Chapitre 8 : Le pouvoir de la musique
Pour ce chapitre nous vous emmenons dans une dimension musicale très particulière. Est-ce que vous vous êtes déjà demandé ce que rendais une mandoline mélangé à du rock ?? Nous, oui !
On vous propose donc un cover joué par deux mandolines... courage à vous : Tool Lateralus par Maskedinsanity & Pop
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Non mais, il est pas possible lui… qu’est-ce qu’il a à me tripoter comme ça ! Je ne suis pas comme lui, il pourrait le comprendre ! J’essaye de me calmer, mais j’en suis incapable… je poursuis alors sur le coup de l’énervement :
— J’ai une copine, depuis deux ans, elle s’appelle Louane ! Alors arrête tes conneries tout de suite !
Alan ne répond pas et m’observe d’un air légèrement surpris, avec une retenue soudaine et assez inhabituelle. Il ne devait sûrement pas s’attendre à me voir réagir de cette manière, moi qui suis d’un naturel calme et réservé. Même lui qui ne me connaît que depuis deux jours, a dû s’en rendre compte, et il s’est peut-être dit qu’il pouvait en profiter… Deux jours et il commence déjà à me draguer, ce mec n’est vraiment pas net. Je savais que venir ici était une erreur, j’aurais dû me fier à mes premières impressions et fuir dès le début. C’est d’ailleurs ce que je m’apprête à faire alors qu’Alan n’a toujours pas daigné ouvrir la bouche pour s’excuser…Je le regarde un instant; alors qu’il s’était renfrogné, il lâche extrêmement sérieusement :
— Désolé Léo, je croyais que … tu étais gay aussi !
— Bah non je ne le suis pas ! répliqué-je sur un ton semblable.
— Bah désolé mais on dirait pas !
Il est sérieux, là ? C’en est trop, ne supportant plus sa présence et son air supérieur, qui essaye de s’immiscer dans ma vie, je m’approche de la porte, et alors que je pose ma main sur la poignée, je sens celle-ci se baisser sans que je ne fasse pression dessus. La porte s'ouvre, puis un mec roux débarque sans aucune gêne. Ça doit être ce fameux Roger dont m’a parlé Alan tout à l’heure, que dois-je faire ? Je suis coincé, là… s’enfuir maintenant serait impoli et irrespectueux. Je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir avant que cet étrange personnage me tende la main :
— Salut, moi c’est Roger Delatry ! Tu dois sûrement être Léo, Alan m’a parlé de toi !
— Euh oui, déjà ? Moi c’est Léo Cormoran… euh, enchanté !
— Yo ! Sale roux, je te présente le nouveau batteur de notre groupe. Il gère vraiment, faut que tu voies ça ! intervient Alan avec enthousiasme.
— Ah ouais ! À ce point ? rétorque Roger en m’interrogeant du regard.
— Euh… disons que j’ai l’air de me débrouiller.
Je rougis intensément, ne savant plus vraiment où me placer entre ces deux phénomènes, même si ça ne fait que quelques minutes que j’ai rencontré Roger, je comprends tout de suite pourquoi ces deux-là sont amis, ils ont l’air exactement pareils. Coincé entre les deux énergumènes, je commence à réfléchir à quelle excuse trouver pour tenter de fuir discrètement, mais Alan me prend par le bras et m’entraîne avec lui vers sa salle de musique, suivi de Roger, qui ne tarde pas à sortir le contenu de ce que je croyais être une housse de guitare; cependant une sorte de… mandoline apparaît sous mes yeux ébahis. Alors que je m’interroge sur l’origine de cet instrument, Alan coupe court à ma réflexion en déclarant :
— Ah ouais ! Je vois que tu ne rigolais pas quand tu parlais de ta mandoline !
— Bah ouais ! Et tu vas voir je me suis un peu entraîné, c’est une tuerie !
— Ça ne peut que être mieux que ta vièle de la semaine dernière ! dit-il en s'esclaffant.
— Arrête, mec ! C’était insane la vièle !
— Euh… pas vraiment. Léo t’as vraiment de la chance d’avoir échappé à ça, lance-t-il à mon égard, malgré le talent de Roger à utiliser des instruments disons « originaux », la vièle ça ne passait vraiment pas.
— Euh ok ! Mais d’où ils sortent ces instruments ?
— Ah ça ! C’est mon père qui tient une boutique d’instruments de musique et il récupère souvent des vieux machins ou des instruments méconnus, alors je parfois je m'amuse avec ! me répond Roger, comme si c’était tout à fait normal.
La bonne humeur de Roger, couplée aux fous rires que nous procure ce nouvel instrument, me font en partie oublier les éléments précédents et ma colère face à Alan. Lui ne semble pas relever davantage et commence à jouer, rapidement suivi par Roger et sa mandoline. Je suis abasourdi par son talent : comme l’a dit Alan, il réussit avec brio à produire à partir d'un instrument aux apparences plutôt anciennes un rythme assez moderne, qui colle parfaitement avec la guitare d’Alan. Quant à moi, je retourne sur la batterie et essaye de trouver un rythme qui leur permet de s’exprimer pleinement. Les morceaux improvisés, les fous rires et les fausses notes de la mandoline, qui sonne quelques fois de façon peu harmonieuse, ne s’arrêtent plus. Cet instrument est vraiment extraordinaire, je ne m’en serais jamais douté ! Nous nous amusons encore pendant de longues minutes, sans que les évènements passés reviennent sur le tapis, avant que nous décidions tout de même de nous quitter. Roger a un rendez-vous avec une fille qu’il vient de rencontrer ; je comprends alors au vu de ces mots fleuris, « une meuf bien formée que je vais me faire une joie d’enfourcher telle une botte de foin », qu’il semble vraiment similaire à Alan, mais en hétéro. J’en profite alors pour fuir également, prétextant que j’aimerais m’avancer dans mes révisions, ce qui n’est en fait pas un prétexte étant donné que je vais vraiment occuper ma soirée à cela. Pendant que je marche tranquillement pour retourner à mon appart, sifflotant gaiement le dernier air que nous avons joué, je me rends compte que cette après-midi n’était pas si terrible que ça, et que j’ai vite oublié le passage du téléphone. Mine de rien, c’est fou le « pouvoir de la musique » !
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