LEO - Premier round
Zedd - I want you to know (feat Selena Gomez)
Non, mais quel idiot ! IDIOT IDIOT IDIOT !
La douce voix de Lars résonne dans mon crâne comme un marteau piqueur. Je grimace en tirant une bouffée de ma cigarette.
— Sors de ma tête Lars, je grommelle, tandis qu'il continue de m'insulter copieusement, directement dans mes propres pensées. J'ai dit dégage !
— Et moi je répète : tu es un idiot ! doublé d'un crétin, martèle mon ami depuis je ne sais où.
Je suis dehors, en train de flâner dans les jardins du monastère à m'autoflageller pour mon comportement de merde de tout à l'heure.
Mais putain, Miss France s'est montrée sympa et moi...
— Tu t'es comporté comme un pauvre débile !
— Lars, je gronde et il finit par s'en aller, non sans m'avoir jeté une dernière insulte imagée au passage. Enfin seul dans ma tête, je soupire et envoie des ronds de fumée dans l'air. Mon ami a raison, je suis un parfait crétin.
D'habitude, c'est facile avec les nanas, mais avec la Miss là... je crois qu'elle me rend idiot. C'est fou, j'ai l'impression d'être un abruti fini dès qu'elle est dans les parages ! Et ce n'est pas bon du tout, je dois absolument rester concentré si je veux débusquer Allistair, remonter jusqu'à Astaroth et mettre fin à toute cette boucherie...
Mais comment rester zen quand votre coéquipière est aussi... aussi quoi d'ailleurs ? Sexy ? Forte ? Fabuleuse ? CHIANTE ?
Voilà, qu'est ce que je disais ? Elle me rend complètement con ! Aaaah, mais qu'est-ce que je ne donnerais pas pour retourner une semaine en arrière quand ma vie était encore un long fleuve tranquille ? Quand je ne connaissais pas encore cette foutue nana ?
Je soupire en jetant mon mégot au sol, puis me dirige vers le parking souterrain en traînant des pieds. J'ai l'impression d'être un gamin. Au fait, je ne sais même pas pourquoi, mais je me sens grave chié. Ouais bon, ça ne justifie pas le vent que s'est pris Miss France tout à l'heure. Faut que j'aille m'excuser, au moins pour éviter le malaise à Las Vegas.
Arrivé dans les couloirs du QG, je prends l'escalier qui mène aux dortoirs. Zut, je ne sais même pas où est la chambre de Miss France ! Je ne vais pas toquer à toutes les portes quand même ! Bon ben, la prochaine fois alors...
— Tiens Leo, tu t'es perdu ? lance une voix dans mon dos.
Je me retourne vivement et tombe nez à nez avec Marie la blondinette. Elle me fixe d'un air inquisiteur qui me met mal à l'aise. J'affiche quand même mon sourire de tombeur et demande :
— Salut Marie, ça va ?
— Mmmm mmmm...
Elle continue de me regarder bizarrement et pas forcément de manière sympa.
— Tu sais où est la chambre de Miss France s'il te plait ? J'ai besoin de lui parler.
— Et de quoi ? elle questionne.
C'est moi ou ses yeux bleus sont accusateurs ?
— Euh... de la mission à Las Vegas ?
Mon sourire commence à se faner devant ses airs peu avenants. Je suis sur le point de battre en retraite quand elle finit par hocher la tête.
— C'est par là, je vais te montrer !
On traverse le couloir et Marie me laisse en plan devant une porte. Mais avant de partir, elle me jette un regard d'avertissement et je hoche la tête. Message capté. Je n'ai plus intérêt à faire chier son amie si je ne veux pas finir eunuque !
Bon j'y suis, je lève la main pour frapper, mais j'hésite. Pendant plusieurs minutes, j'ai l'air d'un abruti devant la porte, le poing suspendu.
Allez courage Leo, ce n'est qu'une fille ! se moque une petite voix dans ma tête. MAIS PUTAIN LARS, DEGAGES DE LA !
Enfin je me décide et une voix me dit que c'est ouvert. C'est con, mais je suis nerveux. Vite, j'enfile mon masque de mec tout en confiance, puis j'entre dans la chambre.
Miss France est assise en tailleur sur son lit, la tête au creux de ses paumes et un bouquin posé devant elle. Elle est sexy en diable dans son caraco noir.
— Salut, je lance bêtement au moment où elle lève des yeux peu amènes vers moi.
— Tu veux quoi ? Ta petite crise est terminée ? T'as fini de bouder ?
— Je suis venu pour... m'excuser ? je grimace en passant machinalement la main dans mes cheveux. Mon attitude et tout ça, le truc à Baboucheland. Mais aussi pour tout à l'heure. L'histoire avec ton mec... C'est vraiment pas mes affaires. Désolé.
Elle bondit de son lit et se plante devant moi, furieuse.
— Will n'est pas mon mec ! C'est juste un très bon ami ! Et pour l'épisode des babouches, c'est déjà oublié, c'est pas mon genre de...
Elle s'arrête brusquement de blablater en se rendant compte de notre proximité. On n'est plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Son parfum m'envoute. Nos regards se croisent. Puis malgré moi, mes yeux se posent sur sa bouche, glissent le long de sa gorge et finissent dans son décolleté.
Très, très mauvaise idée, mon cerveau vient de me lâcher !
Putain de merde, cette fille est en train de me faire bander ! Sans réfléchir, je me jette sur ses lèvres. Je m'attend à me prendre une raclée, mais non, Miss France s'accroche aussitôt à ma chemise et approfondit notre baiser avec ardeur. Elle glisse ses mains dans mes cheveux, tandis que les miennes saisissent sa taille pour la plaquer contre moi. Sa langue se fait sauvage et pressante et je gémis contre sa bouche.
Cette nana me rend dingue ! Mes doigts commencent à s'aventurer sous son caraco quand la porte de sa chambre s'ouvre brutalement.
— Ma Beauté ! T'es la-AAAH merde !
Miss France bondit aussitôt loin de moi comme si elle s'était brûlée, me laissant les bras ballants, terriblement frustré. Je fusille ce sale con de William des yeux, car c'est bien lui qui vient de débouler sans frapper. Il me rend mon regard noir, tandis qu'entre nous, l'autre croise les bras sous sa poitrine, les joues rouges mais la mine revêche.
— Je dérange ? demande le roi des abrutis en nous regardant tour à tour avec un sourire forcé.
— Bien sûr que tu déranges Will ! s'écrie Miss France avec colère. T'aurais pu frapper avant d'entrer ! Idiot !
L'autre con répond aussitôt. Je les regarde se chamailler et me sens de trop.
— Je... je crois que je vais y aller... vous laisser entre « amis », je murmure en me dirigeant vers la porte. J'évite lâchement le regard de super nana et détale sans demander mon reste. Je fuis carrément la pièce, avec comme un poids sur le cœur, et je cours rejoindre Lars.
*
Le lendemain, je suis d'une humeur massacrante et quitte la chambre de Lars avec une tête de déterré. J'ai pas pu fermer l'œil de la nuit avec ce dernier qui prend toute la place (mais merde comme ce mec est envahissant !), mais surtout, j'ai pas arrêté de voir Miss France dans les bras de ce gros con de William. Vision de cauchemar !
J'ai besoin de taper sur des trucs ! À défaut de pouvoir me défouler sur « Will » (mais quel abruti celui-là !) je décide d'aller faire un tour à la salle d'entraînement de la Guilde, en prenant soin d'éviter le couloir où se trouve la chambre de Miss France.
J'arrive dans une grande salle voûtée avec des puits de lumière et des murs vitrés. L'endroit est très agréable, parfait pour s'entraîner. Je suis en train de me préparer pour une longue séance, quand je sens une présence dans mon dos.
— Salut, Leo c'est ça ? lance une voix faussement amicale.
William. Quand on parle du loup.
Je me retourne, un sourire féroce sur le visage. Monsieur le super beau gosse est juste en face de moi, en débardeur et une serviette autour du cou, les pecs gonflés dans une attitude de mâle alpha. Ouh j'ai peur !
Sans répondre, je le contourne et me dirige vers les mannequins et sacs de sable, pressé de déverser toute la colère et la frustration qui m'habitent. L'autre con me suit. Mais il veut mon poing dans la figure ou quoi ?
— J'ai entendu dire que t'es vraiment bon avec les flingues... et au corps à corps, tu te débrouilles comment ? lance Will comme si de rien n'était, mais c'est clair qu'il a autre chose en tête. Je m'arrête et le regarde. Un début de sourire flotte sur mes lèvres.
— Tu veux que je te montre ? je réponds en faisant craquer lentement mes poings.
— Ouais, j'aimerais bien voir ça, il sourit d'un air mauvais et jette la serviette sur ses épaules dans un coin.
PARFAIT ! Je vais pouvoir le cogner comme j'en ai rêvé toute la nuit. Et Miss France ne pourra pas m'en vouloir, vu qu'on ne fait que s'entraîner c'est tout. Je me mets en position de combat et Will aussi, le regard plein de défi.
L'entraînement peut commencer.
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