Contemplation

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Je suis moche. Je me trouve lourde, indélicate, pataude. Je ne peux oublier son regard la dernière fois que ses yeux ont croisé les miens. Evidemment qu'il n'avait rien à faire avec moi! Evidemment qu'il s'est lassé et qu'il a mis un terme à notre relation. Comment aurait-il pu faire autrement?

Ce corps, que je porte depuis plusieurs dizaines d'année ne m'a jamais convenue : soit douloureux pour se rappeler à moi, soit trop contraignant pour se faire oublier. La première fois qu'il a posé sa main sur la mienne, un frisson électrique m'a parcourue toute entière. Une sensation douce, tendre et forte à la fois qui m'a envahie, traçant immédiatement le destin de l'histoire qui allait s'écrire.

Alors que nous allions dîner ce soir-là, nous avons ressenti une véritable secousse sismique. Impossible de poursuivre notre chemin. Nos corps devaient se rencontrer sans plus attendre, comme une faille à combler d'urgence. Nos pas ont alors bifurqué, pour rejoindre sa voiture au plus vite et regagner ma chambre. Quelques heures avant, je ne l'avais jamais vu. Je savais désormais que je ne l'oublierai plus. Nous n'irions jamais dans ce restaurant.

Cette nuit là, nos corps se sont explorés dans les moindres recoins, tantôt chauds sous nos carresses, tantôt refroidis sous la douche avant de replonger dans les draps. J'ai cru que sa bouche ne pourrait jamais quitter la mienne, que ses mains avaient été dessinées pour mes courbes. Que nos corps jouaient la plus belle partition que la musique n'ait jamais incarnée.

Au petit matin, épuisés, il a alors murmuré : "je n'ai jamais fait l'amour comme ça". Sa respiration était saccadée, un dernier effort avant de se laisser aller au sommeil. Une heure plus tard, le réveil sonnait. Nous devions avoir l'air de deux fous, fatigués, nos corps ressentant nos excès passionnés jusqu'en des muscles insoupçonnés. En buvant la première tasse de café de la journée, je me préparai à souffrir. Plus aucune cellule de mon être ne voulait se séparer de lui. Pourtant, cela arriverait. Je le savais pertinnement et ne pouvais lutter. Aussi puéril que cela puisse paraître, au bout d'une nuit dans ses bras, j'étais amoureuse.

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