Le lac poison
Mason l’a appelé, il est venu.
Pour moi.
Il est venu pour toi, il est venu pour nous.
J’ai enterré mon nom dans la terre noire. Nous l’avons tous fait. Mais il était déjà trop tard.
Dans le bayou…. on ne pourra plus se cacher : Bawon Samdi à mangé la Terre ! Il a laissé le grand trou, comme s’il l’avait croqué, comme s’il ouvrait l’enfer.
Le vent s’est levé.
Les bois ce sont mis à cogner, sonner sourd, grave...
Mason l’a appelé et il venu.
Les trompettes n’auront plus nos souffles…
C’est trop tard pour prier.
C’est pas que les blancs, les couleurs libres, les Créoles, c’est tous. C’est nous tous.
On a volé le sel, on a violé la Terre, on a cassé le toit du monde.
Maintenant, tous les Guédés sont là ! Ils mangent la mangrove, les champs, les terres des cimetières. Ils se répandent partout comme les serpents du bayou.
Les morts et les vivants sont ensemble dans le lac poison qui bouillonnent comme un chaudron.
Mason l’a appelé, il l’avait dit et il l’a fait.
C’est terrible la colère, c’est un Gawou qui dévore la raison.
Il a dit qu’à crever le monde, c’est nous qu’on devait crever. Il l’a fait ! Il l’a appelé !
Bawon, je le vois ton chapeau, ton costume du dimanche, je vais te suivre. Tu n’auras pas à me tirer par les pieds, s’il y a plus la Terre de Louisiane où je vais vivre ?
Je viens, tu peux rire, je viens hanter la ville des morts parce qu’il n’y même plus de cimetière où se reposer.
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