Un être presque parfait
Rapport du professeur Garcia Carlos N°1.
Sujet : Bastet
Patrimoine génétique ;
Une donneuse humaine dont le métier est danseuse. La partie animale, celui d’un chat à la robe noire issu d’un mélange de Mau égyptien et européen.
Selon les diverses radiographies, sa masse osseuse ne semble pas souffrir de défauts ni de fracture, c’est rassurant étant donné que dernièrement elle a frappé du poing gauche la vitre blindée avec force. De même, sa musculature est assez puissante pour une créature bipède.
La masse est suffisante pour supporter toutes les contraintes de ce mode de déplacement. Je procède à diverses manipulations, en douceur, pour tester la souplesse de ses membres, pas de blocage inhabituel, je dirais même une souplesse exceptionnelle. Sans même forcer ou faire craquer ses articulations.
Le grand écart facial lui est accessible, elle pourrait même mettre un pied derrière la tête sans aucun problème avec quelques exercices. Sa souplesse correspond exactement aux attentes espérées avec la sélection des ADN.
J’inspecte ses griffes rétractibles, pas de blessures ou d’infection, les doigts des mains sont un peu plus longs pour les accueillir. Exactement ce qu’il fallait. Les pattes sont totalement félines, digitigrades, plus larges cependant que ceux des homologues quadrupèdes pour supporter toute la masse.
Colonne vertébrale en S, la queue respecte les proportions habituelles des chats, sa longueur ne dépassant pas la hauteur de l’individu, qui est de un mètre soixante-quatre. Avec sa carrure élancée et son poids de quarante kilos, elle n’aura probablement aucun mal à se faire discrète et se faufiler.
Pas d’anomalie indésirable.
Poitrine plutôt petite, peut-être ses hormones qui n’ont pas terminé leur travaillent. Si ce n’est pas le cas, cela ne la gênera pas trop pour courir, évitant certaines incommodités qui pourraient nuire à son efficacité.
Fourrure noire plutôt courte. Une mâchoire relativement fine et une dentition acérée, le tout entièrement féline. Vibrisses présentes, vingt-quatre pour être exact pile le maximum.
Le dessus de son crâne n’a pas une implantation particulière, quelques millimétrés d’épaisseur de fourrure en plus qui partent vers l’arrière.
Quant à ses yeux d’or, ils semblent bien réagir à la lumière, des pupilles fendues à la verticale quand elles ont exposé. Le contour égyptien doré qui ressemble exactement à l’œil Oudjat reste un mystère pour moi.
J’ai eu beau chercher avant cet examen, je n’ai trouvée nulle part la mention d’un chat ayant eu ce genre de dessin. Surtout un aussi symétrique et parfait. Son aspect en générale n’a aucune dysmétrie. L’implantation de sa fourrure, la pigmentation et même les tâches dans l’iris de ses yeux.
J’espère trouver des réponses dans son sang.
Sujet : Félix.
Patrimoine génétique ;
Le donneur humain appartenant aux forces spéciales militaires françaises. L’animale un tigre blanc de Sibérie.
Après des examens minutieux, lui non plus ne souffre pas de défauts ou de fracture osseuse. Il a bien plus de raisons que Bastet d’avoir des blessures, tous les jours, la vitre blindée subit ses coups. Ils usent souvent des poings et parfois des pieds, une fois de la tête. Il a même essayé de mordre à travers la glace, ses canines ont laissé des traces.
La musculature, un peu plus massive proportionnellement à Bastet, est elle aussi adaptée au mode de déplacement bipède.
Tous comme sa congénère, ses doigts et ses griffes correspondent à nos attentes, digitigrades et pattes proportionnellement plus larges que celles de Bastet. Il s’enfoncera moins facilement dans la neige.
Colonne en S moins prononcée, ce qui est normal pour un homme et un tigre. Sa queue est proportionnellement plus petite que celle de Bastet, sûrement l’héritage génétique favorisant la vie dans les climats froids.
Sa carrure est en V, plutôt svelte moins que Bastet. Un mètre quatre-vingts de muscles pour soixante-cinq kilos. Son épaisse fourrure de tigre blanc trompe, il est plus maigre qu’il n’y parait. Certes, pas autant que Bastet. Avec des exercices adéquats, il aura une carrure digne d’un soldat.
Ses yeux bleus d’acier réagissent bien à la lumière. Du a l'héritage du tigre, ils ne sont pas fendus à la verticale quand exposer, mais rond.
Aucune anomalie.
Seul bémol, il est moins souple, au niveau de la hanche notamment, il est impossible de lui faire le grand écart facial complet. Avec l’imagerie, c'est ce que je soupçonnais déjà un peu.
Conclusion :
Voilà qui est plus que satisfaisant. Un couple complémentaire, l’une petite et agile, l’autre grand et fort.
À l’avenir, si la possibilité pour eux d’avoir une descendance se confirme, ce seront alors des êtres parfaitement adaptés aux diverses conditions climatiques de notre monde. Dans le cas contraire, on reproduira leurs ADN et nous reformerons des individus avec ses derniers. Ils sont pour l’instant viables et de mon point de vue, ils seraient intéressants de préserver leur ADN, peut-être même pour les mélanger.
Rapport du professeur Garcia Carlos N°2.
Deux mois après mon premier examen des sujets Bastet et Félix, je ne note aucune détérioration des deux individus que ce soit dans leur mouvement ou physique. Pour plus de détail, voir mes nombreux dessins dans le dossier qui témoigne de mes conclusions quant à leur capacité motrice.
Il me faudra tout de même les observer un jour en train de courir pour voir comment le corps amortir les chocs. Pour l’instant, ils ne font que tourner en rond dans leur cellule en marchant.
Fait intéressant, régulièrement, ils le font à quatre pattes. Cela veut donc dire qu’ils ont une facilité pour adoptée un mode de déplacement quadrupède, du moins temporairement. Ils en reviennent toujours, et tous particulièrement en notre présence, à se redresser sur leurs membres inférieurs.
Durant la prise de sang sous le somnifère, j’ai constaté pour les deux sujets que leurs trapèzes se sont un peu épaissis. En palpant leurs muscles, j’ai pu confirmer qu’ils ont plus fermes que la fois précédente. Il y a donc bien un renforcement de leur musculature.
Quant aux analyses de sang, je peux conclure qu’ils n’ont aucune maladie.
J’autorise alors la phase deux, les mettre dans une cage commune avec séparation de la pièce en deux.
Rapport du professeur Garcia Carlos N°3.
Deux mois après mon deuxième rapport, mes nombreuses observations depuis leur création m’ont permis de relever des comportements bien distincts.
Bastet, silencieuse, est du genre à ignorer tout le monde et tout ce qui l’entoure, cela s’apparente à du mépris.
Félix lui est au contraire agressif, peut être son instinct de prédateur territorial plus prononcé que chez Bastet.
Depuis qu’ils sont dans ce nouvel environnement et ensemble, il y a un léger changement.
Quand Bastet s’approche du côté de Félix, ce dernier grogne, comme s’il avait peur.
Elle fait semblant de ne pas tenir en compte. Cependant, il est flagrant, de mon point de vue, qu’elle maintient une distance de sécurité.
J’ai déjà fait remonter ses informations à Amandines, c’est elle la spécialiste dans le domaine du comportemental.
Conclusion : pour l’instant, ils ne s'acceptent pas l’un et l’autre.
Rapport du professeur Garcia Carlos N°4.
Une année depuis le premier rapport sur les sujets Bastet et Félix.
Le sang de nos doyens chimérique ne révèle aucune anomalie. Je conserve ses derniers selon nos protocoles les plus exigeants.
J’ai réussi à obtenir douze échantillons.
Selon mes analyses, je préconise une alimentation plus riche.
Pour Bastet, il faut plus de fer qui est légèrement inférieur, lui donner plus de viande rouge, elle aime la viande de bœuf, augmentons la quantité.
Aucun trouble associé à ce manque pour l’instant.
Le reste est dans les niveaux préconisés pour un humain.
Pour Félix il lui faut plus du magnésium, de la dinde ou des noix pourraient convenir. À voir ce qu’il apprécie le plus.
Problème de sommeil et donc, une irritabilité accrue. Il a besoin de plus de ressource que Bastet pour gérer son stress.
J’ai signalé à l’ensemble de notre équipe pour que l’on se penche plus sérieusement sur la gestion de l'anxiété. À court terme, je vois déjà des impacts sanitaire mineur, mais sur le long terme ont risque des problèmes beaucoup plus grave notamment sur le mental.
Le reste est dans les niveaux préconisés pour un humain.
Conclusion : ils sont prêts pour l’étape suivante, l’éducation. Peut-être que la socialisation sera même un atout pour traiter les comportements de repli et d'agression citée en amont.
Résultat des recherches sur la perfection de Bastet : néant.
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