Croque-mitaine

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Je hais les enfants ! Vous êtes tous des enfants !
Gueulards, nauséabonds, exigeants, insolents ! À peine comestibles...
Il faut qu'ils croient en moi, pour qu'en eux je m'inscrive. Ce n'est pas très difficile mais s'ils savaient la force de ma haine, ils ne dormiraient plus jamais.
Je commence toujours par faire du bruit. Je veux qu'ils se réveillent, que l'adrénaline coule le long de leur échine et cette peur m'appelle, déchaîne, en moi, une rage qui n'est pas humaine, que vous ne sauriez reconnaître. Une rage ancestrale.
Nous sommes aussi nombreux que vous l'êtes, cantonnés dans vos cauchemars et je déplore notre si petite capacité de nuisance.
Vous nous avez volé la place, dans ce monde et nous sommes entrés dans l'ombre.
Je déchire chaque nuit la peau de l'éther qui me dissimule. J'entre dans vos corps par la porte de la terreur.
BOUH


Ridicules organismes dépendants de tant de choses, gonflés de leur importance, gavés d'auto-satisfaction… J'ai si peu de puissance sur vos chairs…
Mais, au fil des siècles, j'ai appris comment vous affoler, toutes les légendes sont vraies : des Banshi aux démons, des vampires aux fantômes, des possessions aux goules…
Nos hurlements résonnent dans vos esprits, nos apparences, avec un rien de lumière de lune sont vos cauchemars, nous aimons le sang lorsqu'il suinte, collés à vos petites plaies, comme des sangsues, des suceurs malveillants... la plupart de vos blessures s'infectent n'est-ce pas ?
Pour les plus jeunes ou les plus faibles d'entre vous, peut-être pour les plus clairvoyants, nous pouvons dévorer les âmes…
Il n'est nul fou dans votre dimension, il n'y a que des cadavres qui s'ignorent, habités par un chaos qui les diffracte tant qu'ils s'accrochent à leurs corps alors que nous les dévorons ; pour eux le processus sera moins long…
La première fois que vous tremblez entre vous et moi un fil se tend, celui de mon éternité.
Une seule fois et c'est terminé…

La sénescence quelle blague !
Agir sur la matière est difficile, entêtant, mais au bout des minutes, des secondes. C'est extrêmement jouissif…
Votre peau s'affine...
Votre regard se fane, des taches paraissent...
Vos rides se creusent, vos dents tombent, vos traits, vos muscles s'effondrent...

Rien n'y fait : le fil, ce fil qui se tend entre toi et moi quand tu as peur, c'est un cordon dans lequel circule le jus de ta vie. Tu nourris ma nature et ma puissance augmente…
Tu ne crois pas au croquemitaine ???

Petites chairs répugnantes et putride regarde-toi dans la glace ! Non tu ne vieillis pas, je te dévore !

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