Un entrepôt désaffecté

au sein d’une friche industrielle,

Grande banlieue sarcelloise (95)

Fin janvier 2011

Le deuxième jour

09:15

Barre à mine et pince coupante au poing, les deux maghrébins longeaient le couloir humide.

— Putain, ça caille ! se plaignit Samir.

— La ferme... rétorqua Karim. J’ai pas envie qu’un de ces types nous tombe sur le poil.

— S’ils l’ont touchée, frérot, je te jure que je leur éclate la tronche…

— T’emballe pas !

Ils se postèrent devant une porte métallique à la peinture écaillée, dont l’accès était verrouillé par une chaîne cadenassée.

— Mel ? T’es là ? C’est moi, c’est Samir… hurla le cadet en s’excitant sur la poignée comme un forcené.

— T’es ouf ou quoi ? Tu vas rameuter tout le quartier en beuglant comme ça !

— Sam', je t'en supplie, sors-moi de là… fit une petite voix féminine et plaintive.

L’aîné se mit à cisailler la chaîne à l’aide de sa pince, sans grand succès. Au loin, on entendait des bruits de bottes résonner, se rapprocher.

— Grouille-toi ! pressa Samir.

Enfin, le métal céda. Karim utilisa sa barre à mine pour faire levier afin de forcer la porte. Soudain, un coup de batte de base-ball s'abattit sur la nuque de son frangin. Lui-même n'eut pas le temps de réagir et fut molesté par deux armoires à glace avant de s'effondrer à terre.

— On embarque la fille… ordonna Omar. Et toi, petite bite, t'as intérêt à ramener vite fait la tune que tu dois à Eagle si tu veux revoir ta meuf vivante !

Il cracha sur le corps inanimé du cadet des Assouyef, et introduisit la clé dans la serrure. Le battant s'ouvrit sur le visage terrifié de l'aspirante-mannequin. Les deux molosses lui sautèrent dessus malgré ses hurlements, rapidement atténués par le bâillon qu'ajustait le gros black. Puis, il la ligota avec de la ficelle alimentaire avant de la jeter sur ses épaules, tel un vulgaire sac de patates. Et ils mirent les voiles.