Une fois le médecin partit, tout le monde s'installe dans le salon, y compris les collègues de ton père. Tu comprends alors que l'heure des explications est arrivée. Tu as peur. De la réaction de ton père mais surtout que les autres soient au courant que tu les as dénoncés. Tu hésites à tout dire. Tu estimes que tout raconter est trop risqué. Alors tu racontes que tu t’es fait insulter par certains élèves. Mais tu ne précises pas que ça dure depuis des mois. Tu leur assure que ce n’est pas allé plus loin. Tes parents ne te croient pas en ce qui concerne la durée du fléau. Tu te dis que de toute façon si tu ne dis rien, ils ne peuvent rien faire.

Après des heures de discussions, tes parents décident que tu n’iras pas en cours pendant quelque temps. Tu les suivras par correspondance. Ils ne t’informent en rien sur leurs intentions par rapport aux autres. Tu as peur mais tu n’oses pas leur dire. Tu pars t'enfermer dans ta chambre et tu mets la musique assez fort. Tu finis par t’endormir épuisée et assommée par tant d’émotions.

Tu te réveilles totalement désorienté. Petit à petit, tu te remémores les événements d’hier. Que dois-tu penser? Dois-tu être soulagée de ne plus aller en cours ou dois-tu avoir peur que tes parents préviennent le collège? Tu es totalement perdue. Tu te mets en boule et te mets à pleurer. A travers tes larmes tu regardes l’heure: 9:00. A ce moment ton téléphone vibre. C’est la déléguée de ta classe. Tu hésites à écouter son message. La curiosité prend le pas sur la peur. Son message te touche beaucoup:

“Bonjour, j’espère que tu ne vas pas trop mal, ok c’est un peu maladroit mais je voudrais te parler. Je sais, du moins j’ai appris que tu te faisais harceler et j'aimerais pouvoir t’aider. Mais pour cela tu dois m’expliquer ce qu’ils t’ont fait, et qui. Tu dois surement n’avoir aucune envie de me faire confiance, ce que je comprend tout à fait. Mais tu dois me croire je veux juste t’aider! Rappelle-moi quand tu seras prête à m’accorder ta confiance.”

Encore une fois, tu es perdue. Que faire? Lui accorder ta confiance ou te méfier? Ton cœur te dit de foncer, ta tête te dit de te méfier. Il y a beaucoup de risques. Si elle n’est pas fiable, ce sera pire. Après tout, comment ça pourrait être pire? Tu soupires. Trop de questions! Tu veux juste pouvoir respirer et profiter du temps que tu as désormais. Pour l’instant, tu ne réponds pas. Pas question de prendre une décision sur un coup de tête. Par contre une idée te vient. Sur ton bureau trônent un paquet de feuilles vierges et un stylo. Tu te remémores le conseil que tu entends souvent: l’écriture peut aider à faire sortir les émotions négatives. Alors autant tester! Peut être que ça te sera utile! Tu saisis les feuilles et le stylo, te pose sur ton lit et écrit tout ce qui te passe par la tête.