L’homme brun tombait des nus.
Willow… C’était elle !
Elle était si près, mais pourtant si loin…

Et en quelques secondes, elle n’était plus la…
Merde…

Il se rendait compte qu’il avait fait une connerie. Toute sa connerie lui repassait devant les yeux, comme seul fil conducteur de sa vie. C’était évident. Ses putains d’yeux couleur argent ! Il n’y avait qu’elle pour avoir une couleur si particulière et il ne s’en était même pas souvenu…
Quel abruti !

Mais, sa colère envers lui-même cessa net. Quelque chose n’allait pas. Que c’était-il passait pendant ce morceau ? La réaction de Willow, quand il l’avait enfin reconnu…
C’était comme si sa vision la dégoûtait. Pourquoi ?

D’ailleurs, la première fois qu’il l’avait vu, elle s’était directement figé. Totalement pétrifié. Et il ne pouvait pas s’empêcher de penser que ce n’était pas parce qu’elle avait eu connaissance de son identité. Quelque chose se passait dans sa tête. Que s’était-il passé pendant toutes ses années…
Avait-elle des problèmes dans sa vie, aujourd’hui ?

Il n’y avait pas pensé mais il aurait dû. Depuis longtemps.
Il était la, au milieu de cette salle vide. Seul. Comme un con. Et il ne savait même pas pourquoi.

Bien, bien, bien…
Qu’allait-il pouvoir faire de ses instruments…
Lui ramener ? Logiquement, elle devrait toujours vivre chez son père. Il connaissait encore l’adresse. Il irait rendre ces instruments à Willow.

Les rangeant avec soin, il alla les porter dans sa voiture. Puis retourna dans l’école. Pour enfin entrer dans le bureau du directeur.
Qui d’ailleurs, ne s’attendait pas à la visite de son nouveau professeur.
« Et bien ? Monsieur Williams ? Que me vaut cette visite impromptu ? »

Avec son plus beau sourire, Seth s’assit en face du vieil homme pour lui faire ses demandes.
« Je voudrais un nouveau trombinoscope... »
Ponctuant sa phrase d’un sourire charmeur gêné.

Le directeur ria doucement, racontant une anecdote sur sa propre jeunesse de professeur, comme quoi cela lui était déjà arrivé de nombreuses fois. Et que l’excuse du chien qui a manger un devoir était vraiment une réelle excuse. Que son chien Pitou avait la fâcheuse tendance à manger ses trombinoscope de début d’années s’il les laissait trop traîner dans le salon. Son histoire se finissant justement au moment où il donna un nouvel exemplaire du document au jeune professeur.

Seth remercia son collègue, s’apprêtant à rebrousser chemin, satisfait. Sauf, qu’il s’arrêta dans son mouvement pour revenir s’asseoir comme un enfant demandant une nouvelle histoire à Père Castor.
« D’ailleurs… Dites-moi… Avez-vous des informations sur Willow Allister ? Dites La Maîtresse de Tchaïchovski? »

Cela étonna le responsable. Mais finalement, il sourit.

« Je n’ai malheureusement connaissance que de peu d’informations. C’est une jeune femme relativement fermée et secrète. Généralement, c’est son assistant, ce jeune homme roux qui traîne dans l’école, qui parle pour elle. Je suis désolé. »

Le professeur remercie encore une fois son collègue qui semblait véritablement inquiet pour l’enfant que Willow était. Oui, certes, elle semblait avoir plus de la vingtaine mais bon, avec un vieil homme d’un certain âge, c’est encore une enfant. De nature pédagogue, il pouvait absolument comprendre son ressenti. De ne rien pouvoir faire pour la comprendre, et peut-être même l’aider. Simplement à cause du fait qu’elle était bien plus qu’une professionnelle malgré son âge et même si elle se rendait toujours en cours alors qu’elle dépassait largement le niveau de la classe. Il fallait aussi prendre en compte son rang dans la société. Un rang élevé de famille noble. Une des plus affluentes de la ville. Rien que ça.