Epilogue
Quelques mois après avoir écrit les pages qui précèdent, j'ai appris que ma mère avait décidé de s’en aller. Elle qui pouvait être partout, n’était désormais plus nulle part. Elle s'en est allée, fâchée pour toujours. J’ai voulu alors effacer, rayer, modifier ou changer tous les mots les plus durs de ces lignes. J’ai voulu supprimer le texte dans son entièreté, aussi. Mais je ne peux pas faire comme si ce que j’avais vécu n’avait jamais existé. J’aurais voulu, d’une force ineffable, qu’elle puisse être différente mais cette histoire est la mienne. La nôtre. Le défi de ces mots réside désormais dans la destruction du tabou concernant les enfants de parents alcooliques.
J’ai perdu ma mère. Deux fois. Et malgré l'immense peine et la colère qui peuvent m’habiter, je ne lui souhaite qu’une seule chose, ce que je lui souhaite profondément depuis toujours : qu’elle puisse enfin trouver la paix.
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Plus tard, un beau matin, malgré le chagrin qui me pesait encore sur le ventre, j'ai embrassé Pedro qui dormait encore, j'ai maquillé mes yeux bleus, j'ai apprécié mes taches de rousseur et j'ai ouvert, en grand, les volets.
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