Chapitre 2 : Au rythme de ses doigts !
Musique proposée : Wrong Side of Heaven de Five Finger Death Punch, qu'on vous suggère pour son rythme de batterie intéressant.
Alors que je dormais plus ou moins profondément, un son que je connais plutôt bien me réveille, un battement régulier et varié à la fois, un rythme d’accompagnement parfait ; un instrument que j’affectionne tout particulièrement… une batterie ? En tendant un peu plus l’oreille, je me rends rapidement compte qu’il s’agit de doigts tapant en rythme sur une des longues tables de l’amphi. Je lève alors doucement les yeux pour balayer la salle afin de déterminer d’où provient ce rythme mélodieux qui ravit mes tympans. Après quelques recherches lors desquelles mon regard a rapidement passé en revue quelques filles qui ne m’intéressent aucunement et des mecs sans réel potentiel à mes yeux, je tombe enfin sur le petit batteur de l'amphithéâtre. Je détourne le regard après m’être rendu compte que j’avais peut-être fixé son visage concentré un peu trop longtemps. Il est sacrément bandant et sexy !
Mon regard descend depuis sa chevelure dorée jusqu’à ses bras imberbes, pour finalement atteindre le bas de son dos, qui annonce un prolongement plutôt intéressant. Je ne me suis pas fait beaucoup de petits blonds ; de plus, il semble avoir le rythme dans la peau : il faut que je l’aborde à la fin du cours !
===PDV de Léo ===
Malgré tous mes efforts, le cours de théorie macroéconomique, et surtout ce prof, sont d’un ennui mortel, et parviennent à terrasser ma motivation habituelle. Machinalement, je me laisse emporter par le rythme que j’ai en tête, et tapote de mes doigts, ce “Bam Bim Badam Bam Boum”...J’aimerais bien pouvoir mettre ça en pratique sur un vrai instrument… Cependant, ce n’est pas avec ma maigre bourse étudiante et le peu de revenu de mes parents que je pourrai acquérir une batterie. Je me satisfais alors en attendant d’exprimer mon art sur les surfaces qui produisent un bruit musicalement intéressant, tout cela en veillant à rester plus ou moins discret, n’aimant pas tellement me faire remarquer.
Pris à fond dans ma musique, je me rends seulement compte que le cours est terminé lorsque je vois une foule d’étudiants se presser vers la sortie. Alors que je range également mes affaires, je vois un mec assez atypique s’approcher, plongeant ses yeux d’un violet étrange dans les miens. Il est assez imposant, bien plus que moi, qui ne l’est pour ainsi dire, pas du tout. Ses mèches blondes et ses boucles d’oreilles lui confèrent un côté vraiment original qui doit sûrement en intriguer plus d’une.
Il s'avance encore plus vers moi, s’assied sur la table en contrebas de celle où je m’étais installé, et me fait un immense sourire avant de s’écrier :
— Salut, moi c’est Alan Walk, ça te dirait de rejoindre mon groupe ?
— Euh… comment ça, ton groupe ?
— Bah, je sais pas, t’as l’air d’avoir le rythme dans le sang, mec !
— Ah… oui, c’est vrai que ça me plairait bien, mais tu sais, j’ai pas de matos, la seule fois où j’ai touché une batterie, ça remonte… ça devait être dans un magasin de musique, je crois.
— No problem ! J’ai à peu près tout ce qu’il faut chez moi ! Tu veux venir voir après les cours ?
Il m’a l’air bien entreprenant ce… Alan Walk. Son nom m’évoque quelque chose, mais je ne sais plus trop quoi… Bien que sa proposition soit intéressante dans l’absolu, je n’aime pas trop les fils de riches, ce qu’il a bien l’air d’être, et tente alors de me faufiler hors de sa portée.
Il semble bien déterminé, puisqu’il me retient par la manche, et reprend :
— Tu vas voir, on est déjà plusieurs, et puis, rien ne t’engage à continuer ! Mais je te le dis, cette année, on va monter un sacré groupe !
— Mais je suis complètement débutant, je ne pense pas pouvoir vous apporter grand-chose.
— Pas grave ! Attends, je vais te montrer quelques photos de ce que j’ai, ça va te donner envie !
Je me force à l’écouter quelques minutes de plus, même si j’aimerais bien aller manger et réviser mon cours tranquillement. Lorsqu’il allume son téléphone, j’ai le temps d'entr’apercevoir… des photos de mecs à moitié à poil… avant qu’il ne retourne furtivement sur son écran d’accueil. Sans que je le lui demande, il se justifie :
— T’inquiètes, c’est juste une appli de rencontre.
— De rencontre … de garçons ?
Ce mec est de plus en plus dérangeant, et j’ai une furieuse envie de décamper, mais maintenant que j’y suis, je me sens obligé de l’écouter jusqu’au bout.
— Bah ouais, bien sûr !? Donc voilà vite fait mon studio, tu vois, alors...
Il m’explique qu'il possède une chambre avec un grand lit double permettant toutes sortes « d’activités intéressantes », pour reprendre ses mots, même si je ne comprends pas bien pourquoi il me donne ce genre de détail. Il continue sa description en me montrant sa grande pièce salon/cuisine ouverte à l’américaine, ainsi que son immense salle de bain. Tout cela renforce encore ma première intuition… c’est définitivement un gosse de riche ! Il finit par me montrer ce qu’il appelle “sa pièce secrète” : un immense studio de musique avec batterie, synthé et quatre ou cinq guitares. Vraiment impressionnant ! Après avoir terminé son room tour photographique, il continue en lançant, toujours aussi déterminé :
— Si tu veux, tu peux passer à disons … huit heures et demie ce soir !
Sur cette dernière phrase, il fait volte-face en me donnant une tape sur le cul, et repart de sa démarche… disons assurée mais maniérée.
Pourquoi est-il si … intime ? Décidément, ce type est vraiment étrange ! Je crois que si je ne veux pas me faire draguer, ce serait plutôt une bonne idée de refuser son invitation… Je n’y pense d’ailleurs presque plus au cours de l’après-midi, me concentrant sur les explications des prof, malgré l’étrange sensation d’être observé de temps en temps. C’est seulement en rentrant dans mon appart, casque sur les oreilles, que je repense à cette étonnante proposition. Finalement, pourquoi ne pas tenter la chose ? Il sera toujours possible de prendre congé de cet énergumène si quoi que ce soit dérape…
Enfin… et merde ! Il faut que je réfléchisse à cette dissertation sur les liens entre l’innovation et le monopole. J’en aurai pour facilement trois heures... Bon, tant pis pour l’autre.
Annotations
Versions