LEO - Baston au clair de lune
Wolf Totem - The HU (feat Jacoby Shaddix of Papa Roach)
Demain, demain et puis quoi encore ? Plus vite j'aurais mis la main sur ce foutu Allistair, plus vite je serais parti de cette ville pourrie. Déjà que la soirée qui s'annonçait épique au « Petit Café » a tourné court à cause de l'autre rabat-joie la, pas question de se faire chier encore un jour de plus !
Je remonte un peu le col de mon blouson tout en accélérant le pas, mais c'est que ça caille ici ! Mes cheveux dégoulinent, et je maudis cette coloration de merde qui doit me faire des taches brunes partout. Sans parler de ces foutues lunettes qui m'empêchent d'y voir clair !
Bon tans pis, de toute façon mon look incognito est fichu alors... Je jette les binocles sur le trottoir et plisse les yeux pour repérer Wonder Woman sous la pluie. Ah la voilà, impossible de rater un cul pareil !
Pour quelqu'un qui est pressé de rentrer chez elle, la Miss a plutôt l'air de flâner dans la rue. Elle trouve même le temps de se faire une petite bouffe : elle entre dans un McDo et je décide de la suivre. Pas question de me geler les fesses dehors !
Alors qu'elle passe commande, je me glisse en face d'elle comme si de rien n'était. Je me prends un regard de tueur, tandis que je fais un beau sourire à la serveuse en commandant le premier plat qui me tombe sous les yeux. Cette dernière nous regarde bizarrement avant de partir. C'est qu'on doit offrir un beau tableau avec Wonder Woman : elle, ses épées dans le dos et son perfecto crasseux et moi avec ma tête décolorée.
— Alors la Lame, je demande. C'est quoi ton vrai nom ?
— Mais c'est que t'es un vrai morpion toi ! Tu ne pouvais pas attendre demain et me lâcher la grappe ? elle persifle, le regard mauvais. T'as pas des têtes à faire exploser ailleurs ? La porte, c'est là-bas.
Mais c'est qu'elle a de la répartie la meuf ! Je souris, franchement amusé. Je monte un coude sur la table et cale ma joue dans ma paume sans cesser de la regarder.
— Iris, elle finit par grincer en me fusillant des yeux. Tiens, ils sont verts comme les miens. Un détail que je trouve charmant. Et toi c'est Leo, hein ? Un vrai nom de merde ! C'est le diminutif de quoi ? Leonard ? Leopold le guignol ?
Elle ricane, tandis que nos commandes arrivent. Je pique une frite dans mon assiette et elle mord dans son sandwich avec entrain.
— Écoute, cette « collaboration » (je mime des guillemets imaginaires) me fait chier autant que toi, mais plus vite on aura trouvé ce démon, plus vite on pourra se faire des adieux déchirants. Alors t'as quoi comme infos ?
— Ben j'ai que dalle ! À ton avis pourquoi la Guilde a décidé de te coller dans mes pattes ?! Et grâce à toi, les seules infos que j'aurais pu avoir ce soir se sont envolées quand tu as tué le loup !
Merde ! Faudra partir de rien alors ?! Pitié, ça veut dire que je vais devoir me coltiner cette nana pendant encore un temps. Elle est peut-être super bonne à regarder, mais qu'est-ce qu'elle est chiante !
— Ça fait deux mois que je traque cet enfoiré, mais à chaque fois, il réussit à brouiller les pistes. D'où l'idée de faire appel à un expert.
Elle prononce le dernier mot d'une voix dégoulinante de sarcasme. J'ai bien envie de lui faire bouffer ses frites de force, mais je garde le sourire en continuant de manger les miennes. Je note quand même mentalement de faire payer Lars pour m'avoir refilé une conne pareille comme contact.
Aïe, ma nuque picote désagréablement ! Les loups-garous sont dans les parages. Mais c'est qu'ils en ont mis du temps les clébards ! On a carrément pu se faire une balade romantique sous la pluie avec Miss France, et même un petit dîner sympa au resto.
Je ricane intérieurement en me levant en même temps que l'autre. Elle a senti l'ennemi en approche aussi, et je me demande bien comment elle fait. Ses tatouages aussi peut-être ? Pas le temps de se poser trop de questions là-dessus qu'on se retrouve à nouveau sous la pluie. Une fois à l'abri des regards, dans une ruelle sombre, je sors mes Magnums et madame dégaine ses fameuses lames en les faisant tourner d'un air « je me la pète grave ».
— Tiens-toi prêt le Cow-boy, ils arrivent ! elle me lance.
— Ok Miss France, je réponds, tandis que des silhouettes bondissent de l'ombre en poussant des grognements menaçants. Ils sont au moins une dizaine, pas encore transformés, mais leurs yeux sont jaunes et leurs griffes sorties et bien tranchantes.
Sans même s'en rendre compte, on est désormais au coude à coude avec super nana, tandis que les clébards nous encerclent sans cesser de gronder. Un début de sourire flotte sur mes lèvres, je sens que ça va être marrant.
— Écoutez les gars, on ne veut pas de problème, tente Miss France. Mais à sa tête on voit bien qu'elle a hâte de se servir de ses épées et les découper en rondelles.
— Va dire ça à Eddy ! gronde l'un des loups en lui fonçant dessus, tous crocs dehors.
Elle l'évite sans mal et lui enfonce une lame dans le cœur d'un mouvement rapide et précis. Puis d'une main experte, elle lui tranche la tête direct avec sa deuxième arme.
— Eh bien vas le lui dire toi-même, répond-elle au corps qui s'affale à ses pieds et dont la tête roule un peu plus loin.
Je suis scotché. Non mais ! Et après, ça vient me sermonner d'avoir éclaté le crâne d'un mec !
La mort de leur pote déclenche immédiatement la fureur des cabots qui se jettent sur nous comme un seul homme. Chouette ! Le massacre peut enfin commencer !
Ils se divisent en deux groupes et cinq loups fondent sur moi en montrant les crocs. J'esquive un coup de griffes de justesse et écrase la crosse de mon arme en plein dans la tronche de mon agresseur. Je passe ensuite au suivant en lui tirant une balle à bout portant dans l'épaule.
Pourquoi pas tout de suite dans la tête ? Mais pour faire durer le plaisir pardi ! Comme on dit, plus c'est long, plus c'est bon !
Je vise les trois autres au niveau des genoux et tire direct dans la rotule. L'un d'eux s'effondre lamentablement dans une flaque et sa tempe vient se poser contre le canon de mon arme. Si c'est pas un signe ça ! J'appuie sur la détente en souriant.
Et une tête d'explosée ! Une !
Du coin de l'œil, je vois que Miss France s'en sort admirablement bien. Ses lames virevoltent et tailladent joyeusement les pauvres cabots comme des betteraves pour une belle salade composée. Grand sourire aux lèvres, on voit bien qu'elle s'éclate autant que moi. Une véritable petite sadique !
L'un de ses assaillants essaie de la prendre de revers et lui envoie son pied dans la figure. Grave erreur, car Wonder Woman fait tournoyer son épée et une cheville coupée vole dans les airs pour atterrir un peu plus loin dans un grand splash.
— Et voilà ! Un autre loup qui a perdu sa dignité ! se moque-t-elle en écrasant de sa rangers la gorge du malheureux unijambiste tombé à ses pieds.
Sa tirade me fait éclater de rire et je manque de me faire embrocher par les griffes de l'abruti à qui j'ai tiré dans l'épaule. Ses ongles noirs et acérés déchirent mon blouson et je grogne de mécontentement. Je l'aime bien moi cette veste ! Et hop, je lui explose le crâne à titre de représailles.
Il ne reste plus que quatre loups debout : trois pour moi et un pour Miss France qui est apparemment plus expéditive. Paniqué, l'un des cabots lance un appel à la lune. Je lui tire droit dans la gueule pour le faire taire et fait de même avec son pote à côté. Super nana lance ses deux épées qui se plantent direct dans la poire des deux derniers.
— On se tire ! elle me lance en récupérant ses lames. Le toutou a appelé la cavalerie, suis-moi le cow-boy !
Pour cette fois, je décide d'obéir sans rechigner et détale à sa suite, tandis que des hurlements de bête résonnent dans la nuit.
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