Ouf…
Pensa l’homme aux cheveux d’ébène. Il ne s’était pas prit une raclée…

Pour sur, la dernière fois qu’il avait demandé cela, pour aider à apaiser la colère d’un client, il s’était encore plus énervé contre lui… Au point, qu’avec l’adrénaline, il lui avait presque balancé son bureau à la gueule…
Depuis, il ne demandait même plus. Ne touchant les instruments d’autrui qu’avec les yeux.

Soudainement, une question lui traversa l’esprit. Cette jeune femme était-elle muette ? Cela tombait sous le sens au niveau du questionnement car depuis qu’il l’avait rencontré, elle n’avait pas dit un seul mot. Mais bizarrement, le directeur de l’établissement ne lui avait pas parlé d’une étudiante handicapée dans ses cours… Tout ceci était bien étrange…
Peut-être était-ce simplement de la timidité ?… Mais à ce point ? S’en était maladif…

Finalement, cette question s’envola de son esprit quand il prit en main l’instrument. Un magnifique violoncelle d’une facture exceptionnelle. D’un bleu nuit presque envoûtant. Au contact du manche, ses doigts eurent une sensation particulière. Comme si quelque chose y était gravé. Il n’y fit pas attention. S’asseyant sur une chaise pour bientôt commencer à jouer.

La mélodie de la jeune musicienne était extraordinaire, autant au violoncelle qu’au violon. Encore plus au violon, puisqu’il s’agissait d’un concerto pour violon…
Sa mélodie était fluide et elle semblait donnée toute son âme en jouant, ses doigts glissant sur les cordes avec aisance.

Quand à Seth, il était totalement absorbé par sa mélodie. Ce son était comme un petit cocon. Qu’il jouait pour se sentir bien. Mais cette fois, l’expérience était bien plus poussée. Jouer avec une autre personne le rendait encore plus réceptif, ce qui l’apaisait petit à petit.

À la fin du morceau, il dégagea l’archer des cordes, et poussa l’instrument devant lui pour pouvoir se lever. Il entrevit alors une inscription sur le manche.
Seth.
Il y avait écrit son nom sur l’instrument…

Mais… ?

Il se leva alors d’un bon. Tout les détails de la jeune femme lui revinrent en tête.
Elle avait relativement changé…
Des tatouages…
Une chevelure mauve…
Des vêtements relativement atypiques…

Mais des détails n’avaient pas changés…
Le violoncelle…
Le violon…
Le morceau de Tchaïkovski, celui là précisément…
Son nom sur l’instrument…

Et ce regard…
Ce regard argenté, tellement merveilleux…
Comme si des étoiles habitées ses iris…

Il n’avait pas fait attention à ses yeux, complètement perturbé par d’autres facteurs pendant la journée… Comment avait-il pu passer à côté de ce regard !?

Ses mains se mirent à trembler. Posant le violoncelle comme il le put contre la chaise qu’il venait d’utiliser. S’avança difficilement vers la jeune femme comme si son corps refusait de lui obéir. Elle avait une chaînette argentée autour du cou.

Était-ce ce à quoi il pensait ? Était-ce son propre cadeau ?
Il l’espérer de tout coeur. Mais espérer plus encore ne pas s’être trompé de personne… Imaginez… L’école le prendrait pour un pervers…
En tout les cas, la confusion était toujours présente. Et si c’était elle ? Comment ce fait-il qu’elle soit la, elle aussi ? Et pas à l’étranger pour de grandes études, comme lui ?

Arrivant à sa hauteur, il posa délicatement ses doigts sur la chaîne, en touchant la peau blanche et douce le moins possible pour tirer le pendentif supposé hors de son débardeur.

C’est alors qu’un cabochon habillé d’une pierre de lune se fit découvrir.

Seth resta bouche-bée pendant de longue secondes, tout comme la jeune femme, son regard trahissant sa nervosité.

C’était elle…
Vraiment elle… !

Il avala sa salive goulûment, pour ne pas avoir la gorge sèche.
« C’est toi, Willow ?... »

Sa voix était hésitante, comme s’il n’en croyait pas un mot.