LEO - Second round
Lacuna Coil - Enjoy the silence
Mains dans les poches, je remonte le couloir qui mène au bureau de Marie. Je suis en retard, mais c'est pas ma faute ! Personne n'a cru bon m'indiquer où je dois aller exactement et j'ai dû demander mon chemin aux petites groupies qui ont assisté à notre « entraînement » avec l'autre abruti là. Je repense avec satisfaction à sa tête humiliée après que je l'ai mis KO.... et devant Miss France en plus !
Je ricane bêtement avant de secouer la tête. Mais quel gamin ! On se croirait au collège avec les deux mecs qui se tabassent pour une fille. Mais vu sa tête tout à l'heure, super nana n'a clairement pas aimé voir son « ami » bouffer le tapis.
Génial, je suis sûr qu'elle m'en veut. Ça va être la fête à Las Vegas !
Je soupire quand quelqu'un me rentre dedans au détour du couloir. Je reconnais aussitôt l'envoutant parfum de violette... Miss France. J'ai juste le temps de la retenir par les épaules avant qu'elle ne s'étale par terre, mais elle se dégage aussitôt, les lèvres pincées.
OK, elle est vraiment fâchée.
En fait, je ne suis pas trop sûr avec ses fichues lunettes noires qui lui cachent les yeux. Non mais sérieux ? Pourquoi elle se la joue Women in Black dans les couloirs sombres d'abord ? Et pourquoi elle revient sur ses pas ? Le bureau de Marie c'est pas tout droit ? Je lui lance un regard interrogateur et elle me répond sèchement :
— Lars et Marie sont encore très occupés à faire connaissance !
Maintenant qu'elle le dit ! Je tends l'oreille et entends des bruits très évocateurs provenant de la dernière porte du couloir. Lars, espèce d'enfoiré ! Je suis jaloux comme un pou à l'idée qu'il prend du bon temps pendant que je galère avec Miss France. Mais pourquoi c'est si compliqué avec elle, d'ailleurs ?
Normalement, quand je veux tirer mon coup, il suffit d'un sourire charmeur pour avoir la fille dans mon lit, mais là. C'est comme si je bloque...
Peut-être parce que tu ne veux pas juste « tirer ton coup », susurre une voix dans ma tête. Lars ! Même quand il est en train de baiser, cet enfoiré trouve encore le temps de me faire chier en pensée ! Je l'entends ricaner, il me lance ensuite un joyeux « on a bientôt fini » avant de couper la communication.
Je lève les yeux au ciel, puis jette un petit coup d'œil à Miss France qui s'est adossée contre le mur, l'air morose. Je m'agite sur place mal à l'aise.
On reste comme des cons sans parler, la tension est insupportable. J'ouvre la bouche pour dire un truc, n'importe quoi, quand la porte du bureau s'ouvre sur Marie, les joues roses et l'air toute épanouie. Et moi je me sens plus frustré que jamais.
— Mais qu'est-ce que vous faites là, plantés dans le couloir ? s'exclame-t-elle en écarquillant exagérément ses grands yeux bleus. Miss France se précipite aussitôt à l'intérieur, la bousculant au passage.
— C'était un sacré spectacle tout à l'heure à la salle d'entraînement Leo, ajoute Marie à mon intention alors que je me faufile dans le bureau à mon tour.
Tout comme celui de Marc, la pièce est remplie de canapés, étagères, avec dans un coin, un grand bureau en bois qui croule sous diverses armes. La lumière du jour filtre agréablement à travers de larges fenêtres.
— Je ne savais pas que tu te battais aussi bien, ce pauvre Will en a bien bavé !
— Et c'est bien fait pour lui, crache Miss France en s'affalant sur le canapé près de Lars qui est déjà bien installé à son aise. Je chasse aussitôt de mon esprit toutes les images indécentes de ce qu'ils ont pu y faire avec Marie, et je préfère rester debout.
— Mais qu'est-ce que tu as toi, à être rabat-joie de si bon matin, s'exclame la blondinette en se précipitant vers Miss France pour lui arracher ses lunettes. Elle proteste mais trop tard ! Ses yeux rougis rencontrent les miens et se détournent aussitôt. Elle reprend ses binocles et les replace sur son nez en ronchonnant.
Merde ! On dirait qu'elle a pleuré ! C'est parce que j'ai tabassé son mec ? Je me sens vraiment mal du coup. Mais aussi très con... et de très méchante humeur. Je croise les bras avec agacement et reste planté au milieu de la pièce sans rien dire.
— Doooonc, la réunion d'aujourd'hui concerne votre prochaine mission, annonce Marie d'un ton joyeux, histoire de détendre l'atmosphère. Lars est le seul à répondre à son sourire tandis qu'avec Miss France, on garde nos têtes de déterré.
— D'après les informations que des agents ont réussi à soutirer au passeur, Allistair est à Las Vegas depuis une semaine, mais on ne sait pas encore où exactement.
Elle farfouille un peu dans ses notes avant de poursuivre.
— Nous avons déjà un contact sur place pour fouiner un peu... On attend ses infos avant de vous envoyer capturer Allistair. Figurez-vous que Papa préfère attendre parce que selon lui, vos missions se terminent toujours en drame !
La blondinette lève un sourcil dans notre direction, puis se dirige vers son bureau.
— On va quand même tout de suite faire l'inventaire de vos armes : d'abord, les gilets pare-balle ! elle s'exclame en brandissant un dans chaque main. Papa est catégorique, vous allez devoir les porter ! Surtout toi Iris !
Cette dernière ricane dans son coin et je fais pareil. C'est pas demain la veille que je vais porter ces trucs envahissants et qu'on repère souvent à des kilomètres.
— Ensuite vous avez là tout l'attirail pour tuer des vampires, loup-garous, démons : des balles ultra-violet, mais aussi en bois, en argent... et bien sur des lames et des couteaux pour toi ma cocotte, ajoute Marie à l'intention de Miss France qui reste toujours aussi stone sur son canapé. La voir faire la tête pour ce con de Will m'agace au plus haut point. On dirait un croque-mort avec ses lunettes et sa mine revêche.
— C'est mignon tout ça, mais j'ai déjà tout ce qu'il me faut merci, je lance alors avec humeur en dédaignant l'arme que me tend joyeusement Marie.
Alors que celle-ci me lance un regard noir, Miss France finit par s'arracher de son canapé pour attraper les deux lames qu'elle caressent lentement. Son visage se détend un peu comme si ce petit rituel lui faisait du bien. Mine de rien, je recule quand même à distance respectable de ses petits couteaux. Juste au cas où.
Pendant ce temps Marie continue de déblatérer passionnément sur les armes que la Guilde met si gentiment à notre disposition, puis Lars se lève et commence à lui tourner autour avec un sourire plein de sous-entendus.
— Il n'y a pas des menottes par hasard, il demande, le regard coquin, en se glissant derrière elle et la voilà qui glousse comme une midinette. Je les fusille du regard, et mon ami m'adresse un sourire éclatant dans le dos de la blondinette.
Il zieute ensuite vers Miss France encore très occupée avec ses joujoux, puis revient vers moi en faisant les gros yeux. Mais ce qu'il est chiant !
— Bon je crois que c'est tout pour aujourd'hui, fait Marie les joues un peu rouges.
Je suis sûr que Lars et ses mains baladeuses y sont pour quelque chose.
Les deux se sauvent aussitôt en rigolant comme des gamins, sûrement pour continuer leurs batifolages ailleurs. Je reste en arrière et retiens Miss France par le bras, alors qu'elle s'apprête aussi à quitter le bureau après avoir déposé ses lames sur la table.
— Hey, attends, je murmure, et OH la honte, mais je crois qu'il y a de la supplication dans ma voix. C'est officiel, je suis en train de devenir aussi nian nian qu'une guimauve. Elle lève les yeux, ou plutôt ses lunettes, vers moi et se mordille la lèvre.
— Quoi ? Je suis vraiment pas d'humeur le Cow-boy !
Agacé, j'ouvre la bouche pour lancer une réplique cinglante du style « ah ouais, t'es pressée de rejoindre ton mec à l'infirmerie ? », mais je me retiens juste à temps. Présenter ses excuses, ne pas envenimer les choses, je souffle intérieurement comme si je me répète un mantra.
Ma main est toujours sur le bras de Miss France et curieusement, elle ne fait rien pour se dégager. On est à nouveau tout proche... Il suffirait juste que je me penche pour capturer ses lèvres et... avec la chance que j'ai, Will chéri va de nouveau débarquer !
Penser à ce débile me fout immédiatement les boules.
— Je suis désolé d'accord ?! je crache alors en me reculant avec colère. J'avais pas prévu de tabasser ton mec ! C'est lui qui est venu me chercher des noises à la salle d'entraînement ! Après c'est pas ma faute s'il s'est pris une raclée !
Il flotte une petite minute de silence puis...
— AAAAAH mais t'es un abruti fini ou quoi ! elle explose alors en se ruant vers moi pour me filer une claque phénoménale en pleine tronche. Combien de fois je vais devoir te le répéter espèce de sale Cow-boy à la noix ? WILL N'EST PAS MON MEC !
Puis, sans crier gare, elle se jette sur moi et m'embrasse sauvagement.
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