A première vue
Sincèrement, je dois l’avouer, j’ai trouvé ça beau. Ouais ! J’étais heureux, enfin, moi aussi j’étais comme vous.
Mais bon, rien à voir avec la féérie qu’on m’avait vendue. Le ciel était terne, recouvert d’un voile ne laissant traverser qu’un pâle rayon jaune. Pas de nuages cotonneux en touffes gorgés d’une lumière aveuglante, pas d’oiseaux virevoltant en couple, pas d’infini où le soleil fait des clins d’œil à la lune. Rien. Il y avait bien plus de lumière dans la chambre d’hosto que dehors.
D’ailleurs, un hosto, c’est moche ! Les couleurs, c’est pour les cons ? Tout est terne, fade, triste ; déjà que ça pue !
Et on garde le meilleur pour la fin : Les gens.
Désolé, ne le prenez pas mal mais, après avoir fantasmé le truc pendant aussi longtemps, faut avouer que ça fait un peu « plof » le moment venu. C’est con, je sais, mais que voulez-vous, c’est ce que je ressens.
D’ailleurs, pour l’instant, je refuse d’aller devant un miroir. J’ai trop les boules de me trouver dégueulasse. Je suis dégueulasse ? Probablement. Depuis toujours on me fait des courbettes, on me congratule, on me décrit monts et merveilles ; et que c’est beau, et que c’est chaleureux, et que c’est coloré. Et que ta gueule ouais ! Tu sais (tu pensais) que jamais je pourrais le vérifier alors rien à foutre, autant en faire un bisounours docile.
Franchement, je m’excuse de vous heurter, je sais que vous pensiez bien faire, que vous le faisiez pour moi. Ne m’en veuillez pas trop, demain je veux bien refaire un essai. Mais demain. D’ici là, j’aimerais juste fermer les yeux et revoir les choses comme d’habitude.
Mes choses.
Mon habitude.
Demain Sharky sera là. Il sera beau, je pourrai voir ses yeux, ses moustaches, sa couleur.
Vivement demain.
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