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Je tremble en insérant les clés dans la serrure de mon appartement. Une douche me fera le plus grand bien.
Nous sommes samedi, demain tu te reposeras et tu oublieras tout ce qui vient de se passer.
L’eau glisse sur ma peau. Elle me détend. Je respire mieux.
J’attrape ma serviette et fixe mon visage fatigué à travers le miroir, au-dessus de l’évier.
Je retourne dans le salon pour me poser quelques minutes sur le canapé. Mes paupières sont lourdes. Le sommeil me fait dériver jusqu’à ce que je perçoive un craquement familier. Lorsque j’ouvre les yeux, une maison très sombre me fait face. Un rire sardonique s’échappe de la bâtisse en ruine qui commence à être aspirée par un trou noir.
Mon canapé ? Où est-il ? Où suis-je, merde ?
La panique et l’hystérie m’emportent, tout comme le vide qui remplace peu à peu la maison. Les feuilles s’envolent. M’embarquent avec elles comme une main qui m’agrippe.
— Lâchez-moi ! je crie dans un état de peur intense.
Je ferme les yeux. Rien ne se passe. Je suis à l’intérieur du gouffre sans fond. La légèreté brise toute densité. Je flotte de la même façon que toutes les feuilles, bercée par ce vide sidéral.
Une ombre se forme au loin. Elle grossit. La silhouette paraît gigantesque. Le même rire machiavélique que tout à l’heure. Il approche un doigt sombre de mes cheveux.
— Je suis là, ma belle.
Je hurle dans une pièce sombre. Mon salon s’éclaircit à mesure que mes yeux s’accommodent. La transpiration imprègne mes vêtements.
Foutu cauchemar…
Je me dirige dans ma salle de bain me passer un peu d’eau sur le visage, puis allume ma lampe de chevet, une fois recouchée. Mon réveil indique deux heures du matin.
Cette nuit, la lumière sera ma meilleure alliée.
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