Nuit
J’étais dans le noir. Par la fenêtre, la lumière de la lune donnait à la pièce une allure inquiétante. Je m’étais réfugiée dans l’ombre de l’armoire qui s'étirait jusque sous les rideaux. Je tremblais, je me sentais comme une feuille morte piétinée par une horde d’écoliers impatients d’être enfin en vacances.
Les muscles douloureux de mon dos me semblaient à présent aussi durs que la pierre. Mais je n’étais pas là.
En réalité, je flottais au milieu de la pièce, au-dessus de mon lit. L'odeur douce et amère qui s'échappait des draps m'écoeurait. Je refusais de refaire surface. Mes cheveux gouttaient sur le sol. Il devait faire dix degrés mais, insensible au froid, j’étais hypnotisée par la brume qui s’échappait de ma bouche : blanche, fine, se perdant peu à peu dans la pénombre.
Ma peau, flétrie après le bain qu’il m’avait fait prendre, commençait à tirailler. Je passais mes doigts le long des sillons que l’eau avait creusés comme pour déchirer cette carcasse étouffante. J’imaginais sûrement que mes membres s’étaient disloqués sous le choc. Je devais être morte à présent.
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