Chapitre 3 [1/?]

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 Le Rhinocerotidae me poussa, sans ménagement, dans une voiture. Je n’y voyais rien, mais je pouvais aisément reconnaître l’odeur de mon ami et de nos ravisseurs. L’humain devait se trouver dans un autre véhicule. Je continuai d’enchaîner les emmerdes, mais surtout, je n'étais pas le seul impliqué. Dan semblait nerveux, j’entendais sa jambe s’agiter nerveusement. Je me rapprochai de lui pour lui signaler ma présence et lui communiquer mon soutien.

« Je suis désolé, Tobias... ils étaient armés, je n’avais pas d’autre choix que de capituler, s’excusa-t-il la voix cassée.
- Tu n’y es pour rien... tu as fait ce que tu devais faire. Tout se passera bien, nous allons simplement nous expliquer puis nous rentrerons chez nous, répondis-je la voix étouffée par la muselière.»

 Je ne savais pas qui j’essayai de rassurer en extrapolant la situation. Nous avions été kidnappés par les membres d’un gang pour témoigner de nos actes réalisés sur un humain ensanglanté. Je me demandais encore comment je pouvais être aussi optimiste et rationnel. Je décidai de me concentrer sur mes autres sens pour me calmer, mais également pour en savoir plus sur notre destination. Cependant, nos agresseurs avaient prévu le coup. Lorsque je me concentrai sur le trajet, je me rendis compte qu’ils essayaient de nous perdre. Les détours étaient fréquents, nous revenions souvent sur nos pas. Finalement, ils arrivèrent à leurs fins et à me donner, en prime, la migraine. Dan était silencieux à présent, tout comme nos assaillants qui n’avaient pas énoncé une seule parole depuis notre départ. J’hésitai un instant à engager la conversation, à obtenir des informations sur l’entretien que nous nous apprêtions à avoir avec le boss. Mais le bruit de tressautement de la jambe de mon ami me ravisa. Je ne voulais pas envenimer les choses. Je ne voulais pas qu’ils lui fassent du mal. Je ne voulais plus que mes actions aient un impact sur lui. Ainsi, nous nous dirigeâmes vers un endroit inconnu dans un silence de mort, en espérant ne pas rencontrer cette dernière lors de ce rendez-vous.

 Nous arrivâmes à destination. Je ne savais pas combien de temps nous avions mis. J’avais fini par perdre la notion du temps. Les portières s’ouvrirent, puis je fus saisi sans délicatesse. La froidure pénétra ma fourrure, il devait toujours faire nuit. Dan grelottait derrière moi, je ne pus me retenir instinctivement de tourner la tête vers lui. Les Serpentes étaient des personnes à sang froid. Ils avaient du mal à se mouvoir correctement lorsque les températures étaient basses, mais surtout, ils ne supportaient pas les changements brutaux de température. La chaleur de la voiture contrastait fortement avec la morsure de l’air glacial. Visiblement, le Rhinocerotidae et la Pantherines étaient habitués au climat chaud, pensai-je avant de me recentrer sur mon ami. Nous montâmes les escaliers menant au bâtiment, aidés par nos assaillants respectifs. Dan n’osa pas se plaindre de sa condition.

« Mon ami est un Serpentes, sous cette température, il va s’endor...
- On a aussi des yeux, gamin. On est presque arrivé. Ton ami est un grand garçon, je suis certaine qu’il restera debout jusqu’à l’entrée, n'est-ce pas ? répondit la Pantherines en prenant Dan à partie.»

 Le Serpentes ne répondit pas à la provocation, mais je pouvais sentir son regard perçant à travers le sac de jute. Elle commençait à l’agacer, et mon intervention avait attiré l’attention sur lui. Je me mordis l'intérieur de la joue.

 Nous entrâmes à l’intérieur du bâtiment. J’entendais le son de mes pas résonner sur le sol, toutefois ceux de Dan s’éloignaient. Je commençai à m’agiter, tournant la tête vers l’arrière pour essayer de discerner un détail à travers les mailles du textile. Qu’est-ce qu’ils allaient lui faire ? Pourquoi nous séparaient-ils ? Est-ce que j’allai le revoir ? Les questions continuaient à brutaliser mon esprit, lorsque je sentis mon accompagnateur raffermir sa prise. Il me saisit par la nuque avant de me pousser dans une pièce. Il me força à m’asseoir sur une chaise avant de m’attacher à celle-ci. Je continuai de me débattre, motivé par la soudaine disparition de mon ami. Je sentais la colère envahir mes muscles, comme si toute la frustration ressentie durant le trajet se libérait en énergie. Mon agresseur ricana face à mon action désespérée.

« Calme-toi ! Tu vas finir par te blesser, et on va encore penser que c’est de ma faute. Tu t’inquiètes pour ton ami, pas vrai ? C’est adorable... Allez relax, le Boss apprécie juste les entretiens en parallèle. Un moyen rapide et efficace de s’assurer de la véracité des propos, dit-il en continuant de ricaner, Puisque tu es divertissant, je vais te donner une mise en garde : J’espère que vous vous êtes mis d’accord sur votre version des faits avec ton ami, si vous ne voulez pas faire perdre quelques doigts à l'autre.»

 Je m’immobilisai sur ma chaise, réalisant les paroles de l’individu. La colère se métamorphosa en terreur. L’instinct primal fit disparaître toute rationalité. Je devais fuir à tout prix, pensai-je dans un élan de panique. Je tirai fermement sur les liens, m’arrachant les poils et me coupant la peau. Je me débattais à nouveau avec acharnement sous les rires incontrôlés de mon geôlier.

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