Mon amie la chate noir.

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De toutes les chimères à rousse fourrure, je suis la plus élégante. J’avoue aussi qu’il n’y en a pas beaucoup non plus.

Nous sommes nous autres pauvres créatures, nombreux à mettre un pied hors du bâtiment, dans une serre avec une vitre blindée et beaucoup d’espace, avec vue sur la forêt juste derrière la grille, c’est ce que l’on appelle une sortie. Enfin, une sortie dans un enclos.

J’ai un nom pour chaque type de chimère.

Les oiseaux que je nomme harpie, elles ont un comportement très varié, elles jacassent sans arrêt et se disputent tout le temps. Paradoxalement, elles sont très unies.

Les démons qui incluent des cerfs, des béliers, ou des chevaux, brefs, tout ce qui a des cornes ou des sabots. Ils sont un peu peureux de nature, plutôt sage, mais dès qu’on les agace, ils se montrent particulièrement dangereux.

Les greffiers, là-dedans il y a les goupils auxquels j’appartiens, loups ou chien, félin, ours, bref tout ce qui possède des griffes et ne vole pas. Tous très indépendant et imbus d’eux-mêmes, voire méprisants. Pour autant, avec un peu de force de caractère, ils peuvent vous montrer, à leur manière, du respect.

Les reptiles, tout ce qui a une sale tête et des écailles. Ils bronzent quand il y a du soleil et deviennent lymphatiques quand il n’en a pas. Quand ils se prélassent, on a l’impression qu’ils dorment et parfois, c'est vraiment le cas. Très vifs d’esprit et de corps, étrangement.

Bien entendu, il y a les individus dans ces groupes. Ils ont quelques traits de caractère qui les différencie.

Félix notamment, il est sûr de lui, mais pas du genre à montrer ses muscles, étonnamment sa partenaire n’est jamais avec lui, toujours punis. Le vieux couple comme on les appelle et surtout les mystérieux.

Les premiers à être viable et pourtant on sait peu de chose d’eux.

Mon partenaire se nomme Galant, un nom qui le définit bien. Il est aimable, doux et gentil. Félix et lui s’entendent bien. C’est par le biais de mon compagnon que je le connais. Ce tigre parle de sa partenaire de temps en temps, il est très timide dès que l’on aborde le sujet. Il y a même un peu de nervosité, comme s'il craignait des quelconques représailles. Je me demande pourquoi.

Et aujourd’hui, il vient à notre grande surprise avec elle. Bastet, une petite féline noire aux yeux dorée, exactement comme il l’a décrit.

Galant toujours très… Galant, lui fait un compliment, bras ouvert et tendu vers elle pour lui faire une ovation.

- Ô, mais que vois-je ? Un brin de femme qui ferait pâlir la nuit de par sa beauté.

Ceux à quoi elle répond avec un mépris hors norme en daignant à peine le regarder.

- On se connaît ? Parce que jusqu’à preuve du contraire, je ne vous ai pas permis de m’observer de haut en bas comme vous venez de le faire.

Et là, je comprends mieux pourquoi Félix la craint. Alors je me présente pour temporiser.

- Je suis Kita, et mon partenaire qui semble un peu trop à son aise, Galant. Nous sommes le flamboyant et élégant couple de renards.

Avant que Galant ne puisse en placer une, Bastet surenchérit.

- Galant, il se nomme ? Il aurait peut-être dû se présenter avant de me parler. Je déteste que l’on occupe mon espace vital, c’est un manque de respect.

J’ai mal pour mon pauvre amant, lui qui semble complètement refroidi, mâchoire crisper et son sourire exagérer. Pour ne pas croiser ses bras, ils joignent ses mains et les frottent pour cacher sa gêne.

- Désolé chers Bastet si je vous ai importuné.

- Encore heureux que vous le soyez.

Félix alors ose lui toucher l’épaule.

- Bastet, tu sais, ils ne pensent pas un mal. Ce sont des individus avec qui je m’entends très bien, je suis sûr que si tu prends un peu de temps pour les connaître, tu les apprécieras.

Félix d’habitude ne parle jamais de cette manière, il est plus spontané. Là, il est réfléchi, comme si communiquer avec elle était spécial.

- Si tu le dis Félix, c’est que cela doit être vrai.

Un reptile arrive du haut de c'est un mètre quatre-vingt, un homme crocodile musclé, on le nomme Croqueur et au vu de son large sourire, je doute qu’il sache dans quoi il s’embarque.

- Alors voilà Bastet.

Elle le dévisage lui aussi, avec le dégoût sur son visage, et elle n’hésite pas une seule seconde à dégainer.

- Par le ciel, qu’est-ce donc cette…

Extraordinaire, elle grimace d’autant plus en cherchant un mot pour le qualifier.

- Chose ?

Croqueur, semble circonspect, bien plus qu’à l’habitude. C’est une preuve de la dangerosité de cette femme. Il ne trouve qu’une réponse adéquate.

- Crocodile.

- Même Felix a plus de grâce que vous.

C’est totalement gratuit et tout le monde en prend pour son grade ; mais cette chatte n’a donc pas de limites ?

- Je vois, je vois. Je m’en doutais un peu, mais je vois que j’ai été encore bien loin de la réalité.

Il fait demi-tour en soupirant. Il abandonne !? Lui qui ne tourne jamais le dos !?

- Qui aurait pu imaginer que la femme de Félix allait être aussi insupportable ? Personne ne mérite d’avoir une femme pareille.

Lui balance-t-il en ayant fait à peine fait l’effort d’y mettre la forme. Il s’en va lentement comme à son habitude, mais avec une tête dépitée de ce qui vient d’entendre. Elle croise les bras et jette un regard sombre à son partenaire.

- Félix, tu leur as dit quoi sur mon sujet au juste ?

Il a une goutte de sueur sur son front qui coule jusqu’à son menton ; je crois qu’un meurtre va être commis. Vite, il faut le sauver.

- Que tu étais quelque peu rebelle.

- Rebelle ? Qu’est-ce que tu entends par rebelle ?

Oh non, j’ai ces foudres qui menacent de me tomber de dessus et pourtant, ses yeux ne sont même pas braqué directement sur moi.

- Cela n’est-il pas le trait de tous les félins ? Indépendant et rebelle.

Son regard doré se fixe franchement, scrutant chaque mot qui sort de ma bouche.

- Vous m’avez l’air d’être une femme forte de caractère Bastet. Vous devez sûrement ne pas aimer que les hommes vous regardent avec leur air condescendant et supérieur.

Elle esquisse un sourire, ses épaules semblent se relâcher. Dans le mille, c’est ce qu’elle pense.

- Il faut savoir se faire respecter par ces messieurs, mais vous n’êtes pas obligée de montrer systématiquement les crocs.

Cela l’interpelle, oreille dressée, j’ai attisé sa curiosité.

- Oh ? Kita, c’est bien ton nom ?

J’acquiesce.

- Explique-moi, comment fais-tu alors ?

Elle me tutoie déjà, un bon signe ; je suis une semblable.

- D’abord, si tu veux, visitons un peu le jardin, il est relativement grand.

Je lui tends ma main, elle hume l’air à la recherche d’un parfum, le mien sans doute.

- Je sens mauvais peut-être, Bastet ? C’est normal, on a une odeur assez forte nous les renards.

Elle se saisit de ma patte et la renifle.

- Ça déteint un peu sur votre flamboyante apparence. Mais cela ne me dérange pas.

- Bien, alors suis-moi. On a quatre zones à visiter.

Ce qu’elle fait sans contester.

- Ici, c’est la zone sud ou celle des greffiers, la nôtre, si tu préfères.

Elle laisse échapper un petit rire discret.

- Greffiers, c’est toi qui l’as trouvé ?

Je lui montre mes griffes, sans agressivité bien évidemment.

- à cause des griffures sur les troncs des chênes.

Son attention se tourne vers les arbres qu'elle caresse par la même occasion. Un tronc en particulier l'attire, il est marqué de griffures, elle compare la taille de sa main à celui qui les a faits.

- C’est beau, mais…

Et voilà qu’elle lève les yeux au ciel.

- Tch... Une vitre blindée.

- Tu comptais y monter et t’échapper ?

- En effet.

- inutile Bastet, même creuser ne servirait à rien. J’ai essayé et je me suis fait arrêter.

- Ou il est ton trou ?

- Là-bas, derrière le chêne à cinq-cents mètres près de la vitre.

Elle y va, et constate la présence des grilles et des caméras de l’autre côté toute en posant ses mains sur le verre.

- Ne reste pas là, tu risques de te faire encore enfermer, Bastet la rebelle.

- Toi aussi, tu l’es un peu, kita.

Dit-elle sans être inquiétée du dispositif de surveillance.

- Oui, mais j’ai compris que de toute manière, je pourrais n’aller nulle part, je suis une hybride. Quel humain accepterait de m’héberger ?

Son torse se bombe, le menton se dresse fièrement et avec grâce, elle se désigne.

- Mon nom vient d’une divinité chatte que beaucoup connaît sous le nom Bastet. Et…

Sourire en coin, elle me pointe du doigt avec une certaine malice dans le regard.

- Je suis certaine que quelque part, il y en a une qui a le visage d’une renarde.

- J’espère ne pas être trop belle par rapport à cette dernière, sinon elle risque d’être jalouse.

Sa tête se penche sur le côté, puis elle laisse ses bras le long du corps.

- Pourquoi envieraient-elles des choses éphémères comme nous ? Elles sont immortelles.

- C’est vrai.

Et d’un coup, Bastet observe un champignon de souche qui capte son attention. Fasciner, elle ose le toucher du bout de ses doigts avec une certaine une timidité et un plaisir coupable.

Une fois l’intérêt passé, elle me demande de voir le reste, ce que je fais avec une certaine joie, le pas léger presque sautillant.

- la zone des harpies. Semblable à notre partie sud, sauf qu’il n’y a pas de griffes, mais des nids dans les arbres.

Cela jacasse tellement qu'elle se bouche mes oreilles.

- Mais ils ont combien à la fin ?

- À peu près une vingtaine.

- Seulement une vingtaine !? Ils parlent comme s’ils étaient cent !

- En effet.

Voilà un ami plumé de gris et bien bavard, qui arrive de son vol un peu maladroit.

- Voici Bargo, l’homme perroquet gris du Gabon. Leurs mains se trouvent au milieu de l’articulation de l’aile, le seul moyen d’avoir l’avantage de leur animal en gardant une main. N’est-ce pas curieux ?

Elle est fascinée au point où je me demande si elle ne va pas lui bouffer l’aile.

- Bonjour kita.

- Bargo, comment vas-tu ?

Il ne semble pas du tout gêner par Bastet qui lorgne ses plumes une à une. Elle ose délicatement compter du bout de la griffe chaque vexille de l’une d’elles.

- Comment vas-tu ? Bien. Qui est cette femelle ?

Il a encore gaffé, Bastet impose sa présence en avançant son buste vers lui pour le faire reculer. Mais Bargo n'est pas du genre à comprendre ou réagir à ce genre d’attitude, ce qui au final oblige notre chère chatte à remettre un peu de distance en faisant un petit pas en arrière.

- Je ne suis pas une simple femelle, j’ai un nom et c’est Bastet.

- Je ne suis pas une simple femelle, j’ai un nom et c’est Bastet.

- Il se moque de moi ?!

Crocs sortis, moustaches tendues ; Bargo va se faire plumer.

- Il répète tout ce qu’il entend dans toutes les situations, il ne pense pas un mal. C’est sa nature profonde.

- Il ne pense pas un mal. Il est un perroquet.

La tension baisse, son souffle est moins prononcé, je crois qu’elle a compris que cet être n’est en rien une menace.

- Et il se désigne à la troisième personne tout le temps ?

- Tout le temps.

- Tout le temps.

Je chuchote à Bastet une idée dont je sais qu'elle l'a déjà en tête.

- Filon avant qu'il ne nous lance une conversation.

Je souris à Bargo qui possède un esprit simple, il reste cependant un individu sympathique, et même s'il répète certaines choses, je le sais capable de ne pas en dire d’autres.

- Je dois lui présenter les autres parties du jardin ; nous filons, à demain, mon bon ami Bargo.

Il acquiesce.

- Filons ; à demain, rhoaaa.

À bonne de distance de lui, Bastet chuchote.

- C’est un homme bien étrange ; d’ailleurs, il a femme ?

- Il en avait une, elle est morte.

- Oh….

Je lui désigne un endroit de la serre.

- Tu vois la tache rouge là-haut près du sommet de cet arbre ? C’est elle qui a frappé de son bec le plafond, jusqu’à en mourir.

L’incompréhension mêlée a de la pitié en plus de la surprise, voilà ce que je lis sur son visage.

- Mais pourquoi ?

- Pour être libre, Bastet ; juste être libre. Tu l’aurais vue, c’était une femme très digne et une grande rêveuse. Elle songeait souvent au ciel et à ses nuages. Maintenant, son esprit les a rejoints.

- Elle se nommait comment ?

- Liberté.

Les pupilles de Bastet grandirent tout en se détournant de moi, vers le sol.

- Ne l’oublie jamais, car tu l'inspirais par des actes.

Fendue, vers le soleil, elle cherche une réponse.

- Et comment ? Je ne l’ai jamais vue.

- lors de ta tentative d’évasion infructueuse, nous avons vu la vérité et ce que nous sommes en toi. Que ce n’est pas une maison, mais une prison.

- C’est évident.

Me dit-elle avec un certain détachement, les yeux dans les yeux.

- évident. Mais de le voir concrètement dans le fait d’une évadée soumise par la violence, c’est totalement différent. Nous subissions passivement cette situation en étant enfermées dans une illusion de normalité, alors que rien ne l’est, ce que nous sommes et la vie que l’on nous donne. Comprends-tu la différence ? Comprends-tu la brutale rupture que tu as causée dans nos consciences ?

- Je réalise seulement maintenant la portée de mes actes. Ah…

Elle se tient la tête comme assaillie d’une douleur, ça semble la lancer aussi dans le ventre.

- ça va ?

- oui, ne t’inquiète pas. Je viens de me souvenir de souvenir désagréable. Tous s’expliquent, notamment, le pourquoi de l’extrême violence de Monsieur Schäfer à mon encontre.

- Il t’a maté toi aussi ?

Se souvenir semble lui être insupportable, j’entends sa douleur dans sa respiration.

- Oui, il est tel le marteau qui fracasse du verre. J’ai été…

La pauvre chérie. Je la soutiens en serrant ses mains l’une contre l’autre.

- N’en dis pas plus si tu ne veux pas, car je sais ce que tu essaies de me dire.

- ça va mieux, tu sais. Ça va mieux.

C’est clairement visible qu’elle souffre, elle s’en mord les lèvres pour cacher cela.

- Bastet, ne me ment pas à moi. Il nous a fait souffrir toutes les deux, au point où on en cauchemarde la nuit.

- Alors je ne suis pas seul à…

Elle ne peut le verbaliser, nul besoin d’ailleurs ; dans son âme, je peux voir la terreur tapisser son cœur et le serrer comme un étau.

- Non, tu n’es pas la seule à être une victime. On a voulu aspirer a mieux et toutes les deux nous l’avons payée cher. Toi plus que moi, car la première a c'être révolté. J’ose à peine imaginer combien de temps ça a duré.

- Des mois, jusqu’à ce que je le batte au combat.

- Quel tortionnaire. Moi, ce fut jusqu’à ma soumission complète. Un mois tout au plus avant qu’il ne juge mon comportement comme approprié.

Le silence s’installe, nous nous sommes tous dits apparemment. Alors je continue la visite.

- L’aile nord, celui des reptiles. C'est un marécage artificiel où se trouvent rocher et reptiles.

Croqueur, se trouve sur une petite plage de sable, affalé avec d’autres reptiles.

- On a plus en commun que je le croyais.

Ajout-elle, amusée de cette ressemblance comportementale.

- Tu peux dormir sur leur rocher, Félix aime passer du temps avec Croqueur et les autres. Ce sont de bons amis à lui.

- Il ne m’a jamais parlé de ses amies reptiliennes, ni même de ce qu’il y fait.

- c’est peut-être parce qu’il veut vivre l’instant présent avec toi.

Elle a cet air incrédule, adorable.

- Tu crois vraiment ce que tu dis ?

Je hoche de la tête.

- Il parle peu de toi, mais quand il le fait, on sent qu’il désire te revoir.

- Il est amoureux de moi, je le sais ça. Mais c’est à sens unique.

Une femme des plus sincère qui semble tout de même apprécier Félix, car sinon, il n’aurait jamais pu la faire venir ici.

- C’est quelque chose qui demande du temps à se construire.

- Comment tu fais toi avec ton homologue masculin ?

- On partage des choses, il dessine et moi, je fais de la couture.

- De la couture ?

Elle le prononce comme si c’était une révélation.

- Je te montrerai, mais avant ça, la prairie des démons.

Elle semble peu encline à y aller, alors j’insiste en lui tapant sur la fesse.

- Allait, ne fait pas ta timide.

Je note ces réactions, de la surprise et un sourire. Venant de moi, elle le prend sans sérieux. J’ai peut-être enfin une amie moins coincée.

- Viens donc minette, le premier pas et toujours difficile, après, c'est mieux.

Quand elle voit la prairie, elle semble quelque peu déçue.

- Je m’attendais à quelque chose d’un peu plus exotique et chaud.

- Ils ont de démon que de noms, enfin saufs si tu les énerves.

Béatrice, une chèvre noire tachetée de blancs surgis des hautes herbes, Bastet est bouche bée devant sa performance.

- ô, quel incroyable saut.

Elle atterrit devant nous avec une certaine grâce, similaire au gymnaste que j'ai visionné dans un écran.

- Alors kita, que veux-tu aujourd’hui ?

Elle grince des dents et se penche vers moi, c’est l’une de mes amies très coincées. Et en plus, elle est plus grande que moi, un bon mètre soixante-quinze sans compter les cornes.

- J’espère que tu n’es pas revenue me traire comme la dernière fois.

- Béatrice, mon amie, voici Bastet, la partenaire de Félix.

Elle le dévisage de haut en bas tout en soutenant, les bras croisés, sa très généreuse poitrine, l'inverse de sa propriétaire.

- Avec une poitrine aussi plate, elle ne risque pas de t’embêter au moins.

- Suis-je tombé chez les fous ici ?

La question est sérieuse, et je la comprends. N’importe qui dans cette situation serait largué.

- Béatrice et moi avons eu un petit différent.

Et la chèvre rancunière bêle avec force.

- Un différend !? Ô que oui ! Je dirais même, un putain d’énorme différents ! Tu m'as attaché, déshabillé et tu en as profité pour me traire comme une vache à lait !

Marguerite la vache hurle depuis le fin fond du parc.

- J’ai entendu Béatrice !

Bastet, saute sur l’occasion.

- Apparemment pas assez, tu as une poitrine toujours aussi imposante. Cela doit être quelque peu difficile de se déplacer sans perdre l’équilibre.

Je ris, mais Béatrice s’enflamme.

- Ce n’est pas drôle !

- Allons, Béatrice, on est quitte, après tous, ce ne serait pas arrivé si tu n’avais pas mâché mon beau vêtement en fibre végétale et malgré mon interdiction.

- Je n’ai mâché qu’un seul centimètre !

- Même un seul mini mètre, cela m’aurait fâché, et puis le lait a fait du bon yaourt.

Ce qui l’agace encore plus, la faisant grincer ses dents. J’ai une folle envie de lui tirer sa barbichette à cette biquette.

- Elle était enceinte ?

- Non. Mais elle est génétiquement défaillante et produit en quantité du lait presque tous les jours.

Béatrice ajoute avec une certaine colère.

- Résultat, je suis obligé de manger plus que les autres et d’évacuer ce surplus.

Rien que de l’entendre dire cela, Bastet se lèche les babines allégrement.

- J’aimerais y goûter un jour. Serait-il possible que tu m’en donnes un peu ?

- Hors de question ! Le lait est interdit aux animaux matures ! C’est mauvais pour la santé !

Bastet lui rétorque avec son air supérieur et en levant le doigt au ciel.

- Théoriquement, nous sommes à moitié humaines donc…

- J’ai dit non ! Bordel à queue ! Ce sont mes seins et mon lait ! Respectez-moi !

Et là, ses yeux aux pupilles rectangulaires sont injectés de sang, elle est au bord de l’implosion.

- J’adore quand tu deviens chèvre Béatrice.

- Non, mais c’est que tu me provoques là où je rêve !?

Et Marguerite, toujours au fin fond du parc, clame.

- C’est totalement mérité !

L’heure de rentrer sonne, nous retournons dans nos soi-disant appartements.

Le lendemain, je dessine une future robe, mais les idées fusellent dans mon esprit me provoquant une certaine confusion. Je suis dans notre aile, un peu à part aux pieds d’un chêne. La tranquillité me permet de mieux me concentrer, et même s'il ’y en a un toujours un pour faire ces griffes, il le fait à bonne distance de moi.

D’ailleurs les coups de celui d’aujourd’hui me sont étrangers. Je me tourne pour voir qui est-ce et constate que c’est Bastet qui le faisait sur un tronc coucher au sol. Elle me vit à son tour, et décide de s’approcher. Les courbes et les couleurs de cette femme m’inspirent pour une tenue. Vite, il faut que je l'immortalise sur feuille.

Je sens la féline m’observer, en silence puis quand mon travail est déjà bien entamé elle me demande, sur un ton amical et posé.

- Tu dessines ? Je croyais que c’était ton galant de partenaire qui faisait ça.

- Je t’ai dit que l’on a partagé nos talents. Ne me dis pas que tu ne le fais pas avec Félix ?

Elle réfléchit un petit instant.

- Il m’apprend à me battre et moi, je lui apprends le langage à ma manière.

Sa manière ? Si c’est par le mépris, je le plains.

- Tu dois bien avoir quelque chose de plus particulier à partager.

- Regarder la télévision ensemble.

Je soupire, cette femme est vraiment exaspérante quand il s’agit d’homme.

- Un talent Bastet, et non un divertissement.

- Un talent ?

La voilà qui se gratte derrière l’oreille et conclut ce geste en affirmant.

- La dance.

- Félix danse avec toi ?

- Non, il préfère me regarder. C’est grâce à lui que je sais faire quelque pas. Il m’a offert des disques de vidéo.

Intéressants.

- Alors tu l’autorises à t’observer te trémousser.

- Il m’aide à corriger mes postures comme il le fait pendant mes entraînements.

- Des postures ? Vraiment ? Ohoh…

J’en ris, tellement il y a de possibilité de sortir cette phrase hors contexte.

- Cela doit demander une certaine proximité corporelle.

Elle acquiesce et semble comprendre.

- Tu parles en connaissance de cause, on dirait.

- En effet. Dis-moi Bastet, cela te dit d’échanger ? Tu me montres une dance et moi une esquisse d’un vêtement que tu pourrais porter.

- Pourquoi pas. Mais quel genre de dance ?

- Quelque chose de sexy qui mettrait en valeur mes courbes.

- De quelle courbe tu parles ? Juste pour être certaine de te comprendre.

Elle pose ses mains sur ses hanches.

- Ce genre de courbes ?

D’un mouvement de balance, de gauche à droite, son bassin bouge. Ses mains remontent le long de son corps doucement, puis elles suivent les mouvements dans le vide tandis que les jambes s’écartent.

Il n’y a pas à dire, elle a un sacré déhanché cette féline. Un dessin me vient en tête. Une jupe noire longue fendue sur les deux cotée laissant les hanches clairement visibles. La ceinture aura la croix d'Ânkh. Pour son buste, un soutien-gorge noir, mais dont les contours sont aussi dorés.

Les deux parties auront des jetons qui pendent sur les rebords et les coutures en or qui sont aussi présentes à ces endroits.

Clairement, il y a peu de tissus, avouons-le aussi peu de couleur, mais pour une danseuse comme elle, petite, mais avec beaucoup de grâce, il faut surtout souligner ces atouts de femmes et laisser sa musculature visible.

Elle aime apparemment avoir son ventre à l’air libre vu les vêtements qu’elle porte, son abdomen qui se contracte et qui se relâche sont impressionnant.

- Bastet, tu es une femme très sexy. J’espère que tu en es consciente.

Du bout de ses doigts, de sa hanche droite jusqu’à ses côtés, sa paluche monte jusqu’à son buste et finit par sa gorge pour la laisser retomber.

- J’en suis parfaitement consciente, c’est pour ça que j’aime danser, je me sens bien dans ma peau. Je n'ai aucune honte de ce que je suis. Femme et chatte.

Son visage se penche vers mon dessin.

- Avec une tenue pareille, on ne regarderait que moi. Qu'est-ce donc cette croix ?

- L'Ânkh, la croix égyptienne qui représente la vie. La déesse égyptienne dont tu portes le nom, là en main dans certaines représentations, de ce que j’en sais.

- j’aime bien ce symbole. Il faudrait que je demande un livre sur l’Égypte antique. J’aimerais aussi dessiner et coudre des robes comme celle-ci.

- Alors, apprends-moi à danser Bastet.

- Ta belle robe rouge aux roses blanches n’est pas appropriée pour danser. Demain, prends quelque chose comme ce que je porte. Une tenue sportive qui laisse respirer le corps.

Ce que je fais le lendemain, j’apprends à Bastet à créer et à concrétiser des robes. Puis viens le moment où elle doit m’apprendre à danser. Elle a amené un lecteur de musique.

- Pour commencer, nous allons le faire sans musique.

- Mais alors elle sert à quoi si tu ne l’utilises pas ?

Elle me dit d’un ton fier comme si elle détenait une connaissance qu’elle seule comprend.

- Il faut les bases.

D'un pas, elle se faufile derrière moi.

- Redresse-moi ce buste.

Ces griffes agrippent mes épaules, puis glissent sur mes cuisses. Un petit frisson parcourt ma colonne et hérisse ma fourrure de feu.

- Écarte tes jambes, soit comme une montagne si tu ne veux ne pas perdre l’équilibre. Tu veux danser avec ton ventre ?

Perturbant cette soudaine proximité. Et surtout le toucher, il n’y a aucune hésitation dans ce qu’elle fait. Ça me plaît.

- Oui.

Alors elle s’approche plus et met sa main contre mon abdomen.

- Tu as de bons muscles, maintenant.

Elle se met face à moi.

- Les contrôles-tu vraiment ? Inspire lentement et profondément.

Sous sa surveillance, je le fais.

- Il va falloir que tu respires avec ton diaphragme et non avec ton buste. Sinon tu vas bloquer ta respiration et ça, ce n’est pas bon du tout.

D’accords… On en est à rééduquer mes poumons.

- Ça m’a l’air plus compliqué que je le pensais.

- Tu t’imaginais qu’il faut simplement bouger comme ceci des hanches.

Ce qu’elle fait avec une simplicité incroyable...

- Et contracter le ventre pour danser ? Navrer, mais d’abord, il faut corriger tous tes petits défauts, sinon tu vas comme moi au début, avoir des problèmes du style, un étourdissement ou des tensions dans le cou et surtout.

Sourire de petite sournoise joueuse.

- Arrête de rapprocher tes appuis.

Elle me donne une tape sur ma hanche, sa claque, mon pied perd l'adhérence, je ne sais comment. Mon équilibre rompu, je commence à tomber en arrière. Bastet me rattrape, sa main droite tient mon dos, la gauche, ma jambe qui est en l’air. Wahou…

Je comprends mieux ce qui charme Félix.

C’est l'assurance insolente qu’elle a et ce regard perçant. Même moi, je suis impressionnée par cette aura qui s’émane d’elle. Tandis que mon cœur bat d'excitation, mon esprit vacille sous les pulsions. Un homme ne peut que tomber amoureux face à ce genre de femme.

Nous nous ressemblons, à la fois fortes, indépendantes, et naturellement gracieuses, avec une touche d’audace. Dans ses yeux, je vois une âme qui veut être libre, plus qu’un désir, c’est ce qui l’anime, que dit je. C'est qui nous anime, toute les deux.

- kita, on est digitigrade, les humains son plantigrades, de ce fait, on a moins d’équilibre qu’eux, donc il faut faire encore plus attention à nos postures lors des mouvements.

Elle m’aide pour me redresser et me montre sa posture, puis elle amène ma main contre son ventre et me fait ressentir son souffle.

- Tu dois faire comme ça ; tu le sens ?

Je déplace ma main sur sa fourrure, en effet mes respirations ne sont pas aussi profondes. Ça ne creuse pas à ce point-là sous ma cage thoracique. Elle touche le même endroit, je découvre des muscles que je n’utilisais pas.

- Tu dois utiliser ces muscles-là, ils sont ici. Exercer-ce toi tous les jours, maintient cette posture et tu pourras faire la danse du ventre. Maintenant, on va parler du buste.

Elle me montre ses bras, occupant l’espace.

- Ces deux-là, ils souligneront ta grâce, donneront le rythme et te serviront aussi d’équilibre.

Elle bouge son bassin de droit à gauche toute en claquant des doigts.

- Et mon buste...

Elle arrête de faire mouvoir son bassin et fait un mouvement de rotation du buste, ses bras, eux, continue de bouger.

- Bouge, mais pas le bassin.

Au contraire, ses hanches tremblent.

- Mes épaules restent immobiles quand mon bassin fait ceci. Mais tes bras et mains eux sont libres.

Simplement de faire ces gestes semble la satisfaire. C’est vraiment sa passion.

- Tu vas devoir apprendre tout ceci, coordination musculaire, articulaire, respiration, équilibre pour enfin savoir danser comme moi, tout du moins, exprimée ta féminité. Tu t’en sens capable kita ?

Je lui dis fièrement.

- Je suis une renarde, je suis souple de nature, Bastet.

Et son sourire grandit.

- Alors on fera un bon duo de danseuse du ventre. Deux jolies jeunes dames, l’une aux couleurs d’automne et l’autre aux couleurs de la nuit.

À chaque jour qui passe, nous nous lions intimement, une proximité physique et spirituelle que je n’ai jamais eue avec une femme. Une amie avec qui je danse et ris. Il ne manque plus que notre cœur dévoile un secret.

Lors d’une séance très rythmée où on plaisante de nos exploits plus ou moins réussis dans nos arts respectifs, je dis à Bastet lors de l'une de ses spectaculaires ondulations du ventre

- Ton compagnon doit être ravi lors de vos relations.

- Relation ?

M’a-t-elle mal comprise ?

- Je parle d’accouplement.

- oh… Je n'ai pas ce genre de relation, tu le sais bien. Je ne suis pas amoureuse.

- Attends, tu es toujours vierge ?

Sans osciller, elle hoche de la tête ; épatant ce brun de femme comme dirait mon Galant. Beaucoup de femmes auraient esquivé la question et chez nous, cela se traduit par ce cacher derrière un arbre. Allais donc savoir pourquoi elles ont honte, c'est ridicule, mais au moins, c'est drôle.

- Oui, pourquoi ? Cela, est-il un problème ?

- C’est juste surprenant, vue comment tu danses et sa façon de te regarder, je me suis dit que vous avez dû au moins le faire une fois.

Elle croise les bras comme si cette conversation la gêne, même sa queue est baissée, bougeant de droite à gauche. En fait si, je crois que ça l'embête d'en parler, elle a détourné un instant son regard, ce qui est inhabituel.

- Et bien Kita, sache que non. Il y a beau avoir de la proximité, on n’en est pas arrivée là.

Étrange, je doute que cela ne lui ait pas traversé l’esprit.

- Tu n’en ressens pas le besoin ? Avoir un homme si doux et gentil que lui te laisse indifférente ?

- Ce n’est pas ….

Elle se mord la lèvre, ses muscles du cou se crispent et à nouveau, les yeux fuient. Il y a bien quelque chose.

- Bastet, mon amie.

Je caresse son épaule, une tension dans son muscle que même moi, je ressens.

- Dit ce qui te tracasse. Je suis ton ami, tu peux te confier.

Exaspérer, elle soupire, tout en prenant un air sérieux.

- Ne lui en parle pas, promet le moi.

- Ce sera notre secret ; motus et bouche cousue.

Lui dis-je en mimant ma main qui ferme mes lèvres.

- Je…

Incroyable, elle vraiment du mal à le dire.

- Et bien depuis quelque temps, je le désire, vraiment. J’aimerais le faire, mais à chaque fois que je ressens ce besoin, je le refoule. Je suis bloqué même avec cette sensation non assouvie qui commence vraiment à me frustrer.

Maintenant, que j’y pense vue comment elle se montre agressive avec les autres hommes dès qu’ils engagent une conversation, cela ne m’étonne pas. Sur ce sujet-là, elle est très coincée. Il faudrait qu’elle apprenne à se détendre en compagnie des hommes. Mais je ne vais pas la forcer, surtout que Félix et sûrement le mâle idéal pour trouver ses failles.

- C’est par orgueil ? Par peur ? Ou bien, tu te verrais en état de fragilité si tu le faisais, ou plus simplement encore, tu ne veux pas qu’il te voie nue.

- Non, ce n’est pas ça, enfin, je crois.

Ce n’est pas cette dernière, sûrement, vue comment elle s’habille. On voit souvent la forme de ses tétons à cause des tissus qui sont très près du corps. Elle ne met même pas de soutien-gorge certaines fois. Il faut dire qu'elle a un bon maintient, pour l’instant.

- Peut-être qu'il y a un peu de mon orgueil là-dedans, peut-être que je ne veux pas admettre qu'en fin de compte, je suis amoureuse.

- Oh ! Tu l’as dit !

Dis-je en la narguant de mon doigt insistant et gênant au point où elle cache son visage avec sa main.

- Kita ne me regarde pas comme ça !

Ooooh…. Trop mignonne sa voix aigüe presque infantile, souligner de ses oreilles baissées.

- T’es vraiment craquante comme ça, toute recroquevillée sur toi. Félix serait aussi charmé que si tu dansais.

Main contre le cœur avec un sourire qui se dessine avec une certaine amertume, elle rétorque.

- Peut-être, mais pour autant, ce n’est pas la vraie raison qui bloque toutes mes pulsions. Je ne peux pas concevoir de faire ça, alors qu'il y a ces maudites caméras. Pour le reste, je peux peut-être prendre sur moi.

Alors c’est juste ça.

- Pourquoi donc ? Ce n’est pas comme s'ils ne t’avaient pas déjà vue en détail.

- M’étudier et m’épier pendant une relation de ce genre, ce n’est pas pareil Kita. Si je le fais, j’aurai l’impression d’être violé dans ma chair.

- Ah… Tu n’es pas très maligne, ma pauvre minette. On voit qui est la renarde de nous deux.

- Pardon Kita ?

- Fais-le sous les draps. En plus, il fait très sombre, ce sera moins gênant pour toi.

- Ce n’est pas vraiment l’idéal.

Attends, pourquoi elle dit ça ? À quel moment sous les draps, ce n'est pas l’idéal.

- C’est juste des draps à moins que…

Oh... La coquine ; j’ai compris.

- Tu veux plus qu’un contact physique. Tu veux voir tout le déroulement, minutieusement. Petite gourmande qui veut en plus du toucher et du son, l'image.

L’entièreté de sa fourrure se hérisse, si elle était humaine, elle serait en train de rougir.

- Je dirais même que tu veux qu’il continue à te voir, quand sa chair et la sienne se rencontreront dans cet élan charnel.

Et sa queue se dresse, elle vient d’y penser. Elle tente désespérément avec sa main de baisser sa queue, mais cela ne marche pas.

- les hommes ont les mêmes problèmes à ce niveau-là.

- Quel niveau ?

Oui ! Elle est tombée dans le piège !

- Des queues.

- Kita !

S’exclame-t-elle, offusquer et honteuse de cette vision que je lui ai insufflée dans sa tête.

- C’est adorable. Tu es une petite chatte romantique en fait, ma belle. Il y a une solution à ton problème.

- Laquelle ?

- Si tu demandes poliment un paravent, et j’ai bien dit, poliment, pour cacher tes ébats amoureux, nos très chers geôliers accepteront sûrement.

Elle fait la moue, clairement ça l’importune au plus haut point.

- Rien que de m’imaginer faire ce genre de demande me met mal à l’aise.

- Eh bien, si cela peut te rassurer, tu n’es pas la seule à avoir des demandes embarrassantes.

- Vraiment ?

- Vraiment. J’ai demandé à nos chers geôliers de me libérer. Bon, tu imagines bien qu’ils m’ont répondu par un non. Alors devine ce que j’ai demandé à mon compagnon.

- Et bien, de te trouver une solution ?

- Ah ! Non, pour sûr qu’il y a déjà pensé et échoué dans ses plans.

Je regarde autour de moi, ce qui perturbe mon ami et fait de même pour voir ce que je cherche. Alors je m’appuie sur son épaule et pour lui murmurer à l’oreille.

- Je lui ai demandé, avec bien sûr la tonalité la plus douce du monde et la plus basse, si par pitié, il pouvait me tuer dans le cas où je lui demanderais.

Elle est à peine surprise et prend la même tonalité.

- Tu lui as posé cette question sérieusement ?

- Oui. Bastet.

Souffle du nez, je lis bien la peine que cette révélation lui inflige, mais je sens qu’elle comprend parfaitement ma logique.

- J’imagine que c’est une façon comme une autre de s’évader.

- En effet. Mais...

De bons souvenirs me reviennent et je reprends un volume de conversation normale.

- Cette idée ne revient pas souvent de mon esprit. J’ai la chance que mon partenaire soit très prévenant.

Je lui pose mon doigt sur sa bouche.

- Je peux compter sur ton silence ? Ce genre de propos risque de ruiner la réputation de la femme pleine de vie que je suis.

- Bien sûr kita ; motus et bouche cousue.

Ô, que c’est sordide comme conversation, mon moral décline et je déteste éprouver cela.

- Et sinon, reparlons de chose plus amusante, je te pose deux dilemmes. La première est la suivante : devant ou derrière. Et la deuxième : au-dessus ou en dessous ?

- Euh….

Cette expression d’interrogation grimaçante de suspicion, c'est un état délicieux à contempler.

- Ne réfléchis pas, suis ton instinct.

- Ah… D’accord. Devant et au-dessus. Enfin, je crois, mais c’est….

- La petite dominatrice.

- Je ne comprends pas…

Et je rayonne de mon plus large sourire bien exagéré et bien lourd. Voilà, elle percute, tout en étant encore ébouriffée.

- Kita ! Non, mais sérieusement !?

- Ihihihih ! Je vais te charrier jusqu’à ce que je m’en lasse, autant dire, jamais !

- Ce n’est vraiment pas gentil ! En plus, je ne me sens vraiment pas prête pour cet acte !

Elle aime que je la provoque, je suis certaine qu’elle apprécie ce moment.

- Tu es définitivement romantique. Prépare le terrain, essaie de mettre de l'ambiance ; tu vois ? Ou bien offre-lui quelque chose pour commencer.

- Je n’ai rien à offrir.

J’ai tellement envie de lui dire : bien sûr que si ; ton corps, ma jolie. Mais là, c’est vraiment trop déplacé, puis c’est du sérieux. Elle a un réel besoin de conseil.

- Réfléchis, je suis sûr que tu trouveras quelque chose. Félix doit bien avoir une passion non ?

Et là elle me sort son air dépité.

- Je ne sais pas…

J’attends, et elle ne sait vraiment pas !

- Aïe aïe aïe… Pauvre Félix.

- Mais il n’est pas facile à cerner, tu sais ! Et puis il ne parle presque pas de lui ! Et c’est un homme en plus !

- Et c’est un homme en plus… Est-ce là ton seul un argument qui excuse le faite que tu ne t’intéresses pas à lui ?

- Non, mais agre !

Ses serres se crispent ; elle est carrément en colère.

- C’est juste que j’aie du mal à comprendre les hommes en général ! Ils ne sont pas clairs du tout et ils cachent toujours quelque chose ! Laisse-moi donc te le dire plus promptement et simplement ! Les hommes sont tous louches !

Ah ouai… D’accords… Elle est ce genre de fille.

- Je vois. En fait, tu manques un peu d’empathie.

- Je ne suis pas…

Elle doute un instant et finalement ne peut que l’admettre.

- OK, c’est vrai, j’ai du mal à me projeter à la place des autres.

L'avouait lui provoque une démangeaison sur son crâne, une sévère si j’en crois sa manière impulsive de se gratter.

- Ce n’est pas une fatalité, il suffit d’explorer le cœur des hommes.

- Explorer leur cœur ? C’est-à-dire ?

- C’est-à-dire, poser des questions, tout simplement.

- Je ne veux pas qu’il sache ce que j’ai l’intention de faire.

- Plus précisément, de ce que tu veux lui faire, petite coquine cachottière.

Un long soupir empreint d’amusement et d’exaspération.

- Si tu préfères.

- Et bien, pose les questions à un autre homme.

- Lequel répondrait à ton avis ?

- Mais qu’est-ce que j’en sais moi ? Bouge un peu tes fesses.

Et une tape sur la droite.

- Aoutche…

Sa réponse, ses canines qui mordent ses lèvres, puis une tape suivie d’une petite bagarre innocente entre deux amies. Quelques chatouilles sous le cou, deux ou trois mordillements de bras. Nous régressons en bête-enfant. Cette complicité…

Je suis réellement heureuse et c’est si rare.

La sonnerie résonne, à nouveau, nous rentrons à nos quartiers, je me sens moins lourde depuis que j’ai partagé un secret avec Bastet, mon âme en est soulagée, Galant l’a remarqué. Il me trouve plus joyeuse qu’à l’habitude et plus audacieuse lors de nos sessions de jeu du soir, pour son plus grand plaisir ainsi que le mien.

Je me suis trouvé une amie, plus encore, une sœur de cœur.

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