La Journée Sans Hypocrisie

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- Comment ça va aujourd'hui?
- Qu'est-ce que ça peux bien vous foutre.
- C'est vrai, j'en ai plutôt rien à foutre.
- Si vous voulez tout savoir j'ai un cancer.
- Aïe ça sens pas bon. Vous allez mourir?
- J'ai vu mon chirurgien ce matin. Il a prévu de m'opérer parce qu'il faut rentrer du pognon, mais m'a clairement indiqué que je n'avais aucune chance de m'en sortir.
- C'est banalement triste ça. Mais vous avez quel âge déjà?
- Cinquante-neuf ans pourquoi?
- Non pour rien, je veux dire, c'est toujours moins triste que la mort d'un adolescent, je cherche pas à hiérarchiser la mortalité hein, mais avouez que le plus intéressant de votre vie est derrière vous, je veux dire, vous allez toucher la retraite dans quoi, une, deux années? Et attendre sagement la faucheuse en regardant Derrick sur un divan rempli de poils de chats?
- Je pensais pouvoir profiter de mes petits enfants.
- Attendez, les enfants de Martine, c'est ça?
- Exact.
- Mon dieu... Martine... Est elle toujours aussi séduisante?
- Bien sûr, rien à voir avec sa mère.
- C'est vrai que votre femme est laide.
- À l'époque c'était un bon parti...
- Vous savez, j'ai beaucoup fantasmé sur votre fille pendant mes années lycée. Elle avait de ses seins... Mon dieu. Je déteste le sport
- Ça se voit.
- Mais au lycée, j'attendais ça avec impatience, rien que pour contempler les ondulations de sa poitrine généreuse pendant le footing. C'était quelque chose.
- Ça se voit que vous êtes un branleur.
- Vous trouvez?
- Oui. Vous avez le regard gluant. Vous êtes puceau?
- Non, j'ai des rapports tarifés.
- Mon dieu. J'en serais incapable.
- Pourquoi donc?
- Je suis radin.
- J'avais cru remarquer. Je veux dire, ça fait bien quinze ans que je viens ici, une fois, une seule fois vous m'avez fait cadeau d'un chausson aux pommes rassis de la veille.
- Ça n'a rien à voir avec le fait que je sois radin.
- AH bon?
- Je ne vous aime pas.
- Tiens... Je n'avais jamais remarqué.
- Je suis bien obligé de sourire pour vendre mon pain.
- Pourquoi vous ne m'aimez pas?
- Parce que vous avez jeté le cadavre du chien de votre voisine dans mes poubelles.
- Comment vous savez que c'est moi?
- C'est bien d'attendre que tout le monde dorme pour s'adonner à ce genre de saloperies, néanmoins vous n'auriez pas dû oublier le fait que vous êtes supérieurement con que la moyenne, et qu'un boulanger ça se lève tôt, très tôt.
- Il aboyait toutes les nuits. Elle voulait rien entendre. C'était elle où le chien. J'ai fait preuve d'humanité.
- Oh vous tracassez pas, Mme Bertrand je l'aime encore moins que vous.
- Bon mettez-moi un pain au raisin avec ça, je vais lui en faire cadeau, vous me faites culpabiliser avec vos conneries.
- Ce sera tout?
- Oui! Je ne donnerai pas un centime de plus à un personne aussi infâme que vous.
- Je vous emmerde.
- C'est réciproque. Exécrable journée Monsieur.
- De même, à demain connard.
- À demain enculé.

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