Dans ta tête se bousculent des milliers de contradictions. Mais une chose est sûre: tu ne resteras pas ici une minute de plus. Tu réfléchis au meilleur moyen de partir sans être vue. Tu te souviens que l’un des portails est plutôt caché et tu peux passer par dessus. Pourvu qu’il n’y ait personne sur la cour! Par chance la cour est déserte. Tu fonces sans te retourner.

Une fois le portail passé, tu prends un bus pour rentrer chez toi. Tu envoies un message à ta mère pour lui dire que tu rentres parce que tu ne te sens pas bien. Ce qui ne l’interpelle pas. Elle se soucie peu de savoir comment fonctionne le collège, tu as donc le champ libre. Tu mets tes écouteurs et te plonge dans ta musique.

Tu rentres dans ta maison. Tout est calme. Tu montes dans ta chambre et mets la musique très fort. C’est une manière d’anesthésier ton esprit malmené. Et cela te calme. A travers la musique, tu entends le téléphone fixe sonner. C’est le numéro du collège qui s’affiche. Tu laisse sonner. Le message qu’ils laissent dit que tu es introuvable et qu'ils s’inquiètent. Et que tu as de plus en plus de retards qui deviennent anormaux. Tu t’empresses de le supprimer. Tes parents ne doivent être au courant de rien! Tu remets la musique pour ne plus penser à cette catastrophe évitée de justesse. Puis tu t’endors épuisée par tant d’émotions négatives.

Ta mère arrive. Toi, tu dors toujours. Elle éteint la musique et te réveille en douceur. Elle te demande si tu vas mieux, ce à quoi tu réponds que oui. Elle t’embrasse tendrement sur le front. Tu jettes un oeil à l’heure: 18:00. Tu décides d’aller prendre l’air. Tu prends tes écouteurs et ton MP3. Vaudrait mieux que les autres, ceux de ton quartier, ne sachent pas que tu as un téléphone. Tu branches tes écouteurs et la musique t’envahit. Elle est la seule à pouvoir te rassurer. Ce que tu pensais être une promenade tranquille, s’avère être risquée. Ils sont là. Devant chez toi. Tu es bien curieuse de savoir ce qui les amène ici. Tu te faufiles dans un coin et écoute ce qu’ils disent. Manifestement, eux aussi se sont rendu compte de ton absence. Que faire? Rentrer? Ou tenter le tout pour le tout et t’enfuir par n’importe quel chemin caché? Pour toi la meilleure solution est de rentrer. Puis tu te rappelles du petit passage secret que tu utilisais petite. Par chance il existe encore et tu passes encore. Tu arrives donc à partir sans te faire repérer. Cette fois-ci c’est toi qui a gagné! Tu vas près de la rivière qui passe près de chez toi. C’est ton endroit. Tu y restes une heure ou peut être deux. Tu ne vois pas le temps défiler.