Chapitre 20 : Éducation musicale
Pour accompagner ce chapitre, nous proposons une version de Hotel California bien moins calme que l'original.
Bonne lecture à tous nos fidèles !
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== Point de vue d’Alan ==
L'enthousiasme de Chloé, qui souhaite rester plus tard que mes deux autres comparses, est inespéré ! Je l’invite à me suivre pour approfondir ce que nous avons entr’aperçu tout à l’heure. Voilà quelqu’un qui semble réellement s’intéresser à l’histoire de mes guitares ; qui me pose des questions tout à fait pertinentes !
Alors que cette agréable discussion semble toucher à sa fin, Chloé semble impatiente de faire quelques essais :
— Alors ça fait un long moment que je n’ai pas touché à une guitare… tu me laisserais tenter quelques accords sur la Stratocaster ?
— Heu… Oui, pourquoi pas si tu y tiens. Attends, je vais la brancher et on peut y aller !
Je n’ai vraiment pas l’habitude de prêter mes instruments de musique, même si je suis là pour surveiller que tout se passe bien ! Effectivement, Chloé est très hésitante, même au début sur la manière de tenir la guitare. Je l’aide d’abord rapidement à bien positionner ses mains, puis lui montre quelques enchaînements de notes simples qu'elle s’efforce de reproduire. Au bout d’un quart d’heure d’essais peu concluants, elle me dit :
— Décidément, je crois que je vais rester sur ma spécialité… Je suis plus habile de mes cordes vocales que de mes doigts ! ajoute-t-elle avec un petit rire.
— Si tu le dis !
— Tu saurais me jouer une partie d’Hotel California ? J’adore ce morceau.
— Euh oui, il me semble que j’avais déjà essayé. Attends, je la mets deux secondes sur mon téléphone pour bien me rappeler des accords.
J’entame alors le morceau devant une Chloé très attentive, qui me regarde avec un intérêt certain. Je trouve d’ailleurs que je m’en sors plutôt bien, pourtant je n’ai pas joué ce morceau depuis un moment. Au fur et à mesure qu’ils glissent sur les cordes et répètent les accords, mes doigts retrouvent progressivement la mémoire du morceau : c’est particulièrement agréable ! Les notes légèrement distordues viennent caresser subtilement mes oreilles ; ça y est, je suis en totale symbiose avec mon instrument. Concentré sur mes sensations, j’en oublie presque Chloé, qui se manifeste à la fin du morceau par quelques exclamations de surprise et de nombreux compliments.
— Si tu veux, je peux peut-être t’apprendre à chanter, ajoute-t-elle ensuite. Tu ne t’en es pas trop mal sorti pour Thunderstruck, mais un peu de travail ne ferait pas de mal !
— Ouais, je m’entraîne quelques fois et je pousse la chansonnette de façon quasi systématique sous ma douche.
— Qui ne fait pas ça ! Mais pour chanter sur scène, faut aller un peu plus loin, un vrai public est plus exigeant que des bouteilles de shampooing ! Enfin, c’est un bon commencement, tu as un début de voix prometteuse. Pour commencer, montre-moi ce que tu sais faire, avec Hotel California, vu qu’on était dessus.
Je refais alors les quelques notes d’introduction si caractéristiques avant de commencer à chanter du mieux que je peux : “On a dark desert highway, cool wind in my hair“. J’enchaîne sur la suite du couplet et le suivant pour finalement arriver au refrain, qui me donne toujours autant de frissons :
“ I thought I heard them say...
Welcome to the Hotel California
Such a lovely place (Such a lovely place)
Such a lovely face
Plenty of room at the Hotel California
Any time of year (Any time of year)
You can find it here “
À force de chanter, je me rends compte que la voix de Joe Walsh est assez difficile à imiter ; c’est alors que Chloé m’arrête en me disant qu’il ne faut pas essayer d’imiter un autre chanteur, mais au contraire essayer de trouver sa propre voix. Elle enchaîne en continuant les paroles, calant parfaitement sa voix sur ma guitare. Le rendu est juste grandiose : j’en ai des étoiles plein les yeux. Je la veux dans mon équipe !
À mon tour, je reprends à nouveau la main sur les paroles, essayant plusieurs styles et variations de voix pour arriver à un résultat me semblant correct : ni trop haut, ni trop bas, juste ce qu’il faut pour ne pas que je me bousille la gorge - comptant utiliser celle-ci pour d’autres activités. Chloé semble satisfaite :
— Ce n’est pas trop mal, mais si tu veux ajouter de la portée et de la puissance à ta voix, il faut d'abord travailler sur la posture et la respiration.
Ce faisant, elle appuie sa paume contre mon dos, l’autre sur mon épaule, pour que je me redresse au mieux. Je n’ai pas beaucoup l’habitude de me faire toucher par une fille, mais en ce moment, c’est pour la bonne cause, même si je ressens vraiment une sensation étrange - comme si elle insistait et profitait de ce moment.
Après avoir enchaîné divers exercices qui me permettent de mieux contrôler ma voix, sous l’oeil très attentif de Chloé, je constate des progrès intéressants. Dans quelques semaines, j’aurai sûrement une voix tout à fait correcte. Pour moi qui d’ordinaire suis un autodidacte chevronné, j’ai apprécié ce petit cours improvisé. C’est son cas également, puisqu’elle me propose de passer à nouveau le surlendemain.
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Le lendemain matin, revoir Léo me fait grand plaisir, surtout après avoir passé cette après-midi d'hier, ma foi grandiose, durant laquelle j’ai pu observer allègrement son postérieur des plus plaisants lors de notre petite session de course à pied. Je dois bien admettre que plus je passe de temps avec lui, plus je m’interroge sur mes réels sentiments à son égard, mais surtout quant au réel fondement de son hétérosexualité. Quelques petites choses dans son comportement me laissent espérer qu’il n’est peut être pas aussi hétéro qu’il le croit. Ne serait-ce que certains petits regards dans ma direction qui peuvent en dire beaucoup, comme hier lorsque je me suis changé ou que je suis resté torse nu à ses côtés le temps que Roger nous rejoigne. À ce moment-là, je n’ai senti aucun mouvement de recul de sa part ; j’aurais presque pu le toucher. Et puis sa façon de se comporter, cette gêne permanente quand nous nous retrouvons tous les deux, son teint cramoisi qui refait surface à ma moindre parole un poil tendancieuse. Enfin bref, mon gaydar semble être en pleine activation face à lui. Et d’habitude, il ne se trompe que rarement.
En plein cours de finance d’entreprise, alors qu’une envie soudaine de soirée emporte toute mon âme, je lui propose avec entrain :
— Dis Léo, ça te tente d’aller boire un verre ce soir avec Roger et Chloé, pour fêter son arrivée dans notre groupe ?
— Euh oui pourquoi pas ! Mais es-tu sûr qu’elle veut bien rejoindre notre groupe, elle semblait indécise hier encore.
— Ne t’inquiète pas pour ça, vu la façon dont elle m’a dragué hier soir, à mon avis mon charme légendaire a encore fait des ravages.
Je vois alors Léo rougir de nouveau de manière incontrôlée, ce qui renforce ma conclusion précédente.
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