Chapitre VIII.2

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La salle 227… Io n’était plus le même en en ressortant. Avant d’entrer, il n’avait qu’un seul objectif : détruire des ordinateurs. Il était prêt à tout pour réussir, prêt à affronter autant de gardes ou de robots qu’il faudrait. En ressortant, son objectif n’avait pas changé (il savait même exactement où trouver les ordinateurs), mais ses pieds ne touchaient plus le sol. Ou du moins, il ne s’en rendait plus compte.

Quand il avait voulu entrer dans la salle 227 pour y recueillir des informations, il avait d’abord essayé de désactiver la serrure, la porte semblant fonctionner par reconnaissance d’empreinte, ou n’importe quel autre système d’ailleurs mais en tout cas elle refusait obstinément de le laisser passer. Aussi Io avait-il décidé, par pur esprit de vengeance, de faire sauter cette porte récalcitrante.

A partir de la perceuse dont il s’était servi pour tenter en vain de forcer le boîtier commandant l’ouverture, son arme prit quelque ampleur : dans l’instant qui suivit la pression d’un bouton, le canon s’élargit considérablement jusqu’à pouvoir servir de lance-roquettes s'il le fallait, la crosse se dédoubla et grossit pour permettre une prise en main parfaite, et une quantité impressionnante de munitions se chargea en un seul déclic qui à lui seul suffirait à terrifier quiconque ayant appris à le reconnaître.

Et puis la porte vola en éclats, et Io bondit à travers elle en agrippant son arme de ses deux mains, prêt à pulvériser la première centaine de robots qui apparaîtrait dans son champ de vision. Mais il n’y avait aucun robot dans la salle 227, ni aucun garde.

Heureusement.

Car Io n’aurait absolument rien put faire contre eux : immobile, pétrifié, ce qu’il vit lui coupa le souffle.

Tout d’abord il ne comprit pas pourquoi cette vague silhouette noire l’avait stoppé dans son formidable élan et figé ainsi sur place ; et puis quelques éternelles fractions de secondes plus tard son cerveau lui appartint de nouveau, la vision lui revint avec une précision foudroyante, et il n’avait plus besoin d’explications. Une fille en noir, c’était bien une fille car les anges étaient blancs.

Elle était assez petite, plus petite que lui en tout cas. Ses longs cheveux étaient d’un blond d’une pâleur extrême, qui faisait penser au tout premier rayon de soleil encore faible et fragile après une nuit froide, mais empli de promesses, et de pureté. Ils étaient maintenus par un bandeau noir qui lui ceignait la tête, en passant derrière ses fines oreilles, et ils retombaient derrière elle lisses, droits et splendides ; son bandeau cachait en outre une peau fraîche qui paraissait infiniment douce, comme si elle affrontait les rigueurs de l’extérieur pour la toute première fois. Ses lèvres étaient du rose même que leur avait donné la nature, et elles dessinaient une bouche fine mais large, parfaite.

Io avait à peine remarqué ses vêtements noirs, à part qu’elle les portait très amples sans que cela parvienne à masquer la finesse de sa taille. Et elle ne portait aucun bijou, mis à part les deux plus beaux de tous : une émeraude et un saphir, ses yeux. C’était étrange mais merveilleux : un œil bleu et l’autre vert, tous deux d’une teinte éclatante, conféraient à son regard une puissance, un attrait extraordinaires, si bien qu’il suffisait de croiser ces deux gemmes au milieu de son adorable visage pour s’y perdre pendant une éternité, labyrinthes infinis de la beauté inaccessible et souveraine.

Et quand Io parvint enfin à quitter ces dédales somptueux, pour avoir une vue d’ensemble sur toutes ces merveilles, il vit que ces yeux, si beaux, si purs, n’exprimaient rien d’autre que de la terreur. Une terreur profonde, et c’était lui qui en était la cause, ainsi que de la panique générale qui s’emparait de la salle 227.

Elle partit en courant. Io était seul dans la salle.

Il mit un long moment à se ressaisir. Jamais il n’aurait cru pouvoir ressentir quelque chose d’aussi fort ; il savait aussi qu’il en serait à jamais changé, sans doute bien plus encore que par l’arrivée du Message.

Si belle…

Encore une chose que la Société lui avait cachée, cette fichue Société qui avait voulu lui faire croire qu’il n’existait pas de bonheur plus grand qu’une existence en son sein ! Cette pensée permit à Io de récupérer un peu de maîtrise sur lui, et de faire en sorte que la vision de cette fille, qu’il savait incrustée à jamais dans son esprit, ne le paralyse plus mais l’accompagne en le fortifiant, à un tel point qu’avoir l’esprit ainsi environné d’une telle splendeur lui permettrait d’accomplir des miracles, pour peu que l’occasion lui en soit donnée.

Io poursuivit donc sa mission, les ordinateurs de la salle le renseignant sur la localisation de ceux qu’il voulait détruire.

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