mon prince trop charmant

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Depuis que je suis une petite fille, j’ai toujours rêvé du grand amour, du coup de foudre, du prince charmant. Celui qui vous tombe dessus sans prévenir.

Et il y a 6 ans, ça m’est arrivé, à moi. J’ai rencontré Lorenzo alors que j’étais serveuse dans un bar. Tous les matins il venait prendre un expresso et lire son journal. Il se mettait toujours à la même table. Il était tellement beau dans son costume. Il était à la fois intimidant et terriblement sexy. Depuis la première fois où je l’ai vu franchir la porte du bar j’ai totalement craqué sur lui. Il était grand, brun, une jolie barbe bien taillée, toujours très classe. Il m’attirait, m’intriguait. Mais bon autant être lucide je n’avais aucune chance avec lui, enfin ça c’est ce que je me répétais.

Au bout de trois semaines, alors que je lui apportais son café, il m’a demandé comment je m’appelais. Mon cœur s’est accéléré, j’ai senti le rouge me monter aux joues, j’étais clairement mal-à-l’aise. J’ai quand même réussi à lui sortir un timide « Alice ». Et là je n’oublierai jamais ce qu’il a répondu « Alice, ça fait un moment que je vous observe et vous êtes vraiment charmante ». J’étais étonnée, flattée, gênée. Oh mais comme il était beau, jamais je n’avais vu u si bel homme, il avait quelque chose d’hypnotique, il me fascinait. Ce n’est pas dans mes habitudes mais je dois avouer que nous avons appris à nous connaitre plus intimement ce matin même, chez moi, sans dire un mot de plus. Et on s’est revus plusieurs fois jusqu’à ne plus se quitter.

J’étais amoureuse de lui, on était heureux, on avait tellement de projets, mais j’ai tout gâché. On a vécu une belle histoire sans obstacles pendant presque un an. Et là j’ai commis ma première erreur. Je m’entendais bien avec son meilleur ami, Olivier. Alors qu’il était invité à la maison à diner, j’ai passé beaucoup de temps à rire et parler avec lui, c’était vraiment déplacé. Lorenzo était tellement déçu, blessé. Il m'a dit qu'il n'appréciait pas du tout que je le fasse passer pour un imbécile aux yeux de ses amis. Il tapait dans les meubles, il était rouge de colère. Il m’a bousculée, peut être un peu fort mais c’est normal j’avais vraiment dépassé les limites. Je ne sais pas ce qui m'a pris, je suis vraiment maladroite. Je l’ai supplié de me pardonner et j’ai de la chance car il accepté, il m’aimait vraiment. Je lui ai promis d’être une femme parfaite pour lui.

Puis il y a eu une fois où je me suis habillée d’une façon qu'il jugeait vraiment trop provocante. Je m'étais acheté cette jolie petite robe rouge, je l'avais repérée en vitrine, je me suis dit qu'il serait fière d'avoir une jolie femme, coquette. Mais il n'a pas réagi comme je l'imaginais, il disait que je devais réserver ce genre de tenues pour lui, que j’étais sa femme et que je lui manquais vraiment de respect en m’habillant comme ça devant tout le monde. Je ne pensais pas faire mal en l'achetant mais c'est vrai qu'elle arrivait juste au dessus du genou et elle était très moulante, je ne sais pas où j'avais la tête. Je me suis changée, il était très énervé mais c’est normal, c’est vrai que je n’avais pas bien réfléchi.

Et il y a eu encore de nombreuses fois pendant toutes ces années où je me suis mal comportée. C’était tout moi ça, j’avais trouvé l’homme idéal mais j’étais en train de tout foutre en l’air. C’était plus fort que moi. Il m’a demandé de ne plus voir certains amis. Il avait raison ce n’était pas des bonnes personnes. Je voyais moins ma famille mais c’est bien normal, quand on est en couple on se consacre à sa relation avant tout. Et il disait que si je l'aimais vraiment, sa seule compagnie devrait me satisfaire.

Alors c’est vrai que parfois il criait un peu trop fort, ou il me poussait un peu trop. C’est vrai qu’il lui arrivait de me taper mais je l’avais bien cherché à chaque fois, je le mettais toujours en colère. Et puis il le regrettait toujours. Il s’excusait tout le temps, il me couvrait de fleurs et de bijoux, il me répétait qu’il tenait à moi, qu’il ne voulait pas me perdre. Je voyais bien qu'il m'aimait, il faisait tout pour moi. Il m'avait même permis d'arrêter de travailler, il disait que j'étais bien mieux à la maison. Alors que lui ne comptait pas ses heures pour nous offrir une vie confortable.

Et puis on a appris que j’étais enceinte. Il était tellement heureux de devenir papa. On allait enfin avoir notre jolie famille. Plus tard on a appris que c’était une petite fille, il était fou de joie, il disait qu'elle serait sûrement aussi jolie que moi, qu'il était fier. Et puis il y a eu ce fameux soir où il m’a poussé un peu plus fort, où il m’a tapé un peu plus. J’étais vraiment fatiguée par la grossesse, du coup je m’étais endormie et quand il est rentré du travail la maison était en désordre et je n’avais pas préparé son repas. Ça l’a vraiment mis en colère, il m’a dit que je ne pourrais jamais être une bonne mère si déjà je n’étais pas une bonne épouse, que lui se tuait au travail et que je n'étais même pas fichue de tenir une maison en ordre. Il m’a d’abord donné un gros coup de poing dans le ventre, j’étais pliée en deux, ça m’a fait tellement mal. Je lui disais que j'avais mal, je le suppliais de me laisser, je pleurais de douleur, je lui ai dit que j'allais ranger et lui faire à manger, que je ne recommencerai plus. Puis il m’a poussée, ma tête a violemment percuté le sol, je ne comprenais plus vraiment ce qui m’arrivait. Il ne s’est pas rendu compte de l’état dans lequel j’étais, il s’est mis à me donner des coups de pieds, sur tout le corps, toujours plus fort, il ne s’arrêtait plus, je n'arrivais même plus à pleurer, je ne sentais même plus la douleur, j’attendais que ça se termine. Quand ça s’est arrêté, c’était vraiment fini.

Je voyais mon corps mais comme si je n’étais plus dedans. J’avais envie de me relever mais je ne pouvais pas. J’ai fermé les yeux sur ce monde, pour de bon. Toutes les fleurs, les excuses et tous les bijoux du monde n’y changeraient rien cette fois.

Maintenant j’ai compris, rien de tout ça n’était ma faute, Lorenzo n’était pas l’homme idéal, c’est ce qu’il laissait paraitre mais il en était loin. Je me demande pardon à moi-même, à ma famille, à mes amis, pardon de vous avoir écartés de ma vie, pardon d’avoir changé, pardon d’avoir été sous son emprise, pardon pour les mensonges, pardon de ne pas vous avoir parlé. Et à toi ma petite fille, pardon de t’avoir fait perdre la vie avant de te la donner.

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