Complainte d'un cœur assassiné

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Une étincelle suffit, et me voici, là ;

Au fond d'une profonde grotte toute noire.

Oh ! Je n'ai pas d'oreilles et pourtant déjà,

J'entends le son du cœur qui bat, de mon espoir.

Je sens son sang couler en moi, son souffle, et

Ses soupirs, ah ! me faisaient déjà voir

Moi, couché, près de son ombre, reposer.

Et mais voilà, tu souffles et tu soupires ;

Que t'ai-je fait, pour que tu perdes ton rire ?

Toi tu perds le sommeil et moi, moi je grandis.

Tu ne le sais pas, mais moi, crois-moi, ah ! j'ai compris.

Le sujet de tes doutes, de tes cauchemars,

C'est moi; moi qui suis là. Maintenant il est tard...

Je ne pèse pas lourd mais cause du soucis.

Tu ne dors plus et tu crois que c'est ma faute ;

Que t'ai-je donc fait ? Déjà je m'agite, soupire.

Ton angoisse me tue, mais vivre je désire.

J'étouffe ; toi tu cherches comment on m'ôte.

on cœur saigne de te voir si indifférent.

Penses-tu que moi, mort, sera la fin de ton tourment,

Qui fait bondir ton cœur et t'empêche de dormir ?

Je me bats pour toi afin de vivre avec toi.

Mon amour dépasse l'entendement des rois.

Toi, on t'a laissée vivre, et pourquoi pas moi ?

Ma vie est donc moins précieuse à tes yeux

Que la tienne ? Oh je t'ai entendu maintes fois

Redire : "Comment enlever en moi cela ?"

Enfin tu as trouvé, c'est pour aujourd'hui !

Ce matin, tu chantonnes, et déjà tu me tues

N'as-tu donc pas de cœur, ne suis-je pas voulu ?

Mes petits bras s'agitent, mes mains se forment.

Je te ressemble, et ne suis pas difforme.

Tu te maquilles et te précipites là bas

Où on te dit : " Joie, on t'en débarrassera !"

Que faites-vous dehors ; toi, et toi, qui me tuent ?

Je sens mon souffle diminuer, fatiguer ;

Les battements du cœur auront bientôt cessé ;

Mais mon âme est au supplice. Blanche et pure,

Elle voulait tant te voir malgré ta froidure !

Elle t'aimera, mais une question demeurera :

Ah ! Pourquoi ? Pourquoi n'as-tu pas voulu de moi ?

Je meurs doucement ; sans bruit, je quitte la vie.

Ah ! J'entends au loin crier victoire

Alors que mon petit cœur est au désespoir.

Et quand doucement, la Dame aux Étoiles,

Tout là haut, écarte la céleste toile ;

Observant mes yeux me dit : "Quel est ce voile ?"

N'en pouvant plus, mon âme lui dit en émoi ;

" Oh Maman Marie, ils n'ont pas voulu de moi !"

Mes larmes ne cesseront de couler toute l'éternité...

Maman, Papa, n'ont pas voulu de leur enfant

Et s'en sont débarrassés en l'assassinant.

J'étais vivant, comme eux; comme vous ; comme un humain.

Je voulais comme vous, me lever chaque matin ;

Avoir comme vous, une belle destinée. Écoutez :

C'est la complainte d'un cœur assassiné.

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