Chapitre 33

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❤️ MELODY ❤️

Je suis assise contre le mur dans le recoin de la caserne là où mes amis et moi nous nous installons régulièrement pour bavarder et être tranquilles. Mon regard se perd dans le vague en direction du lieutenant qui discute avec Clément s'étant réconciliés. Je sens mon coeur se resserrer et mes lèvres se crisper alors que mes yeux luisent en pensant à mon célibat et que je serai encore seule pour passer la Saint-Valentin alors que Matt sera aux côtés de pupute en train de lui proposer une sortie romantique, un bouquet de fleurs ou je ne sais quelle autre connerie pour finir tous les deux sous la couette. Je les envie et ne peux m'empêcher de ressentir une certaine jalousie, surtout que mon coeur ne bat que pour Matt mais je ne peux pas l'avoir ! Du moins, il m'est incaccessible pour l'instant.

Me voilà en train de pleurer pour un mec que je ne peux pas avoir, je suis tout simplement pitoyable. Je ravale mes larmes par fierté et redresse la tête vers le lieutenant qui doit se demander si je vais bien. Je lui affiche mon plus beau sourire auquel il répond automatiquement sans se forcer.

Rien que le voir comme ça sourire, ça me donne envie de lui sauter dessus, de l'embrasser, il est si craquant. Mais je ne peux pas ! Je préfère rentrer et taper sur le sac pour me défouler !

  • Houla ! T'as pas l'air d'être au mieux de ta forme ? Me demande Betty en fronçant les sourcils.

Je n'ai même pas la force de lui répondre, je tourne juste la tête vers les deux hommes.

  • Humm ! Je comprends ! Arrêtes ma bichette ! Je te l'ai déjà dit tu te rends malade pour rien !

  • Malheureusement je ne contrôle pas ce que je ressens... Répondai-je en plongeant mes yeux bruns dans les siens. Tu sais si je pouvais tout effacer pour ne plus rien éprouver, je le ferai volontiers ! Je ne sais pas si tu me comprends ?

  • Mieux que personne ma chérie ! S'exclame Betty-Lou en me souriant tristement en pensant à son ex. Tout serait plus facile...

La sirène retentit dans l'enceinte de la caserne, Matt arrache le fax en en prenant connaissance puis fait le listening à voix haute des pompiers qui doivent intervenir.

On part sur un incendie dans un immeuble de huit étages ! Départ FPT : Clément ! Betty-Lou ! Mélody ! Alex ! Denis ! Hervé ! Marine ! Benjamin ! Laurent ! Didier ! Départ équipes CCI, EPA et VSAV. S'exclame Matt en courant vers le hangar pour sortir dans la cour, le temps que nous filons aux vestiaires.

Quelques minutes après, nous ressortons des vestiaires munis de nos équipements lourds. Furtivement, je jette un regard à travers la vitre de la porte battante du vestiaire des hommes sachant que Matt est le dernier à y être rentré. J'aperçois le lieutenant de dos en train de remuer ses petites fesses pour enfiler son pantalon. Le voir en boxer ne me laisse pas indifférente et je reste plantée là à le mater. Son dos est bien musclé, je crois même que je suis en train de baver.

A ce moment-là, alors que j'étais déjà en train de caresser les fesses de ce beau brun, je sens que l'on me tire par le bras, me sortant de ma rêverie, Betty me dit qu'il faut qu'on s'active car sinon on va rater le départ.

A peine installée, et toujours troublée par mon beau lieutenant qui monte enfin je ne peux me détacher de son corps, nos regards se croisent il me sourit et me dit un truc que je ne capte même pas tellement je me noie dans ses yeux. Puis me tourne le dos, s'installe et actionne le deux tons.

Le camion démarre en trombe prend le boulevard, Betty me donne un coup de coude assez violent me faisant sursauter et dans ma tête résonnent la sirène, la radio qui crépite, les voix des collègues.

  • Mél, il va falloir être un peu plus concentrée ! Me chuchote Betty très près de l'oreille que je sens ses lèvres effleurer mon lobe, je frissonne. Elle me montre du doigt l'immeuble en train de rôtir dont les flammes font plusieurs mètres de haut et de grosses fumées noires s'échappent des vitres brisées.

Je me tourne vers ma collègue pour lui faire face, je la vois concentrée à retirer son collier porte bonheur et l'enfouir dans une petite boîte qu'elle glisse dans sa sacoche qu'elle laisse sur le siège. Anxieuse, ses doigts caressent la chaînette avant de claquer la boîte et de fermer le zip. Hâtivement Betty-Lou fait un signe de croix tout en soupirant profondément.

Je lui prends doucement la main entre les miennes et l'effleure tendrement en la regardant dans les yeux, je vois qu'elle est prête à pleurer, je ne comprends pas trop pourquoi.

  • T'inquiètes pas ! Ça gèths (ça va), je suis là ma copine ! La rassurai-je. (Betty-Lou fronce les sourcils c'est vrai qu'elle a toujours du mal avec le langage lorrain) Cela veut dire ça va !

Betty me fais un petit sourire puis finit par descendre avec moi.

  • Clément ! Hervé, Mélody et Betty-Lou vous partez en reconnaissance des lieux ! Je veux un détail de tout le bâtiment et ce qui s'y passe ! S'il reste des victimes ! Faites attention à vous ! S'exclame Matt en vérifiant les équipements avec minutie et rapidité pour ne pas perdre de temps. Je compte sur toi Clém ! Sois prudent, si il y a un souci, appeles moi ! (Lui tape sur l'épaule).

Je baisse ma visière en ressentant une grande appréhension jusqu'à oppressement. Matt s'approche de moi et m'attire contre lui pour une petite étreinte puis en fait tout autant avec mon amie puis termine par une poignée de main à Hervé.

Je presse le pas en restant collée à Betty-Lou, nous suivons de près les deux hommes avant de nous engager dans le bâtiment. Je me retourne une dernière fois et constate que l'EPA se met en place pour arroser depuis le toit. Une autre équipe s'active pour sortir les gros dévidoirs pour les raccorder aux poteaux à incendies, puis branche les lances.

La petite main de Betty me presse le bras pour faire disparaitre ma dispersion.

Le bâtiment est déjà fortement embrasé, cela crépite à l'intérieur. Nous nous essoufflons à faire le tour des lieux, monter les différentes marches avec notre lourde bouteille d'oxygène. Je ressens de l'angoisse, j'ai peur de périr dans les flammes tellement l'incendie est d'une grosse ampleur. Je pense à mon beau brun, au câlin qu'il m'a fait et si c'était le dernier ? Mélody arrêtes de flipper, tu es beaucoup plus forte que ça ! Mon souffle se fait entendre à l'intérieur de mon masque, mes collègues se retournent vers moi.

  • Aller Mélody, tout va bien ! S'exclame Hervé en enclenchant sa radio. Matt, premier et deuxième vide ! On attaque le troisième !

  • Très bien ! Je reste à l'écoute Hervé ! Soyez sur vos gardes, l'immeuble présente de plus en plus de faiblesses, on craint un effondrement ! Mais il faut vérifier de partout si il n'y a personne s'exclame Matt, sa voix grave me rassure quelque part même si je suis morte de trouille.

  • Aïe, on va faire vite alors ! S'exclame Hervé. De plus que Mélody angoisse à mort ! Je crains qu'elle perde ses moyens et il commence vraiment à faire chaud là dessous ça devient intenable ! Cela commence à puer le cramé et le plastique !

  • Ne traînez pas alors ! Répond Matt inquiet. Faut-il du renfort ?

  • Pour le moment ça va, on gère, merci beaucoup ! S'exclame mon collègue en progressant au milieu des flammes.

  • Mélody, si ça ne va pas, tu fais demi-tour avec Betty-Lou et je te remplace ! S'exclame Matt.

  • (Je déglutis, Matt veut prendre ma place ? Il est hors de question qu'il risque sa vie !) Euh ça va Matt ! On progresse en direction du cinquième ! Plus que trois et on sort de là ! M'exclamai-je la voix tremblante.

Au bout d'un moment, le tour de l'immeuble est fait, le grondement et le bruit sourd des flammes ne sont pas du tout rassurants.

  • Cela commence à ronfler là dedans ! S'exclame Clément à son lieutenant en ligne. Le toit est bien grignoté et ne va pas tarder à s'écrouler ! Je crains une explosion ou un éboulement !

  • VOUS SORTEZ IMMEDIATEMENT ! JE NE REPETERAI PAS COMPRIS ?! S'écrie Matt en panique à l'autre bout de la ligne. FAITES VITE LES GARS !

Prise de panique je me mets à pleurer sous mon masque tout en prenant la fuite.

Betty se met à courir derrière moi, j'entends le bruit de ses bottes contre le plancher et ses cris envers moi.

  • MELODY NON !!!!!! RESTE AVEC NOUS ! ON NE DOIT PAS SE SEPARER ! Hurle Betty-Lou en s'époumonnant. MEL ARRÊTE TOI !!!!

  • RESTEZ GROUPES ! RESTEZ GROUPES ! Tonne mon lieutenant.

Il a beau crier dans le talkie, c'est comme si je ne l'entendais pas ! Trop canalisée dans ma course effreinée avec Betty-Lou aux talons. Mon talkie se décroche de ma ceinture, j'ai du mal le fixer et s'écrase violemment au sol. Quelque chose s'écroule derrière nous, j'entends crier les hommes, je perçois leurs paroles et comprend que nous sommes séparés par des poutres qui font barage.

Betty-Lou finit par me tirer l'épaule m'obligeant à m'arrêter.

  • Mélody ! Stop ! S'exclame mon amie. Ohhhhhh non ! Les poutres se sont écroulées nous ne pouvons pas rejoindre les mecs ! Tu n'aurais jamais dû faire ça beauté !

Ma pote se met à pleurer elle aussi.

  • Betty-Lou on va sortir par nous même on les retrouvera dehors ! Suis moi ! M'exclamai-je en lui prenant la main.

Betty secoue son talkie et me regarde avec de grands yeux, je comprends qu'il n'a pas été chargé avant l'intervention... Matt et Patrick vont nous dégommer à coup sûr lorsque l'on sera sortie d'ici, si on sort un jour !

  • Pas grave ! On va retrouver notre chemin ! m'écriai-je.

  • Je ne sais pas Mél... Articule t-elle. Cela fait trois fois que l'on passe devant cette armoire ! On est perdue et on va finir brûlées par les flammes !

Nous nous mettons à paniquer toutes les deux, il va vite falloir trouver une solution si l'on ne veut pas finir carbonisées et rôties par les flammes. De plus que notre bouteille n'est pas éternelle !

Il fait vraiment sombre dans ce qui reste de la pièce qui m'a l'air d'être une cuisine et je commence à suffoquer prise d'angoisse et le temps est compté. Je m'assois dans les débris désespérée de ne pas voir le bout du '' tunnel '' alors que Betty-Lou remue la pièce et crie de toutes ses forces avant de me rejoindre complètement dépitée.

Betty me secoue vivement l'épaule, un halo lumineux pointe contre le mur d'en face. Nous nous blotissons l'une contre l'autre dans un geste protecteur. Lorsque deux silhouettes apparaissent nous relâchons notre défensive. A la voix, je reconnais Clément qui est revenu nous chercher puis celle de Matt.

Clément se saisit du poignet de mon amie pour la tirer vers le haut pour la relever. Betty s'accroche fermement à son bras.

  • On va pouvoir y aller ! Déclare Clément.

  • Aller Mél ! Lève-toi crie Matt. Aller ma belle on ne peut pas rester là !

Je suis incapable de bouger, terrorisée par la scène qui se déroule sous nos yeux. Mes membres se raidissent m'empêchant de me relever. Une poutre s'effondre juste à côté de nous, Matt a tout juste le temps de se jeter en avant et de retomber à genoux.

Je l'entends gémir sur le coup et souffler un peu plus fort dans son masque. Je pense qu'il a eut une bonne frayeur ! Le lieutenant me secoue vivement.

  • Mél ! Bouge putain ! Aller resaisis toi ! Merde ! S'exclame t-il inquiet. Mél on va finir par y rester ! Aller ! Lève-toi !

Je fonds en larmes en refusant les gestes qu'il fait pour s'approcher et surtout me rassurer.

  • Mélody canalise-toi sur ma voix ma beauté ! S'exclame Betty-Lou. Fais nous confiance, prends lui le bras ! Les garçons vont nous aider à sortir ! Tu peux y aller les yeux fermés.

  • Mélody, prends-moi par le cou, je vais te soulever murmure Matt avec une voix apaisante.

En sanglotant, je finis par obtempérer, mes bras s'enroulent autour du cou de mon lieutenant et d'un coup il me soulève en pliant bien ses genoux. En quelques secondes je me retrouve dans ses bras, blottie contre son torse. Je ne sens pas grand chose avec nos tenues anti-feu mais cela me rassure de savoir qu'il me tient fermement contre lui.

  • Clém à gauche rappelle-toi c'est de là qu'on vient ! Déclare Matt un lui désignant une porte.

  • Ah oui, c'est vrai ! Oulala beaucoup de fumées Matt, on voit que dalle ! Grogne le petit blond, mon ex.

  • Ok, on va devoir y aller quand même ! Avance doucement je te suis ! Renchérit Matt. Tout va bien se passer, nous serons bientôt dehors ! Aller Clém avance !

Clément est tout autant pétrifié que nous, il avance hésitant et nous le suivons de près, Betty lui tient toujours la main sans rechigner. Le crépitement des flammes est partout autour de nous. La luminosité des flammes fait mal aux yeux, je sens les bras de Matt trembler en maintenant mon corps.

  • Clément, Matt où en êtes-vous ? Avez vous retrouvé vos collègues ? Demande Patrick inquiet dans le talkie que mon lieutenant a du mal à atteindre.

  • Affirmatif mon capitaine ! Nous descendons les escaliers qui mènent au premier ! S'exclame Matt en ayant de plus en plus de mal à me tenir.

  • Ne tardez pas, ce n'est pas beau à voir, la structure n'est plus tellement solide ! Tonne Patrick.

Cinq minutes après, la lumière du jour nous perce les rétines nous obligeant à fermer quelques instants les yeux le temps de s'accomoder correctement. Je remets pieds à terre pour pouvoir marcher avec mon groupe de collègues en direction du capitaine. Je lance un regard à Betty-Lou qui comme moi ne semble pas fière de notre crise d'angoisse.

Clément pose son casque sur le rebord du camion pour porter une grosse bouteille d'eau à ses lèvres puis se rafraichit le visage. Matt retire lui aussi une partie de son équipement, son visage est couvert de suie et plein de sueur. Il boit au goulot derrière Clément.

  • C'était plus que chaud ! Finit-il par dire en soufflant un coup en s'asseyant sur le rebord de l'intérieur du VSAV.

Patrick regarde d'un air amer, le bâtiment s'émietter sous nos yeux.

  • Enfin nous essuyons un échec rétorque t-il. Il ne reste plus rien du bâtiment ! Une ruine calcinée ! Mission échouée ! Putain ! C'est pas bon ça ! Pas bon du tout ! Et mesdames, pourquoi n'avez-vous pas répondu à votre lieutenant lorsqu'il a tenté de communiquer avec vous ?! Et encore moins répondu à votre capitaine ? J'attends des explications ! Vous vous rendez compte que le SDIS 54 a faillit perdre quatre vies précieuses ?!

Betty-Lou s'empourpre tout en baissant les yeux, je regarde moi aussi mes pieds toute fébrile de faire face à Patrick. Betty-Lou sait qu'elle a fauté tout comme moi. Nos yeux s'embrument aussitôt craignant une puissante sanction disciplinaire.

  • Pardon Patrick finissai-je par murmurer en craquant bruyamment sous le regard bienveillant du lieutenant qui se tait pour ne pas en rajouter une couche.

  • Ce n'est pas suffisant jeune fille ! Grogne Patrick ce qui fait sursauter mon amie. Vous savez ce que vous encourez toutes les deux ?!

  • (Se râcle la gorge bruyamment avant de s'interposer) Patrick, je vais gérer t'inquiètes pas ! S'exclame Matt pour nous sauver la mise. J'aurai une discussion avec les filles en rentrant à la caserne et je veillerai à ce que cela ne se reproduise plus et qu'elles aient bien compris la leçon ! Je trouverai des solutions afin qu'elles puissent se maîtriser plus aisément !

  • J'espère que tu es bien sûre de ton coup lieutenant ?! Déclare Patrick avec un ton très autoritaire. Parce que si cela se reproduit, Tu seras toi aussi sur la sellette !

  • Affirmatif mon capitaine, je ferai en sorte de ne pas te décevoir ! S'exclame Matt d'une voix la plus claire possible à travers laquelle on peut déceler de la crainte.

Lorsque Patrick se trouve un peu plus loin, je contourne mon lieutenant pour le regarder dans les yeux.

  • Merci beaucoup Chou pour ce que tu viens de faire ! M'exclamai-je en le prenant dans mes bras. Merci d'avoir retenu Patrick et de nous avoir sauvé !

  • Ok on en parle à la caserne ! Rétorque t-il en montant dans le camion.

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