Présence
Quand mes yeux s'ouvrirent, j'eus beaucoup de mal à déterminer combien de temps j'avais dormi. Mes idées étaient confuses et mon cœur battait la chamade. J'avais dû faire un cauchemar, mais impossible de me souvenir lequel. Le bourdonnement du climatiseur résonnait toujours dans la pièce. Je fermai les yeux et respirai profondément pour retrouver mon calme et mes esprits. Et c'est là que je l'entendis. Un souffle qui n'était pas le mien. Lent. Suave. Comme le souffle d'une épouse couvant d'un tendre regard l'amour de sa vie s'éveillant doucement. Sauf que je n'étais l'amour de la vie de personne, et que je vivais désespérément seul.
Je me pétrifiai dans mon lit, les yeux maintenant grands ouverts. Plus je tentais de me persuader que je divaguais, plus l'autre respiration était nette. Je sentais une présence si forte que mon cœur se serra à se rompre. Elle était là, au pied de mon lit, adossée contre le mur. Puis plus rien. Seulement le ronronnement de mon climatiseur. Il me fallut cinq bonnes minutes pour prendre mon courage à deux mains et me lever. Je me précipitai sur mes rideaux et les ouvris d'un geste brusque.
La lumière du soleil d'après-midi me frappa en plein visage et se déversa dans chaque recoin de ma chambre. Je frottai mes yeux pour recouvrer la vue plus vite et cherchai fébrilement l'origine de l'oppressante présence qui m'avait noué les tripes aussi fort que le remake d'Evil Dead. Rien. Il n'y avait que moi et mon climatiseur. Je l'éteignis, restai figé quelques secondes et pris la direction de la cuisine après avoir secoué énergiquement ma tête. Pauvre vieux, je nageais en plein rêve ! J'aurais pu imaginer n'importe quoi : un esprit vengeur, un croque-mitaine, une sarramauca ; mais non, moi, je pensais à une femme ! Et vu les chocottes qu'elle m'avait filé peut-être valait-il mieux que ça ne soit qu'un de mes délires !
J'avalais mon petit-déjeuner plus que tardif, remplissais mes obligations professionnelles à la va-vite et me risquais à essayer le remake de La Quatrième Dimension. Intéressant, mais malheureusement pas au niveau de son prédécesseur.
La lassitude eut raison de moi au beau milieu de la nuit et je sombrai dans un sommeil sans rêves.
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