IRIS - Mais où es-tu Cow-boy ?
Dogs from hell - Thundermother
— Rappelle-moi pourquoi je dois rencontrer cet énergumène américain ?
— La prime Iris, la prime ! me répond Marie au bout du fil.
Je soupire en pensant à ce fichu démon qui me fait courir depuis deux mois. Moscou, Prague, Amsterdam et maintenant Paris ! Un début de tour du monde, mais sans les hôtels luxueux, ni les nuits calmes...
Je marche dans le Marais en direction de mon point de rendez-vous. Marie est au téléphone avec moi, j'ai besoin de me détendre ! Travailler en duo avec un type débarqué de l'autre côté de l'atlantique, comment dire... Au secours !
— Il ressemble à quoi ce cow-boy au juste ? Parce que je veux bien le rencontrer, mais je ne vais pas faire une partie de Cluedo pour le trouver !
— Alors, attends, je regarde dans mon dossier.
J'entends ma meilleure amie fouiller dans ses papiers et son chewing-gum éclater. J'écarte mon smartphone et tape du pied.
— Ah ! Voilà, je t'ai trouvé petit coquin ! s'écrie Marie.
— Bon, accélère s'il te plait, cocotte !
— Alors, il s'appelle Leo.
Sans blague Leo ?! Y a quand même mieux comme nom pour un tueur de démons !
— Il a vingt-six ans, de type caucasien, blond aux yeux verts, environ un mètre quatre-vingt. Ce sont les seules infos que j'ai sur lui, enfin ce que m'a communiqué son agent Lars.
— Ok super, je vais essayer de dénicher l'oiseau rare ! Ah, je suis blasée d'avance ! Encore un qui se prend pour un cow-boy et qui va m'apprendre mon métier ! Et vu mon niveau d'anglais, je pense que je vais m'arracher les cheveux !
— Iris, ce n'est pas parce qu'il est américain que c'est le sosie de Trump ! Sois gentille et reste polie !
Je lève les yeux au ciel et réponds à mon amie ;
— Oui maman ! Allez, je te laisse et je te tiens au courant dès que j'ai mis la main dessus.
Je raccroche et fourre l'appareil dans la poche de mon cuir. Je suis bientôt proche du « Petit Café » et mes sens de chasseuse sont en alerte maximale ! C'est samedi soir, les créatures surnaturelles font la fête aussi ! J'ai de la chance s'il ne m'arrive rien là-dedans... J'arrive devant la devanture, des humains discutent aux alentours. Je dois paraître complètement folle avec mes deux épées croisées dans mon dos. S'ils savaient ce que je cache sous mon blouson et dans mes doc Martens !
Je rigole intérieurement en baissant la tête, je vois des mégots de cigarettes qui recouvrent le trottoir devant le café. Les gens sont écœurants, sans blague ! Je ronchonne en passant la barrière magique et attache mes cheveux en chignon décoiffé. On sait jamais, si les coups de poing fusent ! La musique résonne dans mes oreilles, quel bonheur ! Enfin, ça serait l'extase s'il n'y avait pas autant de personnes ce soir. Ça va être sympa pour trouver mon ricain ! J'aurais peut-être dû afficher une pancarte dans mon dos avec les inscriptions : Recherche grand blond, tueur de démons !
Les regards sont braqués sur moi : salut les monstres ! J'affiche mon plus beau sourire de faux-cul ! Je sais que pour venir sur le territoire des loups, les armes sont proscrites, mais tant pis ! Je n'allais pas les laisser sur le trottoir ! Je me faufile entre les billards et les effluves de mâles en chaleur qui émanent du groupe de loups sur la gauche. Ils me fixent bizarrement, étrange... Je leur adresse un signe de la main histoire de paraître sympa, on va dire ça comme ça ! Demi-tour en direction du bar, je m'approche et vois le Patron s'activer derrière le zinc.
Je grimpe sur un tabouret et affiche une mine innocente.
— La gosse, le règlement c'est pour tout le monde pareil ! Grogne le loup aux boucles cendrées qui me tourne le dos.
— Bonjour à toi aussi Mike ! Je suis ravie de te revoir !
Il se retourne et affiche un sourire chaleureux.
— Dans le coin pour des contrats ? Tu veux boire quoi ?
— Oui, je suis à la recherche d'un homme, grand, blond, vingt-six ans. Ça ne te dit rien ? Un Daïquiri, s'il te plaît.
— Non, je n'ai vu personne qui correspond à ta description, la gosse, me répond Mike en récupérant les bouteilles sur l'étagère.
— Fais chier !
Il lève un sourcil, comme pour me sermonner de mon langage fleuri.
Je me redresse sur mon siège et tourne le dos au bar pour observer la foule. Alors où te caches-tu gamin ? Je fais le tour des tables, des succubes, des loups, des gnomes et d'autres créatures sont là, mais pas de trace de l'amerloque. Les succubes ont l'air d'avoir jeté leurs dévolus sur un brun à lunettes qui affiche un sourire de tombeur. Le pauvre s'il savait ce qui l'attend ! Des préliminaires vraiment sympathiques !
Le bruit du verre sur le comptoir me prévient que ma boisson est prête. Ah, je vais pouvoir décompresser avec une petite dose d'alcool. Je sirote tranquillement, en laissant le rhum réchauffer mon corps.
— Dis-moi Mike, t'as entendu parler d'un certain Allistair ?
— Allistair, tu dis ?
Il se frotte la barbe avec ses grosses paluches et semble réfléchir.
— Non désolé la gosse, mais Judith la sorcière sait peut-être quelque chose. Je peux me renseigner si tu veux.
— Ça serait vraiment cool ! Merci Mike.
Il hoche sa tête chevelue et replace son torchon sur son épaule. Je fais taper mes doigts sur le comptoir, je commence sérieusement à en avoir ras le bol d'attendre. J'ai limite envie de frapper ma tête sur le tabouret à côté de moi. Je repense aux dernières traces que j'ai sur le démon, lorsque des ombres m'entourent. Oh merde.
Cinq, ils sont cinq dans mon dos. Un grognement retentit près de mon oreille, je me tourne délicatement.
Des loups et des mâles ! Quelle chance !
— Salut les gars, je peux vous aider ?
Ils ont les yeux jaunes, ok, ça craint...
Je reconnais un type parmi eux, Eddy. Aie.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? grogne l'intéressé.
— Je suis en vacances, je lui réponds en buvant une gorgée de mon cocktail.
Je me retourne face à eux, toujours avec ma boisson dans la main.
— Et vous ? Ça va depuis le temps ? Tes jambes vont mieux, Eddy ? La dernière fois que je t'ai vu, elles étaient d'un côté et toi de l'autre.
Un des cinq loups rigole, ce qui me donne un sourire ravi et augmente la colère du mâle déjà bien remonté.
— Tu vas le payer.
Mike s'approche et prend Eddy par l'épaule.
— Mon gars, si tu veux te battre fais ça dehors, mais pas dans mon bar.
Le loup repousse brutalement la main de Mike. Il se tourne en direction du patron en hurlant :
— Elle m'a privée de ma dignité ! Je suis resté trois mois dans un fauteuil en attendant que mes membres repoussent !
— Visiblement tout est en place, je lance.
Je reprends une gorgée de ma boisson et le défi du regard. Il démarre au quart de tour et fonce sur moi.
J'éclate mon verre sur sa tête de con et saute sur le comptoir. Il titube avec des morceaux de débris enfoncés dans son front. Ses potes accourent et je suis encerclé.
Et merde, pourquoi ça n'arrive qu'à moi ?
— Bordel, tu es tellement trouillard que tu as besoin d'une équipe de foot pour te défendre ? je lui hurle.
— Je vais te faire bouffer tes épées !
Ok, on va jouer !
Je récupère mes bébés dans mon dos et les fait fendre l'air.
— Petit, petit ! Viens dire bonjour à mes lames ! Elles ont manqué à tes genoux ?
Il saute sur le comptoir à son tour et j'évite les griffes que je pare avec mes armes. Je lui assène un coup avec la garde, du sang s'échappe de sa lèvre.
— Oups.
Je saute sur le sol, au milieu des clients, le type à lunettes s'est levé pour nous observer, l'air très intéressé. Mais c'est qu'il sourit le con ! Il n'a pas compris qu'il faut se faire discret ! Pendant la demi-seconde où j'ai fixé le brun, Eddy me saute dessus. Je me retrouve couchée sur une table de billard, avec la sale gueule du loup en face de mon nez. Mes lames sont tombées sur le carrelage, merde. Je lui donne un coup de genou dans les bourses et en profite pour récupérer un couteau sous ma veste. Je lui plante dans la tempe, du sang gicle sur mon visage, charmant ! Le ricain fait quoi bordel !
Eddy titube avec la lame dans la boîte crânienne. Quel tableau charmant. Je remets mon perfecto en place et récupère mes beretta en dessous. Une arme dans chaque main, je suis prête à liquider ce clown, quand deux canons se placent à côté des miens. Je tourne la tête et rencontre deux yeux verts espiègles. Ceux du brun à lunettes qui affiche un sourire sadique à l'intention des loups, avec un clin d'œil dans ma direction.
Bordel, c'est quoi ce délire ?!
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