Pour ce chapitre, nous vous proposons un des plus grands classiques du Rock : Thundersruck d'AC/DC. Nous vous laisssons découvrir pourquoi ce choix au fil de votre lecture.

Et pour votre plus grand plaisir nous vous informons que la suite et d'ores et déjà en cours de création, ce qui veut dire que l'attente ne devrait pas être trop longues.

Plein de bisous, les deux gallinacés férus d'écriture !

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===Point de vue Léo===

De retour dans la loge, je me remémore ces deux inconnus qui m'impressionnent par leur prestance et surtout l'acceptation de leur homosexualité et leur couple, même Alan pourrait s’en inspirer à mon humble avis. Humble, car c’est bien la première fois que je suis entouré d’un tel essaim de mecs gays. Par association d’idées, je me surprends à comparer Alan à une grosse guêpe vibrionnante, qui tournoie sans arrêt autour de sa cible, puis vient la piquer astucieusement lorsqu’elle détourne l’attention. Quelle idée d’avoir tout d’un coup voulu aborder ces deux mecs ! Certes, ils avaient l’air tout à fait sympathiques, mais cela ne m’a pas empêché de me sentir très mal à l’aise, comme si je n’étais pas à ma place. Enfin, j’ai tout de même apprécié que Renan et… Émilien semblent sortir ensemble depuis un long moment. C’est tout le contraire d’Alan, dont les conquêtes anonymes défilent à un rythme soutenu. Pourquoi fait-il ça d’ailleurs je me dem..

— Oh Léo ! T’es toujours avec nous ?

— Euh oui, bien sûr Alan !

— Tu avais l’air complètement perdu dans tes pensées. Je suis sûr que tu pensais à moi !

— Comment tu… Non, pas du tout ! Je me concentrais sur le premier morceau qu’on va jouer, Thunderstruck !

Pour appuyer mon propos, je me mets à battre la mesure à l’aide des baguettes, me concentrant pour être au plus proche des 134 battements par minute qui caractérisent le morceau. C’est un exercice particulièrement difficile que de savoir jouer à un rythme précis, et de s’y tenir pendant de longues minutes ! Il suffit d’un petit décalage pour que ses partenaires soient eux-mêmes complètement déphasés, et que l’ensemble résulte en une horrible cacophonie qui pourrait compromettre notre qualification pour la finale du McCartney Got Talents ! Au fond de moi, je me demande si ce ne serait pas souhaitable que l’aventure en reste là, et qu’Alan finisse par conséquent par me lâcher un peu. Je me ressaisis en me rappelant que je me suis bien entraîné - j’ai passé des heures à jouer avec une application métronome que j’ai installée sur mon téléphone -, et puis surtout, Alan - encore lui - m’a convaincu d’inviter Louane à assister aux prestations. Difficile de dire si cela va me rajouter de la pression ou au contraire sublimer mon jeu. Heureusement, la perspective d’une petite soirée au restaurant avec elle après notre passage me revigore !

Soudain, un membre de l’organisation se dirige vers nous et lance :

— Les Walkers, c’est à vous dans un quart d’heure !

Tandis qu’Alan bombe le torse, très fier d’avoir eu gain de cause pour le nom de notre groupe, je sens pour ma part une grosse goutte de sueur dévaler mon dos. Quant à lui, Roger ne semble pas particulièrement angoissé ; il est sûrement habitué aux délires d’Alan. Il y a des personnes qui sont ainsi, qui ne redoutent pas l’inconnu, ni de faire face aux gens… Ce n’est définitivement pas mon cas !

Au moment d’entrer sur la scène, j’essaie de faire abstraction des deux cents personnes qui attendent notre prestation. Louane doit se trouver parmi elles, mais je préfère ne pas perdre de temps à essayer de la retrouver dans le public. Alors que mes doigts sont devenus moites, je les essuie rapidement afin de pouvoir bien tenir les baguettes. Le candidat précédent, qui a réalisé une performance de chant, a quitté la scène sous des applaudissements nourris. J’espère que nous aurons droit à une ovation équivalente de la part des étudiants qui sont venus assister à l’évènement !

Comme nous n’avons qu’une petite dizaine de minutes pour notre prestation, nous avons choisi de jouer ce fameux morceau d’AC/DC, puis d’enchaîner sur une de nos créations des deux semaines écoulées. Nous entamons la longue introduction de Thunderstruck, en augmentant progressivement le volume. Une partie du public semble reconnaître la mélodie, c’est déjà une bonne chose ! Bien que nous ayons prévu de jouer une version uniquement instrumentale, Alan ne peut s’empêcher de hurler le célèbre ‘Thunder… Thunder…’ qui accompagne l’intro : il semble déchaîné ! Je le soupçonne d’avoir simplement voulu réaliser un de ses fantasmes de longue date en participant à ce concours, mais il se débrouille bien, et donne envie de le suivre dans son enthousiasme. Même si l’ensemble est perfectible, nous arrivons au bout du refrain sans raté majeur, et faisons la transition vers notre petite création originale. Heureusement, Alan et Roger avaient suffisamment d’expérience pour compenser les quelques erreurs que j’ai commises ! Nous avons choisi un tempo pas trop rapide pour ce deuxième morceau, afin de limiter le risque de fausses notes et de désynchronisation. Il faut bien admettre que même si je le trouve à nouveau correctement exécuté, le public réagit moins qu’avant. Forcément, les gens préféreront toujours ce qui est connu… peut-être que les juges valoriseront eux l’originalité. Enfin, nous ne serons probablement pas parmi les quatre sélectionnés pour la finale, ce qui m’arrangerait plutôt bien…

Je suis agréablement surpris par les applaudissements de notre public étudiant. Il est difficile de déterminer si ceux-ci sont de circonstance où si notre performance a réellement plu, mais je savoure pleinement ce sentiment assez particulier et grisant. Je pense que je ne suis pas monté sur une scène depuis le spectacle de fin d’année en CM2, lorsque nous avions joué une pièce en dialecte local à la plus grande fierté des parents d’élèves et des professeurs (alerte true story de Lampertcity)…

Les résultats seront connus à la fin du passage de tous les candidats. Ainsi, après avoir rapidement débriefé notre prestation avec un Alan encore à moitié en transe, je leur indique que pour ma part, je vais aller rejoindre Louane. J’ai suffisamment donné de ma personne ; j’ai maintenant droit à un peu de détente ! Alan et Roger semblent déçus :

— Tu ne voulais pas aller fêter notre performance au bar ?

— Bof, de toute façon on va être éliminés, les autres candidats paraissaient bien mieux préparés.

— Peu importe ! Si on se qualifie, on trinque à notre succès, sinon on boit pour se consoler d’une défaite inique ourdie par des juges corrompus !

— Bien parlé Alan ! s’exclama Roger. Et on essaiera de se trouver chacun un lot de consolation, si tu vois ce que je veux dire !

Je commence à être habitué aux tactiques sournoises d’Alan, mais cette fois-ci, j’ai une excuse valable, que dis-je, fondamentale ! Je ne vais pas laisser Louane. Heureusement, j’avais préparé ma phrase de sortie à l’avance.

— Vous êtes très gentils de proposer ça les gars, mais peut-être qu’on pourra fêter ça la semaine prochaine ! Allez, je ne vais pas trop faire attendre Louane.

— L’amour avant tout ! lance Alan avec un air exagérément sentencieux.