La serveuse s’inclina devant Nick et lui tendit le menu.

— Nous avons d’excellentes boissons chaudes, comme froides, alcoolisées ou non, selon votre préférence.

Nick ne répondit pas, occupé à observer les bois qui poussaient du front de la jeune femme et le pompon qui lui servait de queue. Se rendant compte de son impolitesse, le jeune homme baissa les yeux et répondit précipitamment.

— Non merci, ça ira.

— C’est moi qui régale, profite.

Sans tenir compte de l’avis de son invité, Yvias passa une commande.

— Deux cafés s’il te plaît. Notre jeune ami à bien besoin d’un remontant après toutes les épreuves qu’il a dû traverser pour parvenir jusqu’ici.

— Bien, maître.

La servante s’inclina respectueusement et repartit. Après quoi, il se tourna vers le jeune homme mal assuré qui lui faisait face.

— À nous deux ! Je t’écoute.

— Je cherche des réponses. Je souhaite savoir qui je suis.

— Très bien.

Nick déglutit avant de poursuivre. Vyrian dut tendre l'oreille pour distinguer la fin de sa phrase.

— Je veux savoir si je suis bien un clone comme le prétend la rumeur… que vous avez fait circuler.

— Droit au but, comme ton père, ça me plaît.

À l’évocation d’Almarran, Nick se rembrunit. Yvias le fixa avant d’enchaîner toujours jovial.

— Ne t’inquiète pas, je n’ai pas de belles paroles à te vendre, mais des faits et des preuves… en échange d’un petit service.

Devant l’expression du jeune homme, l'ancien chercheur se dépêcha d'apporter des précisions.

— Détends-toi ! Ce n’est rien d’illégal ou de dangereux.

Malgré son air rassurant, le clone restait méfiant.

— Que voulez-vous ?

— Juste que tu apportes un objet de ma part à ton père pour enterrer la hache de guerre. J’aimerais qu’on retravaille ensemble. Je sais qu’il ne tolère pas mes activités, mais je sais aussi que le bien-être des mutants lui importe. Maintenant qu’il n’est plus rattaché au gouvernement, il lui sera peut-être plus facile de militer pour eux.

— Pourquoi feriez-vous ça ?

— Pour sauver mon peuple.

La servante revient et déposa les tasses devant eux. Yvias l’attrapa par la taille et l’hybride gloussa. Vyrian l’observa plus attentivement, elle ne portait aucune trace de sévices, sa peau était blanche et lisse. Elle semblait bien traitée et s’exprimer avec une déférence non feinte à Faric, ce détail perturba Vyrian. Il n’arrivait pas à se faire une opinion de l’homme.

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