23 : Colt 45
Quartier Chennevières
Saint-Ouen l’Aumône (95)
Fin janvier 2011
Le premier jour
22:35
La fliquette sécha la larme qui perlait sur sa joue.
— Wilfried, on a retrouvé l'arme du crime ?
Furhmann fouilla dans ses poches et tendit à la commissaire un pistolet sous plastique.
— Ouais, un Colt 45, avec les douilles correspondantes. Les empreintes relevées sont celles d'Eagle...
— Il n'y a absolument rien qui colle dans cette histoire !
— Je ne vous suis pas, Marina… souffla son homologue des Stups, décontenancé.
— On cherche à nous balader là ! Le même type de revolver que pour l'affaire Triviani, un coupable servi sur un plateau d'argent... Il est des coïncidences qui n'en sont pas !
— Que veux-tu dire, petite sœur ?
— Pour moi, tout est lié. Mais l'élément qui m'intrigue le plus est le rôle que jouait Jonath' dans un trafic d'une telle envergure... Dire qu’il est venu se faire descendre à moins de cinq kilomètres de chez moi !
— Tu n’y es pour rien, ma belle…
— Je sais bien, Marco. Mais tu vois, on s’est toujours manqués, lui et moi. Et je suis là, à enquêter sur les circonstances de sa mort…
Silence.
— Le Floch, faites une enquête de voisinage. On ne sait jamais, peut-être qu'avec un peu de chance, un quidam aura vu quelque chose.
— Que cherches-tu exactement, Mari ?
— Quoi ? rétorqua la commissaire avec humeur. C’est pas comme ça qu’on fait, rechercher des indices, des témoins pour débusquer le coupable ?
— Quelle est ton idée au juste ? Je te connais, tu ne fonces jamais sans réfléchir...
— Sans vouloir trop m'avancer, je ne serais pas étonnée que Cash soit le responsable de cet alambic.
— A ma connaissance, il n'a jamais trempé dans des affaires de drogue, objecta Furhmann.
— Sauf qu'il n'est pas impossible qu'il ait noué des liens avec un parrain de la dope durant son séjour carcéral.
L’homologue de Marquance entra les deux noms dans le fichier central via son ordinateur portable.
— Bingo, Marina ! jubila Wilfried. Eagle et Cash ont séjourné à Fleury à la même époque.
— Ah, ben voilà l'info qui nous manquait !
— Là, sœurette, je m'incline parce que tu fais très fort...
— Je vais pouvoir obtenir un mandat d'amener auprès du procureur afin de mettre le Caïd de Sarcelles en garde à vue dès la première heure demain matin. En attendant, on va faire un brin de causette avec le proprio de la Béhème, histoire de se rencarder sur les fréquentations de son pote Bouba...
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