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Skylar s'observa dans la glace : un vrai monstre ! Elle avait tant frotté ses yeux qu'ils étaient devenus rouges sang,et sa tignasse en bataille ne lui laissait plus qu'un demi-visage. Elle s'aspergea frénétiquement d'eau fraîche. Encore ce maudit rêve...

Soudain,  l'idée lui vint : elle devait connaître la vérité ! Et c'est ainsi, qu'espérant trouver un quelconque indice sur l'identité de ses parents biologiques, elle se mit à retourner la maison, le moindre tiroir, le moindre recoin. Ouvrant le buffet, elle sourit –pas d'un sourire béat et candide, non... d'un sourire nerveux empli d'appréhension. Ses yeux bouffis s'écarquillèrent de stupeur : au lieu d'y trouver l'album-photos escompté, rien. Rien que du vide et de la poussière. À coup sûr, ce salaud l'aura brûlé ! Elle serra les poings, enragée et morte de fatigue, laissant échapper un torrent de larmes. 


Il la retrouva le lendemain suivant, affalée sur le canapé de la grand-salle. Elle semblait si crevée... comme si elle avait passé la nuit à pleurer. Et c'était effectivement le cas, bien qu'il s'en moquât éperdument. 

Il faisait les cent pas, répétant inlassablement le même refrain :

  • Michel Léopold Fassier... reconnu coupable (à demie-réveillée, elle ne saisissait que des bribes)... selon les lois... Chef...

Et sans prévenir, il gueula :

Merde ! Merde ! MERDE !!!

Il arracha des mains de Skylar l'unique tirage qu'elle avait, après deux heures de recherches intensives, réussi à débusquer. Sans explication, il le déchira et le jeta dans l'âtre.

  • Arrête ! Non ! pleurnicha-t-elle.
  • Trop tard ! Oups...

Elle se retint de l'étrangler. Comment a-t-il pu changer à ce point ? Lui qui était si gentil, si adorable, comment a-t-il pu se métamorphoser ainsi en un être si sadique et imbu de lui-même ?

Elle se remémora le bon vieux temps où Ellis et elle étaient véritablement frère et soeur, quand ils jouaient à cache-cache et à chat-perché, qu'ils chippaient les pommes du voisin, qu'ils s'émerveillaient devant un arc-en-ciel ; avant le Chef, avant la Séparation, avant tout ça... Ah, il était bien loin, le temps de l'insouciance ! 


Elle avait pourtant tenté de renouer le dialogue.

  • Et donc... Tu travailles là-bas depuis longtemps ? avait-elle demandé, n'obtenant en guise de réponse qu'un soupir dédaigneux.

Mon Dieu, Ely, si tu savais comme tu me manques...

La réalité la rappelavite à l'ordre :

  • Ne t'avise surtout pas de me déranger ! jappa-t-il en claquant la porte.
    Voilà comme il la voyait : une source de dérangement. Skylar fronça les sourcils. Elle ne se laisserait pas abattre si facilement. Et elle comptait bien le faire savoir.

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