J’allume la télévision, le programme débilitant qui m’est proposé m’incite à la sieste. Je m’éveille vers cinq heures avec la sensation étrange de n’être pas seul, pourtant, après examen de ma chambre, je constate que je le suis. Cependant, le rideau qui bouge m’avertit soudain d’une présence ou de ce qui fut une présence… Je suis bloqué, que faire ? Ne voulant pas mêler le personnel hospitalier à mes histoires, je n’appelle personne. Lorsque Arnaud arrive vers six heures, il me dit qu’après avoir fait toutes les pistes de ski, visité tous les refuges, parlé avec le personnel de la station et des restaurants, il n’y a toujours pas trace de la belle. Je m’en doutais. Soudain me vient à l’esprit une amorce de piste :

• Va visiter les agences immobilières » demande-je à mon ami.
  

Il ne répond rien, ne semble pas surpris, habitué qu’il est de travailler avec moi. Nous restons deux heures à discuter entre potes, puis il me quitte promettant que dès qu’il aurait des nouvelles de venir m’avertir. Je ne lui ai pas parlé du fantôme de tout à l’heure, inutile de l’inquiéter car je crois savoir de qui il s’agit. Je sonne prétextant une petite faim et j’ai la chance de revoir ma douce et brûlante partenaire de jeu de tout à l’heure, je l’attrape par les hanches et elle me sourit croyant déjà remettre le délicieux repas qu’elle vient pourtant juste de dévorer. Les bonnes gourmandes sont celles que je préfère ; cependant je dois questionner celle-ci, car il m’est venu à l’esprit qu’elle seule avait permis l’entrée du fantôme de tout à l’heure. Au vu du système de filtrage de l’hôpital, uniquement quelqu’un y travaillant pouvait introduire une tierce personne dans les chambres sans que celle-ci soit annoncée. Je lui décroche mon regard d’acier :

• Qui était derrière les rideaux tout à l’heure ?

La belle se trouble un brin mais ne cille pas :

• Je ne vois pas de quoi vous voulez parler ? me répond elle d’un air détaché.

Cela mérite un interrogatoire plus poussé : je lui attrape son petit bout rose et le pince cruellement, elle évite de crier, toutefois ses lèvres se crispent. Mon regard s’est fait noir :

• Allons petite, ne joue pas à ça avec moi !

J’accentue la pression jusqu’à ce que de petites larmes viennent couler sur ses joues :

• Je lui avais dit que c’était dangereux et qu’on pouvait se faire prendre... hélas ma sœur m’a promis que tout irait bien. Tu comprends elle aime voir sans être vue.

Ainsi l’intuition que j’avais eue ne se révélait n'être qu’une histoire de voyeurisme. Je lâche mon étreinte et soudain la petite s’enfuit en hurlant le long des couloirs. Je comprends trop tard dans quel guêpier je me suis mis. Une fois de plus je me suis fait avoir par une truqueuse de dés. Sa sœur ou complice ira sans doute crier au viol de ma part, et ainsi l’autre aura les coudées franches pour m’évincer.

Je prends mon courage à deux mains pour me lever et m’habiller, la douleur intense que je ressens n’est rien face à ma détermination. Contrairement à sa première intervention, Arnaud surgit au juste moment. Je n’ai pas le temps de lui expliquer, nous enjambons la fenêtre pour arriver sur une grande terrasse qui surplombe le parc de cette institution. Il y a bien deux mètres jusqu’au sol et c’est pour moi impossible à franchir. Arnaud retourne dans la chambre et noue ensemble les draps, je comprends vite sa stratégie et l’aide à confectionner une corde que nous attachons à la barrière de fer. Arnaud passe en premier pour me soutenir. Je ne regrette pas les heures passées aux fitness, car c’est avec la simple force de mes bras que je soutien le poids de mon corps. Arnaud a eu l’idée de prendre une canne qui traînait dans l’armoire de la chambre, ainsi je peux ainsi m’aider de celle-ci pour avancer. Malheureusement je le ralentis, il file à la course devant moi. Il revient quelques secondes plus tard au volant d’une Mercedes flambant neuve ; je saute à l’intérieur et nous partons sur des chapeaux de roues. Je visionne, dans les rétroviseurs, des poursuivants qui s’éloignent à mesure que nous prenons de la distance. Je demande à Arnaud de s’arrêter dans une pharmacie pour prendre un anti-douleur niveau cinq.