43 : Déflagration
Abords d'un entrepôt désaffecté
au sein d’une friche industrielle,
Grande banlieue sarcelloise (95)
Fin janvier 2011
Le deuxième jour
09:27
Une bise glaciale cueillit les deux maghrébins au sortir de l'ancien bâtiment à vocation économique, au décor aussi sombre et humide que délabré. Leurs yeux, plissés par la lumière aveuglante, presque trop criarde, avaient du mal à s’habituer à la clarté prononcée d’un soleil d’hiver rasant. Encore sonnés par leur rencontre avec l’état-major du Caïd de Sarcelles, les deux frangins regagnaient péniblement l’endroit où ils avaient laissé leur véhicule.
Plus rapide que son aîné, Samir s’énervait déjà sur la poignée de la portière alors que Karim traînait la patte à quelques encablures de là.
— Magne-toi bordel ! Il faut qu’on les rattrape !
Karim fouilla ses poches.
— Calme-toi, frérot. De toute façon, ils sont déjà loin…
— Putain mais active-toi, merde !
— Attends que je retrouve les clés… Les voilà.
Karim appuya sur la télécommande d’ouverture à distance de la 806, et au moment où les feux émirent leur premier clignotement de déverrouillage, une détonation sourde le fit se jeter à terre d’instinct. Le monospace Peugeot s’embrasa instantanément.
— Samiir ? Samiiiiiir ? SAMIIIIIIIIIIIIIIIIR !
Le cadet des Assouyef, à cet instant critique trop proche de l'automobile familiale, avait été soufflé par la déflagration, et les débris divers qui avaient été expulsés par l’explosion l’avaient mortellement blessé.
L’œil humide, à demi étouffé par les sanglots qui s’étranglaient dans sa gorge, Karim convulsait. Étendu dans les herbes folles, son regard troublé ne quittait pas le corps sans vie de son frère. Pour la première fois depuis le décès de son père, le jeune homme pleura à chaudes larmes et hurla sa douleur à plein poumons :
— NOOOOON !
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