Signé John Smith

2 minutes de lecture

"C'est la chose la plus cliché qui soit.

Un chevalier en armure clinquante -classe mais bien trop lourde pour marcher-, envoyant un billet à sa belle.

La-dite belle, prisonnière dans une tour immense, sans porte ni escalier avec une seule fenêtre, -recevant le billet de façon mystique- demande du renfort. Le héros qui part la secourir, se bat contre un monstre pseudo dangereux. Bien que tout le monde sache que ce 'grand sauveur' ne mourra pas, parce que sinon, je cite "ya plus d'histoire". Le héros tue, après un long combat entrecoupé de scènes d'action au ralenti, la bête à l'origine du trouble. Il délivre la princesse en détresse -car, oui, c'est nécessairement une princesse-. Il rentrent au château sur un beau cheval blanc -trouvé sur une colline non loin de là-, à son grand dam - un gars en armure et une princesse avec des volants lourds comme deux charrues remplies de fumier, ça pèse son poids-. Ils rentrent au château de la belle qui retrouve sa famille (même s'il ne reste que son père, vu que, comme toujours, la mère est morte pour une quelconque raison).

Tout le monde est heureux. Youhou.

Le père donne la main de sa fille à celui qui l'a arraché au monstre -un mariage forcé, ça fait toujours plaisir-.

Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants -c'est le début de la fin-.

Fin."

C'était suivi d'un 'amicalement' cordial et signé anonymement de deux initiales: 'J.S'.

Mirya avait découvert ce mot par hasard, quelques minutes auparavant.

Alors qu'elle avait perdu le livre que lui avait offert sa grand-mère pour ses dix ans, elle avait couru le récupérer à la bibliothèque près de chez elle; sûre de l'y trouver. Lorsque elle l'avait repéré, elle s'était empressée de regarder s'il n'était pas abîmé, et le mot était tombé.

Même après douze ans, elle aimait toujours autant ce livre.

En fait, c'était surtout pour les illustrations. Elles étaient magnifiques. Autrement, il était vrai que l'histoire était terriblement cliché.

Après avoir lu la note, elle s'était mise à regarder autour d'elle, espérant apercevoir l'auteur de la critique pour le moins originale, mais ne vit personne.

En rentrant chez elle, ce jour là, elle ne put s'empêcher de rire en repensant au mot. Elle décida de le conserver là où elle l'avait trouvé, comme 'souvenir'. Se disant que quelques années plus tard, elle retomberait sûrement dessus par hasard, et rirait encore aux petits commentaires sarcastiques de 'John Smith'.

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