Le repas du dimanche
Pour notre famille, pas question de rater notre rendez-vous hebdomadaire, le dimanche. Située à une heure de route de notre appartement, le confort de notre maison de campagne était simple, mais autour, il y avait beaucoup d'espace. Les cousins, libres de jouer en pleine nature des heures entières, inventaient des jeux, couraient à droite, à gauche. Les habitations voisines étaient éloignées, on pouvait crier sans déranger. Nos parents, notre tante et notre oncle, déjeunaient avec nous sous les arbres, le repas s'éternisait. Les enfants ne rêvaient que d'une chose, quitter la table et vaquer à leurs occupations. Dans leurs têtes s'échafaudaient des projets plus palpitants les uns que les autres.
Toute la semaine, dans nos appartements étriqués, nous attendions le moment de la libération. On nous permettait de courir, sauter, danser ! Les parents nous oubliaient. C'était notre moment à nous, nous parcourions notre territoire à la recherche de trésors. Nous faisions des courses-poursuites à en perdre haleine. Les grandes cousines discutaient entre elles de maquillage, de vêtements, tandis que nous, les deux plus petits, aimions garder notre précieuse complicité, tous deux complotant, plus ou moins discrètement.
Notre quartier général se trouvait tout en haut d'un chêne. Les adultes louaient notre agilité. Personne ne pouvait nous rejoindre, c'était notre endroit secret. Nous crapahutions ainsi à travers la garrigue, trouvant toujours de quoi s'occuper. Grâce à notre imaginaire, nous voguions sur les mers, ou voyagions dans l'espace. Un tronc d'arbre nous servait de radeau, une branche de liane.
Cette insouciance, ces moments joyeux et simples resteront pour moi les meilleurs moments de mon enfance.
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