Toi mon frère !
(Reprise de ce texte, avec une aide précieuse. J'ai pu mieux exprimer mes sentiments, et ça fait du bien !! )
C'était un vendredi soir comme les autres, mon frère, étudiant, était passé me voir. Il parlait, mais ses yeux tristes m'interrogeaient. Je lui ai pris la main, l'invitant à se livrer.
Son regard s'assombrit. Il n'avait pas de bonnes nouvelles, il avait fait un test, il était séro-positif. Une colère monta en moi. Séropositif, c'était mourir. Je ne voulais pas le perdre, pas maintenant, pas après le décès de notre mère. Quand il continua en m'expliquant comment il avait attrapé cette m... ma réaction fut stupide, et le choix de mes mots, encore pire. Je crois que je voulais lui faire autant de mal que j'en ressentais. Il avait choisi, et maintenant il recevait son dû. Je l'ai blessé profondément, mais ma colère était telle que je ne voyais pas ses peurs et ses angoisses. Nous avons continué notre discussion, allongés sur le lit, et avons pleuré ensemble. Je crois avoir pleuré ce soir là, pour lui, pour maman, et pour beaucoup d'autres choses.
Malgré tout, j'ai gardé cette colère pendant très longtemps. Je n'arrivais pas à oublier que s'il n'avait pas, ce jour là, suivit cet homme rencontré dans le métro, il ne serait pas malade aujourd'hui.
Les années ont passé, malheureusement, il a perdu son compagnon qui était quelqu'un de formidable. Un homme qui dans sa douceur, et son regard me donnait de l'énergie. Toujours à m'encourager et me féliciter. Avec eux, je crois parfois avoir oublié, qu'il pouvait mourir, tellement cet amour était beau à voir. Evidemment, à son décès, la peur de le perdre, est revenue, mais je me suis tue.
Je suis née deux ans après lui avec trois garçons avant et cinq après. Et, oui, une fille entourée de garçons ! Je n'ai pas de souvenirs avant mes six ans, mais maman me disait qu'il venait souvent dans mon parc, me prenant dans ses bras, disant : "Ohh ma ptite soeur !!"
"Mon frère, tu as toujours voulu tout décider pour moi. Je devais t'obéir, et même si je ne le voulais pas je le faisais quand même. Ton regard ne me laissait pas le choix. Je crois que j'aimais ça. Avoir le sentiment d'être en sécurité tout en étant en danger... Tu n'as pas pu me protéger de tout malheureusement. Même si une fois, tu aurai pu, mais tu as refermé la porte, me laissant seule avec lui. Je ne t'en veux pas. Tu avais toi aussi tes propres démons ! "
Un jour, nous avons reparlé, de ce fameux soir dans ma chambre. Il n'avait pas oublié mes propos, et ne voulait pas me pardonner. Je voyais cette souffrance, ces mots que j'avais dis, qui le faisaient toujours souffrir. Je n'avais que dix-sept ans, et le suicide de maman avait laissé une douleur et une colère. Et j'étais terrifiée à l'idée de ne plus l'avoir près de moi.
Malheureusement, aujourd'hui nous ne nous parlons plus. Pas uniquement pour celà, mais parce que j'ai dévoilé les atrocités que j'ai vécues avec deux autres de mes frères et mon père. Etait-ce une façon de me punir ?
Aujourd'hui, trente-trois ans sont passés, et je reste toujours exclue de ma famille.
_ "Alors, mon frère, je voudrais juste te dire, que je n'avais que dis-sept ans, ce soir là, et chaque jour je regrette ces paroles qui m'ont éloigné de toi, de vous. Et j'ai toujours peur !
Tu me manques terriblement, vous me manquez tous terriblement...
Pardonnes moi !!
Ta petite soeur qui aujourd'hui encore, pleure bêtement en écrivant ses mots.
Je t'aime mon frère...
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